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Règles de politique monétaire: essai de modélisation pour la BCEAO ( banque centrale des états de l'Afrique de l'ouest )

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par Teega-wende Hervé ZEIDA
Université Ouaga II - Burkina Faso - Diplôme d'études approfondies (DEA)/ Master de recherche option: macroéconomie appliquée 2011
  

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II.1.2.2 La règle de ciblage d'inflation

Le ciblage d'inflation27 est une « règle d'objectif » par laquelle la banque centrale lie des variables objectifs (notamment l'inflation) à leur valeur cible. En effet, comme le souligne Landais (2008), le ciblage d'inflation est un « dispositif » de politique monétaire dans lequel l'inflation future prévue, comparée à une cible annoncée, est utilisée pour guider les décisions à prendre. Ainsi, l'inflation prévue joue le rôle d'objectif intermédiaire et les autorités monétaires modulent les anticipations des agents économiques en vue d'atteindre la cible à l'horizon temporel fixé (généralement deux ans).

Kenneth Kuttner (2004) caractérise le ciblage d'inflation par :

? La priorité accordée à la stabilité des prix ;

? Le choix d'une cible d'inflation (2% généralement) et d'un délai de réalisation (au plus 2 ans) ;

? La transparence des banques centrales à travers la communication avec le public ;

27 Le ciblage d'inflation a deux connotations : le ciblage strict et le ciblage flexible. Le ciblage strict recommande une cible d'inflation bien précise (exemple 2%) et dans le ciblage flexible, la Banque donne une marge de fluctuation à la cible de #177;1% par exemple. En réalité, c'est cette stratégie qui est beaucoup utilisée car donne une plus grande manoeuvre au Autorités monétaires d'ancrer les anticipations du public à moyen terme.

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? Et la responsabilité des autorités monétaires devant toute déviation par rapport à la cible annoncée.

Il revient surtout à Svensson (1997,1999) d'approfondir le cadre théorique de cette règle en montrant qu'elle dérive de la résolution d'un problème de contrôle optimal, c'est-a-dire de la minimisation d'une fonction de perte sous contraintes. Il se place dans un modèle néokeynésien prospectif avec courbes de demande et d'offre. La fonction de demande est appréhendée par la courbe IS et celle de l'offre par la courbe de Phillips(CP).

Courbe IS:

y représente l'output gap, ð le niveau d'inflation et , l'inflation anticipée en t pour la

période t+1. et sont des paramètres positifs, un choc stochastique normalement

distribué. est le taux d'intérêt nominal de court terme.

Courbe CP: , avec et , â>0

Fonction de perte intertemporelle des autorités : ; 0 1 avec

, la fonction de perte des autorités monétaires à la période t.

X est le poids accordé à stabilisation de l'activité dans les préférences de la banque centrale relativement à l'inflation et la cible d'inflation. ä est le taux d'actualisation ou préférence accordée à la période t.

Ainsi pour la période t, le problème de la banque centrale consiste à résoudre le programme suivant :

Min )]

Les Conditions de Premier Ordre (CPO)28, donnent la règle de ciblage optimale suivante :

28 Le modèle spécifié est de type forward-looking (anticipations tournées vers le futur), il peut aussi être appréhendé en mode backward-looking. Pour plus de détails pour la résolution voir Svensson (1997, 1999,2002, 2003) ou Polin(2004)

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Cette règle optimale traduit l'idée que l'écart de l'inflation anticipée (prévue) pour la période t+1 et la cible d'inflation est une fraction du niveau de l'output gap de la période suivante formulé en t. Svensson(2005) précise que comme déjà discuté dans Svensson (2003b), la

condition d'optimalité est que les taux marginaux de substitution(

) et de

transformation( ) entre les variables cibles s'égalisent. En effet, une augmentation

d'une unité de l'output entraine une hausse de l'inflation de unité (effet-transformation). Et lorsque le taux d'inflation diminue d'une unité, il y a un gain d'activité de 1/X unité (effet-substitution).

La règle de ciblage d'inflation présente certains avantages. L'avantage majeur des règles spécifiques de ciblage d'inflation est qu'elles conduisent à accroître l'indépendance des banques centrales les ayant adoptées et ce notamment en ce qui concerne leur autonomie d'action. Cela garantit une flexibilité dans la régulation monétaire car le moyen terme dans lequel est formulée la politique monétaire favorise la prise en compte d'éventuelles innovations (chocs d'offre ou de demande) et évite par là même, une incohérence temporelle ou dynamique. Le ciblage d'inflation assure un ancrage des anticipations des agents économiques car le besoin de transparence, de responsabilité et la communication qui le définit favorisent une modulation à la baisse des anticipations de natures inflationnistes. Selon Mishkin et Schmidt-Hebbel (2001) ; et Neumann & Von Hagen (2002)29, cette stratégie permet aux pays à historiques d'inflation élevée de retrouver un sentier de stabilité des prix à niveau d'inflation faible. Il permet en outre de mener avec beaucoup plus de maniabilité une politique monétaire définie par un mandat dual tel celui de la Fed.

La stratégie de ciblage d'inflation a toutefois connu quelques griefs. En effet, la communication tant prônée par cette stratégie en vue d'une éventuelle transparence est remise en cause par Friedman (2002). Il reproche aux banques centrales adoptant le ciblage de n'informer le public que sur l'inflation alors que dans leurs fonctions de réaction l'objectif de l'emploi y figure. Les agents ignorent aussi le poids X accordé par la banque centrale à l'activité économique.

Aussi, le caractère « règle » du ciblage est souvent mis en défaut. Il est taxé de discrétionnaire ou plus précisément de « discrétion contrainte » qui peut lui valoir un problème

29 Cités par Landais, op.cit.

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d'incohérence temporelle. Bernanke et Mishkin (1997), Bernanke (2003) indiquent que l'aspect « contrainte » est lié à l'engagement en faveur d'une inflation basse, engagement qui

permet d'ancrer les anticipations du public tandis que l'aspect « discrétion » recouvre la
liberté opérationnelle dont jouit la banque centrale et la possibilité qu'elle a de mener à bien ses taches de stabilisation réelle30.

Le choix d'une cible d'inflation comme cible intermédiaire est souvent difficile à justifier car le lien entre celle-ci et les taux d'intérêt n'est pas forcement fort ni même évident.

Ces différentes règles ont eu des degrés d'adhésion divers à telle enseigne qu'il s'est développé dans la littérature un grand débat sur les stratégies monétaires notamment entre règles d'instrument et règles de ciblage.

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