I.2.3 La nouvelle politique depuis 1989
Les années 1980 connaissent des bouleversements tant
doctrinaux qu'empiriques. En effet, le paradigme keynésien est
récusé par le courant de la nouvelle économie classique
qui prône la toute puissance du marché autorégulateur. Dans
la sphère des décisions économiques, la politique
libérale est adoptée. Pour la zone UEMOA, les difficultés
engendrées par les déséquilibres tant internes qu'externes
justifiaient les politiques d'ajustement structurels. C'est dans ce nouveau
contexte d'innovations financières que la politique monétaire de
la BCEAO va connaitre encore une reforme en octobre 1989. Cette reforme
consacre la mise en place du nouveau dispositif de gestion de la monnaie et du
crédit s'articulant autour de trois exigences (UMOA, 1989) :
- La réduction du rôle de la monnaie centrale au
profit d'une mobilisation accrue de l'épargne intérieure ;
- L'abandon graduel des mécanismes administratifs au
profit de moyens d'action plus souples et plus incitatifs ;
- Le renforcement de la surveillance bancaire avec notamment
l'institution d'une structure supranationale de contrôle, la
Commission Bancaire de l'UEMOA.
Ainsi, la nouvelle politique monétaire s'appuie
désormais sur des règles et des instruments permettant :
- d'assurer un meilleur contrôle de la liquidité
globale de l'économie ;
- de promouvoir la mobilisation de l'épargne ;
- de veiller à la qualité des crédits
distribués en favorisant le financement des secteurs porteurs de
croissance.
Depuis cette reforme, l'Institut d'émission laisse aux
banques l'entière responsabilité des crédits qu'elles
octroient, mais en contrepartie seules les créances bancaires
remplissant les critères du système bancaire (permettant de
déterminer la qualité du risque) sont mobilisables
Règles de politique monétaire : essai de
modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche
11
auprès de la banque centrale. Ainsi, la politique de la
monnaie et du crédit, mise en oeuvre depuis octobre 1989, s'est traduite
par une responsabilisation accrue des banques dans leurs politiques de
distribution du crédit, de mobilisation de l'épargne et de
gestion de leurs actifs, en consolidant le rôle d'appoint de la monnaie
centrale.
Le marché monétaire de l'Union a
été rénové conformément aux orientations de
la nouvelle politique de la monnaie et du crédit. En effet, dès
octobre 1993, la technique de l'appel d'offres à taux
d'intérêt unique selon la procédure d'adjudication mixte a
été introduite. Cette nouvelle approche dans le mécanisme
d'allocation des ressources permettait l'intervention simultanée des
offreurs et des demandeurs. En outre, les guichets à un jour, un mois et
trois mois ont été fusionnés en un guichet à une
semaine.
Dans le souci de renforcer le rôle des mécanismes
de marché dans la conduite de la politique monétaire, notamment
par la mise en place d'une politique d'open-market, les
autorités monétaires ont à apporter les nouveaux
aménagements ci-après au fonctionnement du marché
monétaire à compter du 1er juillet 1996 :
- abandon des adjudications mixtes au profit d'adjudications
adressées soit aux offreurs, soit aux demandeurs de ressources, en
fonction de la situation globale de la liquidité bancaire dans l'Union
;
- adoption de la technique d'adjudication à taux
d'intérêt variables, permettant l'allocation des ressources aux
taux différenciés proposés par les intervenants
eux-mêmes ;
- adoption de la technique des pensions comme principale
procédure des avances sur le marché monétaire, en
remplacement de la procédure des avances garanties.
La mise en oeuvre de cette politique monétaire utilise
des instruments en vue d'atteindre les objectifs fixés ex
ante.
|