IV.3 Résultats de l'estimation par la MMG
Les estimations sont faites dans le logiciel Eviews 5.0
avec l'option " HAC43 " (Heteroskedascity and Autocorrelation
Consistent), robuste à l'hétéroscédasticité
et à l'autocorrélation. En effet, cela permet de corriger les
problèmes soulevés dans l'estimation des règles
forward avec les MCO (cf. annexe n01). Les retards allant
jusqu'à l'ordre 4 ont été retenus pour tous les
instruments.
Les résultats des différentes estimations sont
résumés dans le tableau ci-dessous. Dans la suite, nous
utiliserons la notation FL1 pour le modèle forward-looking
intégrant les retards du taux de pension (TPE), de l'inflation et du
gaphp ; FL2 pour le modèle retenant les retards du TPE, de l'infgap4, de
gaphp et du M2 ; et enfin la notation FL3 pour celui prenant en compte les
retards du TPE, de l'infgap4 et du M2. On remarque que toutes les trois
régressions présentent d'emblée un 2
ajusté assez élevé (respectivement 0,79 ; 0,81 et 0,83),
témoignant ainsi d'une bonne adéquation de la
régression.
43 L'option HAC avec la matrice de variance-
covariance de White est utilisée pour les données en cross
section et l'option HAC avec la matrice de variance - covariance de Newey -West
est utilisée pour les données temporelles.
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Règles de politique monétaire : essai de
modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche
La statistique de Durbin-Waston (DW) atteste d'une absence
d'autocorrélation sérielle des erreurs pour les modèles
FL2 et FL3. Celle du modèle FL1 n'est pas favorable à
l'hypothèse nulle d'absence d'autocorrélation. Toutefois,
l'utilisation de la matrice de variance-covariance de l'estimateur HAC à
travers la méthode généralisée des moments permet
d'obtenir le meilleur estimateur en présence de modèles avec
erreurs d'anticipation. La présomption de l'autocorrélation ne
remet donc pas fondamentalement en cause la robustesse des estimateurs. Greene
(2005, page 257) précise à cet effet que même l'utilisation
de la matrice de variance -covariance de correction de l'autocorrélation
de Newey-West n'élimine souvent pas totalement la corrélation
sérielle de type AR.
Tableau n04 : Résultats des
estimations de la règle forward-looking
|
Règles
|
FL1
|
FL2
|
FL3
|
Variables
|
Paramètres
|
infgap4
gaphp
|
0,87*
(16,75) 1,17* (7,01) 0,23
(0,88)
2,6***
(1,97)
|
0,95*
(40,44) -0,82** (-2,27)
-1,71*
(-5,19)
4,06**
(2,57)
|
0,94*
(38,49)
0,86**
(2,47)
-0,172
(-0,42)
3,3***
(1,91)
|
Instruments
|
retards de TPE, infgap4 et de gaphp
|
retards de TPE, infgap4 de gaphp et M2
|
retards de TPE, gaphp et de M2
|
P -value de la statistique J
|
0,57
|
0,84
|
0,62
|
q ou nombre d'instruments
|
12
|
16
|
12
|
|
0,79
|
0,81
|
0,83
|
DW
|
1,05
|
1,38
|
1,41
|
Source : Estimation de l'auteur sur Eviews/ *, ** et ***
significativité respective à 1%, 5% et 10% / (.)= student
Cependant, la seule valeur du ajusté ne s'aurait
être un élément discriminant des
différents modèles, nos critères de
sélections pour le choix de la « bonne » régression,
comme ceux retenus par Mesonnier et Renne (2004) sont :
Règles de politique monétaire : essai de
modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche
57
? La vraisemblance économique et la
significativité des coefficients estimés. En effet, le signe
positif des coefficients du taux d'intérêt retardé ainsi
que des gaps d'inflation et d'output est théoriquement attendu. Aussi,
le taux d'intérêt réel de long terme ne doit pas être
élevé (de l'ordre de 3%, pour être compatible avec
l'objectif d'inflation de 2% de la BCEAO). Il est souhaitable que le
paramètre de lissage ne soit pas trop proche de l'unité,
inferieur à 0,9 par exemple. Même si cela ne constitue pas un
critère sélectif, le test de Wald joint peut être
exécuté pour voir la conformité aux coefficients ad
hoc de Taylor (1993) ;
? Le respect du principe de Taylor, qui
suggère que le coefficient associé à l'inflation soit
supérieur à l'unité : classiquement, si ce principe est
respecté, alors, sous réserves de certaines conditions minimales
sur le fonctionnement de l'économie, la règle de Taylor
correspondant à l'équation (3.7) stabilise l'inflation et
l'écart de production [Taylor (1993), Clarida et al. (1999),
Pollin(2004) ; Davig et Leeper (2005)] ;
? L'acceptation de toutes les restrictions sur-identifantes
liées aux instruments, soit, en d'autres termes la validation
statistique des instruments choisis pour l'estimation par la MGM. Le test de la
J-statistique est alors nécessaire.
L'application du premier critère conduit à
écarter a priori les équations FL2 et FL3. En effet, la
conformité théorique n'est pas validée car les
coefficients associés aux gaps d'inflation et de la production sont
négatifs sur les deux régressions : un choc positif sur ces deux
variables en appellerait à une baisse du taux directeur. Ceci est
certainement contre intuitif. La spécification du VAR non structurel
montrait plus haut, à travers les fonctions de réponse le sens
positif de la réaction du taux directeur suite aux innovations de
l'inflation et de l'output. Entre les règles FL2 et FL3, la
première prend l'avantage sur la seconde, ne serait ce que par la
significativité de ses coefficients. Elle laisse ainsi entrevoir que la
banque centrale utilise l'évolution de la masse monétaire comme
un indicateur dans sa politique de taux d'intérêt. En effet, la
différence fondamentale entre ces deux régressions est que la FL3
retire de ses instruments les retards de l'infgap4 alors qu'ils sont
intégrés dans la règle FL2 en plus des retards M2.
La règle FL1 devient ainsi une règle-candidate
potentielle. Elle présente un taux réel d'équilibre
acceptable de 2,6% (i.e. inferieur à 3%). Le paramètre vaut 0,87,
fondant de ce fait l'existence d'un processus AR(1) dans la fixation du taux
d'intérêt directeur. Tous les coefficients des exogènes
sont positifs, donc conformes à la théorie économique,
même si le
Règles de politique monétaire : essai de
modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche
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coefficient de l'output gap n'est pas significatif. Aussi, le
test de Wald joint (annexe n03) est favorable à la
conformité des coefficients de et à ceux de la règle
originelle de Taylor (1,5 et 0,5).
En poursuivant l'application des critères de
sélection, nous remarquons que la FL1 est robuste au principe de Taylor
car vaut 1,17 et est supérieur à 1. Le processus de stabilisation
peut alors s'effectuer car une déviation de l'inflation anticipée
de son niveau cible conduit à une réaction plus que
proportionnelle du taux directeur.
Enfin, nous testons la validité des instruments
utilisés en procédant au J-statistique test. L'hypothèse
nulle de ce test pose que les q-k combinaisons linéairement
indépendantes des conditions d'orthogonalité sont nulles (q
instruments et k paramètres). Or, la p-value
associée à la valeur empirique de la statistique J,
valant 57% est supérieure à 1% ; 5%, voire 10%. Ainsi, les
données de notre échantillon sont favorables à cette
hypothèse nulle, les retards des variables exogènes
utilisés comme instruments sont acceptables. La BCEAO utiliserait
donc
dans son ensemble d'information disponible ( ), les
informations sur le taux d'intérêt, l'inflation et l'output
pour formuler sa politique de taux futur.
La règle FL1 sort beaucoup plus robuste au jeu de
critères définis plus haut. Elle fera l'objet
d'interprétation en vue de diagnostiquer la politique de taux directeur
de la banque centrale.
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