CHAPITRE II : CONTEXTE SOCIO- POLITIQUE D'EMERGENCE DES
« CINQ CHANTIERS » DE LA
REPUBLIQUE AU NORD-KIVU/GOMA
Le nouvel ordre politique, dans la loi portant statut,
organisation et fonctionnement des Provinces de 2007, affirme solennellement le
caractère uni et indivisible de la RD Congo et innove sur
l'organisation territoriale de notre pays.
La constitution du 18 Février 2006 confère une
base constitutionnelle à la Province. Elle est une composante
primordiale de la République. La nouvelle architecture institutionnelle
du pouvoir dans notre pays organise deux échelons d'exercice de
l'autorité politique : l'Etat et la Province. A la
décentralisation politique au niveau des Provinces s'ajoute la
décentralisation administrative, à l'échelon des
entités territoriales décentralisées : la ville, la
commune et le secteur ou chefferie.
Dans la constitution, la Province est une division
territoriale politique régionalisée dotée de la
personnalité juridique et gérée par des organes locaux.
Elle est investie d'un véritable pouvoir législatif pour exercer
les compétences exclusives et mettre en oeuvre, en harmonie avec le
pouvoir central les compétences concurrentes de développement.
Voilà ce qui a poussé la République
Démocratique du Congo, dans le prolongement des efforts de normalisation
de la vie politique en 2006, d'adhérer à la vision
d'élaboration du document de la stratégie de croissance et de
réduction de la pauvreté. Ce dernier regorgeait des
stratégies de référence de la politique gouvernementale et
de convergence de la coopération avec les partenaires au
développement en matière de relance de l'économie et de la
lutte contre la pauvreté.
Le Document de la Stratégie de Croissance et de
Réduction de la Pauvreté (DSCRP) se voulait modeste et
s'inscrivait dans les objectifs du court et du moyen terme (2007-2009) en vue
de permettre une remise à niveau des institutions et des structures de
l'Etat, la mise en place des politiques sectorielles appropriées qui
cadraient avec les objectifs des programmes définis par la population,
ainsi que le renforcement des capacités en vue d'atteindre le point
d'achèvement de l'initiative en faveur des Pays pauvres très
endettés (IPPTE).
Il s'ensuit qu'en 2007, le Gouvernement s'était
fermement engagé à poursuivre les réformes et à
mobiliser les ressources nécessaires aux programmes de réduction
de la pauvreté dans un environnement de démocratie, de justice et
d'équité. Cependant, le défi qui s'était
présenté fut de sortir la RD Congo de la longue période de
crise sociopolitique et de la remettre sur le sentier d'un développement
durable notamment en éliminant ou en diminuant le
phénomène NKUNDA, un blocage pour le Nord-Kivu, et la ville de
Goma en particulier (...DSCRP, Kinshasa, Juillet, RDC 2006).
C'est pourquoi, en 2007, la Province du Nord-Kivu a
élaboré un plan d'actions prioritaires sur base du document de
stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté
(DSCRP) dont l'objectif était la réduction de la pauvreté
et de la misère de la population de la Province du Nord-Kivu. Mais
aussi, de permettre au Gouvernement Provincial d'exécuter de
manière sectorielle tous les projets retenus et d'orienter tous les
partenaires de développement dans la relance de l'économie et la
lutte contre la pauvreté.
Le plan d'actions prioritaires a été
élaboré renfermant la stratégie avec des avantages qui
consistaient à :
- Assurer une discipline budgétaire
d'ensemble ;
- Assurer une transparence, la traçabilité, la
qualité des dépenses publiques ;
- Assurer une croissance plus forte ;
- Augmenter les ressources de la Province du Nord-Kivu.
De la lecture de ce plan d'action prioritaire, cinq projets
regroupés en 5 piliers auraient été retenus
notamment :
1. Pilier de la bonne Gouvernance ;
2. Pilier de la croissance pauvre ;
3. Pilier des services sociaux de base ;
4. Pilier de la prévention et de la lutte contre le
VIH/SIDA et les violences sexuelles ;
5. Pilier de la dynamique communautaire.
A cet effet les objectifs poursuivis par le gouvernement
Provincial furent globalement :
- Restaurer la paix et la sécurité sur toute
l'étendue de la Province ;
- Garantir une cohabitation pacifique interethnique des fils
et filles de la Province ;
- Améliorer les conditions socio-économiques de
la Province en vue d'un développement intégral et
intégré ;
- Mener une lutte acharnée contre la
pauvreté.
Nous référant aux objectifs
précités, nous présentons dans les lignes ici-bas ceux que
prétendaient les autorités Provinciales sur les
réalisations de ces 5 grands piliers prioritaires retenus, surtout dans
la ville de Goma.
1. Tableau n°01 : PROGRAMME SELECTIONS DES
ACTIONS PREVUES POUR LA VILLE DE GOMA
Programme
|
Projets
|
Objectifs
|
Observation
|
Sécurisation des personnes et des biens
|
Construction d'un camping militaire et policier à Goma
(Moyen terme)
|
Construire un camp militaire et policier
|
Pas fait
|
Création et équipement d'une brigade des
volontaires anti-incendie plus ses conséquences (urgent et moyen
terme)
|
Protéger les habitations contre les incendies.
|
Fait
|
Assainissement
|
Appui logistique à l'assainissement urbain
|
Equiper les services d'assainissement pour le rendre
opérationnel
|
Fait
|
Réhabilitation des routes nationales
|
Plaidoyer pour l'appui logistique à la brigade
routière de Goma
|
Equiper la brigade routière
|
Fait
|
Plaidoyer de la maintenance de la route Goma-Kanyabayonga
(150Km) et lutte antiérosive dans les escarpements de KABASHA
|
Améliorer la praticabilité de ce
tronçon.
|
Pas fait
|
Voir urbaine
|
Aménagement du rond point INSTIGO sur l'axe Katindo en
ville de Goma
|
Améliorer la circulation au niveau du rond
point-INSTIGO
|
Pas fait
|
Aménagement des avenues dans la commune de Karisimbi
à Goma
|
Désenclaver les quartiers de la commune de Karisimbi
(TPI)
|
Pas fait
|
Réparation asphaltique dans la ville de Goma
|
Entretenir les voiries urbaines de Goma
|
Pas fait
|
Asphaltage du tronçon Michaudrière Rond Point
Signers (1.8Km)
|
Entretenir les voiries urbaines de Goma
|
Fait
|
Rechargement Des Axes Rond Point Bralima-TGI,
INSTIGO-Résidence Gouverneur et autre axes principaux de la ville de
Goma
|
Améliorer la praticabilité de ces axes
|
Fait partiellement
|
Etude de faisabilité de l'élargissement de la
Route Rond point Signers entrée ULPGL et du traçage de la Route
Corniche de la Grande Barrière à l'hôtel Karibu
|
Améliorer la praticabilité de ces axes
|
Fait
|
Mines
|
Plaidoyer en vue de la révisitation du code et
règlement minier
|
Faire connaître le contenu du code minier aux
exploitants du secteur
|
Fait
|
Santé
|
Redynamisation de la banque de sang de Goma
|
Assurer la sécurité transfusionnelle, augmenter
la capacité de don de sang.
|
Fait
|
Alimentation en eau potable
|
Construction d'une nouvelle usine à Keshero
(SOTRAKI)
|
Améliorer le taux de desserte en eau potable
|
Pas fait
|
|
Réhabilitation de réseau calcine de distribution
d'eau potable sur l'axe bureau division finance Hôtel Jambo de Goma
|
Améliorer le taux de desserte en eau potable
|
Fait partiellement
|
Débouchage des conduites d'eau sur la route Sake
tronçon Tenis-Terminus (5km)
|
Améliorer le taux de desserte en eau potable
|
Fait partiellement
|
Poser de conduite de refoulement du nouveau captage Keshero
aux deux réservoirs de Nyabushongo (4km)
|
Améliorer le taux de desserte en eau potable
|
Fait partiellement
|
Construction d'une nouvelle usine de captage sur le Lac
Kivu
|
Améliorer le taux de desserte en eau potable
|
Fait mais production insatisfaisante
|
Réhabilitation de la station de répompage de
Birere
|
Améliorer le taux de desserte en eau potable
|
Pas fait
|
Pose de conduite de refoulement de la station de
répompage de Birere Réservoir de MUNIGI
|
Améliorer le taux de desserte en eau potable
|
Fait
|
Réhabilitation du réservoir du Mont Goma
|
Augmenter le taux de desserte en eau potable
|
Pas fait
|
Réhabilitation du réseau de 5Km calcine dans les
Quartiers OFFICE, MURARA, VIRUNGA et MAJENGO
|
Augmenter le taux de desserte en eau potable
|
Fait
|
Villes : Etudes techniques de faisabilité
d'extension de l'eau dans les 14 quartiers non desservis
|
Augmenter le taux de desserte en eau potable
|
Pas fait
|
Réhabilitation de l'usine de TUHA
|
Augmenter le taux de desserte en eau potable
|
Pas fait
|
Electrification rurale et urbaine
|
Reconstruction de 2 cabines (Touristes et cathédrales)
dans la ville de Goma
|
Améliorer le taux de desserte en énergie
électrique
|
Pas fait
|
Réhabilitation et installation de l'éclairage
public
|
Améliorer le taux de desserte en énergie
électrique
|
Fait partiellement
|
Emploi
|
Recensement des agents publics provinciaux et locaux
|
Maîtriser les effectifs
|
Fait partiellement
|
Organisation de l'atelier sur la politique de l'emploi au
Nord-Kivu
|
Organiser le secteur de l'emploi au niveau Provincial
|
Pas fait
|
Construction d'un centre d'encadrement et d'apprentissage des
métiers à Goma
|
Récupération de la jeunesse
désoeuvrée
|
Pas fait
|
Culture
|
Construction et équipement d'une bibliothèque
à Goma
|
Disponibiliser un cadre pour développer le savoir
|
Pas fait
|
Approvisionnement de la Bibliothèque en ouvrages
|
Former et informer les intellectuels
|
Pas fait
|
Sport
|
Réhabilitation du cercle sportif de Goma
|
Offrir un cadre d'entraînement dans les disciplines
sportives
|
Pas fait
|
Réhabilitation du stade de l'unité de Goma et de
Volcan
|
Offrir un cadre d'entrainement dans les disciplines
sportives...
|
Pas fait
|
Source : Plan prioritaire de la province du
Nord-Kivu, Goma, 2007
De notre observation participante, il ressort que la plupart
de projets retenus pour la ville de Goma n'ont pas été
effectués. Certains ont été effectués partiellement
sans répondre à la capacité de charge de la ville. Aussi,
certains d'entre-eux, ont-ils déjà été faits. On se
demanderait pourquoi cette irrationalité dans l'exécution du plan
par rapport à la durée qui fut de 2007-2011. Cette
dernière peut- être la conséquence d'une mauvaise
planification, du détournement des fonds ou du manque de volonté
des acteurs, comme le pense Kasuku (2009). Mais également, le document
de stratégies de croissance et de la réduction de la
pauvreté (2006) souligne que cela peut-être la conséquence
de la mauvaise gouvernance.
Comme principe essentiel de toute action de
développement, la bonne gouvernance s'impose et doit porter notamment
sur :
- Le respect de l'indépendance du pouvoir
judiciaire ;
- Le respect des droits et des libertés des
citoyens ;
- La lutte contre l'impunité, la corruption, les
détournements des derniers publics, la fraude fiscale et la
mégestion des entreprises publiques ;
- La transparence et l'éthique dans la gestion des
affaires publiques ;
- L'assainissement des procédures de passation des
marchés publics ;
- Le partage équitable des richesses entre la Province
et les territoires ainsi qu'entre les citoyens de manière à
créer les conditions d'émergences d'une classe moyenne ;
- La réhabilitation du mécanisme de
contrôle et de reddition des comptes.
Cette éducation à la citoyenneté sur la
bonne gouvernance doit caractériser l'humanité toute
entière afin d'assainir le climat des affaires, garantir aux citoyens
les libertés individuelles,... Les populations du Nord Kivu ont toujours
été caractérisées par une forte capacité de
travail et de production, notamment dans les secteurs agricoles, commerciaux,
miniers, touristiques et de transport. Le gouvernement Provincial
s'était engagé à veiller à l'encadrement et au
renforcement de cet esprit d'entreprise. Cependant, en observant des mesures
qui ont été mise en oeuvre par la direction provinciale des
recettes du Nord-Kivu, les entrepreneurs de Goma sont enfilés à
des tracasseries administratives pouvant ainsi nuire à leurs
initiatives.
1. MECANISMES DE MISE EN
OEUVRE, DE SUIVI ET D'EVALUATION
Le programme du Gouvernement Provincial parait comme l'unique
cadre de référence pour l'élaboration des programmes
d'investissement et des plans sectoriels de développement au Nord Kivu
(programme du gouvernement provincial du Nord Kivu, 2007, p1). Il
définit des indicateurs pouvant orienter la surveillance continuelle des
activités et leur évaluation.
? Indicateur du suivi et d'évaluation
Le Gouvernement entendait mettre en place un dispositif de
suivi et d'évaluation participatif, à la fois horizontal
(participation de tous les partenaires) et vertical (participation de tous les
niveaux, de la base au sommet). Il considère qu'un tel dispositif est le
seul qui soit à même d'associer étroitement tous les
acteurs à la lutte pour la réduction de la pauvreté. Dans
ce cadre, il prétendait mettre en place un système d'information
à trois volets à savoir le suivi d'exécution, le suivi
d'impact et suivi et l'évaluation participatif (SEP).
Suivi d'exécution
Le suivi d'exécution concerne la réalisation
physique et financière de l'ensemble de projets et programmes
identifiés dans le programme du gouvernement, pour lesquels deux types
d'indicateurs seront calculés en vue d'en mesurer l'exécution.
- Les indicateurs des moyens (finances et physiques) mesurant
les ressources bien définies par le pouvoir public et les bailleurs de
fonds, par exemple les dépenses pour l'éducation, pour la voirie
urbaine,... ;
- les indicateurs des résultats opérationnels
évaluant les résultats générés, par exemple
le nombre d'écoles construites, centres de santé
construits. ;
Le suivi d'exécution s'effectue en impliquant les
administrations sectorielles, les collectivités publiques locales, le
secteur privé, les bailleurs de fonds, les donateurs et les populations
bénéficiaires.
Si cette logique est mise en marche, la population serait
totalement en accord avec les gouvernants parce qu'elle trouverait aujourd'hui
leur part de responsabilité dans la gestion du pouvoir. Cependant, les
cris de chaque jour sur des chaînes des radios des députés
provinciaux dénonçant le gouvernement provincial pour les avoir
refusés d'effectuer des contrôles parlementaires, des
plénières,... ne nous rassurent pas de la fiabilité de
tous ces mécanismes de suivi et d'évaluation évoqué
ci- haut.
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