III.2 Méthodologie d'estimation
Les méthodes d'estimations économétriques
des règles monétaires abondent. Les MCO on été
utilisés dans les premières évaluations empiriques de la
règle simple de Taylor. Cependant, pour tenir compte des nouveaux
développements de la théorie économique relativement aux
prévisions des agents économiques, nombre de recherches ont
intégré la critique de Lucas (1976). Laquelle critique stipule
que les agents économiques formulent leurs prévisions sur base
d'anticipations rationnelles (rendant inefficaces les politiques
conjoncturelles
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keynésiennes). C'est dans cette logique que la Nouvelle
Economie Keynésienne prend en compte dans ses modèles structurels
les anticipations rationnelles, notamment à travers la courbe de
Phillips. Ce faisant, les MCO traditionnellement admis pour l'estimation de la
règle simple de Taylor se voient être récusés dans
l'estimation des règles monétaires type forward-looking
i.e. avec anticipations tournées vers le futur. En effet, certaines
hypothèses fondamentales des MCO sont violées dans ce genre de
formulation (i.e. avec anticipations rationnelles). En considérant le
système (3.7), on montre40 que :
- ; . Ce résultat signifie que les
variables explicatives ne sont pas indépendantes des
résidus : c'est la violation de l'hypothèse
d'orthogonalité. On dit qu'il y a alors endogéneité entre
variables explicatives et résidus.
- Quelques aménagements algébriques permettent de
montrer que :
Nous sommes donc en présence d'autocorrelation des
résidus.
Ainsi, les MCO conduiraient à des estimateurs
biaisés et non convergents. L'utilisation de la Méthode
Généralisée des Moments (MGM) développée par
Hansen (1982) devient alors une alternative. Dans la littérature
empirique, un intérêt croissant a donc été
accordé à cette méthode, en témoigne l'utilisation
faite par Clarida et al. (1998, 1999,2000), Florens et al.
(2001), Jondeau et Le Bihan (2002), Jondeau et al. (2004),
Mesonnier & Renne (2004). La MMG est recommandée pour lever les
problèmes économétriques ci-dessus cités car elle
est une méthode beaucoup plus générale. Elle a l'avantage
en effet d'englober plusieurs autres méthodes parmi lesquelles les
moindres carrés ordinaires, les doubles moindres carrés, les
moindres carrés non linéaires, le maximum de vraisemblance, qui
en constituent des cas particuliers sous certaines conditions (Hurlin, 2005).
Certes, cette méthode résout bien les problèmes
évoqués, mais sa robustesse est beaucoup plus renforcée
asymptotiquement, i.e. que les estimateurs issus de cette méthode sont
convergents pour des échantillons de grande taille. L'estimation du
système (3.7) par la MMG de par sa robustesse, ne requiert pas une
distribution normale des résidus ; mais sa mise en pratique
nécessite cependant, de préciser
l'ensemble de variables pouvant influencer la prise de
décision des autorités monétaires à la
période t. Ces variables sont appelées variables
instrumentales. Lesquelles variables doivent être corrélées
aux variables explicatives du modèle et orthogonales aux
résidus.
40 Cf. annexe n01
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