II.1.2.3 Règles d'instrument versus
règles de ciblage : Questions en débat
Ce récent débat à été
animé par Svensson (2002, 2005), McCallum et Nelson (2005). Le premier
adhérant aux règles de ciblage d'inflation et prônant leur
optimalité et flexibilité, les deux derniers défendant
bien sûr les règles d'instrument en insistant sur leur
simplicité et robustesse. Svensson attaque les règles
d'instrument sur quatre plans et ceci amène McCallum et Nelson à
réagir défensivement. Le tableau suivant récapitule ces
points de divergence.
Tableau n02 : comparaison de
règles
Règles d'objectifs : Svensson
|
Règles d'instrument : McCallum et
Nelson
|
-Les règles d'instrument ne prennent en compte qu'un
nombre limité de variables et laissant certaines sur lesquelles pourrait
agir la Banque Centrale d'une économie ouverte (termes de
l'échange, taux de change réel etc.)
|
-les règles de revenu nominal offrent un contre
exemple. De plus, les trois variables
principales (inflation, output, et taux)
suffisent à refléter les
conditions monétaires et réelles de l'économie.
|
-un engagement à une règle d'instrument ne
laisse pas de place aux jugements et à l'information
disponible
|
-les taux effectifs peuvent être au dessus ou en dessous
des valeurs indiquées par la règle chaque fois que la Banque
Centrale juge les conditions justifiées : il y a donc place au
jugement.
|
30 Cité par Landais, op.cit
Règles de politique monétaire : essai de
modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche
34
Règles d'objectifs : Svensson
|
Règles d'instrument : McCallum et
Nelson
|
-elles ne peuvent être améliorées lorsque
de nouvelles informations sur les mécanismes de transmission, la
variabilité et la nature des chocs sont disponibles.
|
- au contraire, elles peuvent être modifiées mais
tout en restant dans la logique de la «
perspective atemporelle » au sens
de Woodford31.
|
-les règles d'instrument sont loin d'une
description précise de la politique monétaire,
et dans la pratique aucune Banque Centrale ne les utilise.
|
-par leur simplicité, les règles d'instrument
sont robustes. Quant aux règles d'objectif, aucune Banque Centrale ne
communique par exemple le poids X accordé à l'output dans la
fonction de perte.
|
Source : synthèse de l'auteur
Plusieurs travaux ayant montré la possibilité de
dériver des règles d'instrument à partir des règles
de ciblage et vice versa, l'opposition apparente entre ces deux types
de règles semble quelque peu artificielle ; du moins au niveau
théorique. Dans cette logique et comme pour couvrir le débat,
Bernanke (2004) propose la catégorisation suivante :
- « politiques de réaction simple »
pour les règles d'instrument auxquelles il reconnait
simplicité et robustesse ;
- « politiques fondées sur des
prévisions » pour les règles d'objectifs qu'il qualifie
de flexibles et d'adaptables à l'information disponible.
L'ouverture de la « boite noire » des
règles monétaires révèle une pléthore de
stratégies utilisables dans la conduite de la politique
monétaire, mais qu'enseignent les faits empiriques ?
|