Conclusion
Des grands débats théoriques menés
à la fin des années 1980 sur la conduite de la politique
monétaire, la supériorité des règles
vis-à-vis de la discrétion trouve un large consensus,
incohérence temporelle et biais inflationniste étant fortement
évités. Mais, la grande difficulté réside dans la
définition même du type de règles que la banque centrale
devrait suivre pour stabiliser l'inflation et l'activité
économique. Ce chapitre a montré ce foisonnement dans
l'élaboration ou la proposition de cadres logiques qui pourraient
traduire le mécanisme de transmission des mesures de politique de la
banque centrale. La règle de Taylor (1993) a retenu beaucoup plus
l'attention des chercheurs, même si des améliorations en ont
été faites pour tenir compte des spécificités des
économies et des paradigmes dominants. Loin d'être exhaustive,
cette revue balise à titre indicatif le domaine de la recherche
empirique.
Règles de politique monétaire : essai
de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche
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CHAPITRE III : MODELISATION D'UNE REGLE MONETAIRE
POUR
LA BCEAO
Introduction
Ce chapitre décrit le cadre analytique sur lequel se
basera cet essai pour modéliser une fonction de réaction de la
BCEAO décrivant assez bien la conduite de la politique par les taux
d'intérêt. L'hypothèse principale de cette étude est
que la banque centrale a usé d'une règle monétaire avec
anticipations futures. Une adaptation du cadre d'analyse
développé par
Clarida et al. (1998, 1999, 2000) sera nécessaire pour
tenir compte des spécificités de la zone. Comme cités en
revue de littérature, ces auteurs se basent sur un modèle
keynésien prospectif avec courbes IS et courbe de Phillips (CP) et
dérivent une règle de Taylor optimale35 type
forward-looking. Cette règle prend en compte l'inflation
anticipée qui est devenue une stratégie monétaire de plus
en plus usitée par les Banques centrales.
Dans une première section de notre cadre
théorique, nous spécifierons un modèle Vecteur Auto
Régressif (VAR) non structurel pour capter la réactivité
des séries étudiées aux différents chocs, surtout
celle du taux directeur suite aux innovations des gaps d'inflation et d'output.
Ensuite, une spécification de la règle adaptable à la zone
UEMOA sera faite en deuxième section. Enfin, la justification de
l'utilisation de la Méthode des Moments Généralisée
(MMG) comme méthodologie d'estimation ainsi que la précision des
données et leurs sources feront l'objet la dernière section.
III.1 Modélisations
Pour la mise en oeuvre effective de cette étude, deux
étapes sont envisagées. La modélisation définit en
première analyse une spécification d'un VAR, en vue de
déterminer la réaction des autorités monétaires
à différents chocs dans la fixation de leur taux directeur.
L'écriture d'une règle monétaire sera nécessaire en
seconde analyse pour discuter de la robustesse des résultats.
III.1.1 Fonction de réaction de la banque centrale :
une analyse en termes d'impulsion
L'idée de l'existence de causalité entre les
taux d'intérêt, l'inflation, la production, la masse
monétaire et d'autres variables est basée sur les travaux
théoriques et empiriques de bon nombre d'auteurs qui se sont
intéressés à la question des canaux de transmission de
la
35 Le caractère optimal lui est
conféré par le fait qu'elle est dérivée d'un
processus de minimisation d'une fonction de perte sous contrainte des courbes
IS et CP précisées plus haut.
Règles de politique monétaire : essai de
modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche
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politique monétaire. Ainsi, pour le cas de la BCEAO,
nous spécifions un VAR non structurel pour montrer la relation de court
terme entre ces différentes variables. Cette relation peut être
montrée par la fonction de réponse ou de réaction
dérivée du VAR, pour analyser l'effet des chocs de l'inflation
gap et de l'output gap sur le taux de prise en pension. En outre, la
décomposition de la variance des erreurs est déduite pour montrer
la contribution des différents chocs à la variation du taux
d'intérêt nominal, instrument de politique monétaire.
Lorsqu'une innovation explique une part importante de la variance de l'erreur
de prévision, il vient que l'économie étudiée est
très sensible aux chocs affectant la série.
La spécification du VAR retenu est un système
à trois équations composé du TPE, de l'output gap ou gaphp
et de l'inflation gap ou infgap4 (i.e. l'inflation anticipée sur quatre
trimestres). Nous pouvons écrire le modèle ad hoc
suivant :
(3.0)
Avec (L) l'operateur de retard tel que , étant une
variable quelconque. +
et h le retard à déterminer
+
+ +...+
, des constantes ; , et sont des erreurs supposées
i.i.d.
L'objectif recherché dans cette section n'est pas tant
la détermination et l'interprétation des coefficients issus de
cette régression, mais plutôt la possibilité de
dégager a priori la fonction de réponse de la banque
centrale et de mener ainsi une analyse en termes d'impulsion. En effet, les
chocs de l'inflation gap et de l'output gap sur le taux directeur permettront
de voir le sens et l'ampleur de la réaction de la banque centrale dans
la fixation de son taux. Cet aperçu pourra dès lors nous
permettre de mieux interpréter les résultats qui seront issus de
l'estimation de la règle monétaire.
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