I.4. RELATIONS ENTRE OBJECTIFS
Le carré magique
Le carré est constitué des quatre
côtés suivants : emploi, prix, croissance et balance des
opérations courantes. Obtenir un résultat
« magique » revient à réaliser en même
temps le plein-emploi, la stabilité des prix, une forte croissance du
PNB et l'équilibre de la balance des opérations courantes. Les
trois premiers axes forment l'équilibre interne, le dernier
l'équilibre externe. Il y a des interrelations constantes entre
équilibres interne et externe. Ainsi par exemple une situation de
dépression classique se caractérise par un chômage
important, des prix bas, une croissance zéro ou négative. Une
politique de relance s'impose. Elle stimule la consommation et
l'investissement. A leur tour, ceux-ci accroissent les importations. Si au
départ, la balance des opérations courantes est en
déficit, on va l'aggraver. Si au départ la balance des
opérations courantes est en surplus, on s'achemine vers
l'équilibre. Or, les efforts moindres constatés en RDC paraissent
moins orientés sous cette vision dans le cadre de cinq chantiers :
« infrastructures des voies de communication »,
« santé, éducation », « eau,
électricité », « logement » et
« emploi ». Cependant, des discours politiques ne cessent
de revenir sur des idées qui peuvent être corrélées
avec ce carré logique. Fort malheureusement, ces paroles nourries
d'espoir manquent de plan de matérialisation (des actions visibles)
auquel aspire le peuple.
I.5. ACCES AUX SERVICES DE L'INFRASTRUCTURE MODERNE:
STAGNATION ET INNEGALITE
La couverture des services de l'infrastructure moderne en
Afrique est très faible par rapport aux normes internationales.
La couverture en électricité est d'environ 20%
en Afrique, 33% en Asie du Sud et plus de 85% en Asie de l'Est,... La
couverture en télécommunication de l'Afrique est, par contre,
légèrement meilleure que celle de l'Asie du Sud et à peine
inférieure à celle des autres régions en
développement. Les agglomérations urbaines favorisant
l'extension des réseaux d'infrastructures, la faible couverture en
services infrastructurels en Afrique reflète en partie le taux
d'urbanisation relativement faible du continent.
Le rythme de l'extension des services varie de façon
spectaculaire suivant les secteurs et les pays. Le pourcentage de personnes
supplémentaires couvertes chaque année par les services de
l'infrastructure moderne est une bonne mesure de l'intensité des efforts
d'extension réalisés, et il diffère
considérablement suivant les services.
Le manque de couverture de l'offre
d'électricité en milieu urbain est lié de manière
égale aux facteurs d'offre et de demande.
Il est d'usage de dire que l'accès aux
infrastructures de base contribue à accroître les revenus des
ménages, à la fois en rendant leur travail plus productif et en
délibérant du temps consacré aux tâches domestiques,
un temps qui peut alors être consacré à un travail
productif. Certains auteurs soutiennent que les ménages sont
confrontés à un « forfait temporel »,
à savoir le nombre minimal d'heures que leurs membres doivent consacrer
aux tâches de base indispensables au bien être et à la
survie de la famille. Il inclut le temps passé à la
préparation des repas, la lessive, le ménage, le transport de
l'eau et la collecte de combustible pour la cuisine et le chauffage.
L'accès aux infrastructures de base peut réduire de façon
significative cette contrainte et libérer ainsi du temps qui peut
être consacré à des activités productives.
Parce que les ménages qui n'ont pas accès aux
infrastructures de base ont tendance à être pauvres et que la
plupart de leurs revenus, l'accès à l'infrastructure peut
contribuer à réduire la pauvreté grâce à une
nouvelle répartition du temps des membres des ménages.
Des éléments probants issus des enquêtes
sur les ménages indiquent que le temps économisé
grâce aux infrastructures de base peut effectivement être
substantiel. Sur la base des données de la sierra Leone, Wodan et Ying
(2009) montrent que les femmes consacrent plus de temps que les hommes aux
tâches domestiques et que la charge supportées par les enfants est
également élevée. L'accès à l'eau et
à l'électricité aide à réduire le temps de
travail domestique de 10 heures par semaine. A partir des données sur la
Guinée, Bardasi et Wodan (2009) ont observé des effets du
même ordre sur l'utilisation du temps pour l'accès à
l'eau.
La question qui se pose est de savoir si les
membres des ménages réussiront à trouver des
opportunités d'emploi en utilisant le temps libéré par
l'accès aux infrastructures. Même si les gains de temps
n'étaient rémunérés que sur la base d'une partie du
salaire minimal, la rentabilité économique de ces projets est
souvent très élevée en raison des gains de temps dont
bénéficient les ménages.
En effet, toute Philosophie de n'importe quel
développement requiert une compréhension profonde, un engagement
et des sacrifices à tous les niveaux et des investissements
conséquents. Dans quelles mesures toutes les théories
sus-évoquées regorgeant de cadre général de vision
de bonne politique de développement, d'accroissement seraient la
préoccupation des dirigeants dans notre pays ?
Voilà pourquoi, dans les lignes qui suivent, nous
essayerons d'exposer sur ce que prétendait faire les autorités
provinciales dans le contexte socio-politique d'émergence des
« cinq chantiers » de la République dans la ville de
Goma en rappelant les dispositifs pertinentes de l'élaboration, du suivi
et évaluation d'un programme de développement. Tout en
étant convaincu que les poids de la dette extérieure et les
contraintes des organismes financiers internationaux aboutissent à
l'accroissement de la pauvreté, des inégalités sociales et
font régresser les acquis sociaux dans le domaine de
l'éducation, de la santé et de l'emploi. Ce qui constitue une
violation des droits des peuples et une atteinte à leur dignité.
Les Etats Africains sont appelés à se concerter
afin de trouver des solutions appropriées. Ces solutions doivent viser
le recyclage de la dette dans des projets en caractère social et
économique en vue de renforcer la dynamique d'un développement
intégral et durable du continent et garantissant, ainsi, une transition
démocratique réussie. Tout ceci appelle les Etats Africains
à s'engager dans un développement autocentré et
contrôlé démocratiquement. Dans les chapitres qui suivent,
nous allons présenter le contexte socio-politique d'émergence des
« cinq chantiers » au Nord-Kivu, en nous focalisant
surtout sur les priorités prévues en ville de Goma.
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