Presse et responsabilité civile( Télécharger le fichier original )par Antoine Petit Université Toulouse 1 Capitole - Master 2 droit privé fondamental 2012 |
Section 2 : Le droit à l'image et les autres attributs de la personnalité
328 En effet, l'article 35 a) dispose que « la vérité des faits diffamatoires peut toujours être prouvée sauf, lorsque l'imputation concerne la vie privée de la personne » (loi 1881-07-29 Bulletin Lois n° 637 p. 125) 329 A. Lepage, L. Marino et C. Bigot, « Droits de la personnalité : panorama 2004-2005 », Recueil Dalloz, 2005, n°38. 330 V. Supra n°73 et s. 331 Ibid 332 J-L Comolli, cité par E. Roskis, « Ces images qu'on manipule » in Manière de voir, Le Monde Diplomatique, juil.-août 1999, p. 86. 89 Mais l'image en tant que représentation d'une chose, ou d'une personne humaine, est-elle librement diffusable ? Il semblerait que le problème essentiellement rencontré en matière de presse procède d'un conflit entre d'une part, le droit de la personne sur son image333 et d'autre, le droit à l'information par l'image334. C'est donc à nouveau la problématique des rapports entre les droits de la personne et la liberté d'expression qui est en jeu.
333 Nous nous concentrerons dans cette étude sur la problématique de l'image de la personne et non sur celle du droit qu'à la personne sur l'image de ses biens : V. sur cette question : J-M. Bruguière, L'exploitation de l'image des biens, Victoires éditions, 2005 ; B. Gleize, La protection de l'image des biens, Défrénois, 2008. 334 D. De Bellescize, L. Franceschini, op. cit. p.430. 335 T. Debard et S. Guinchard, Lexique des termes juridiques, Dalloz, 19e éd., 2012, p.450. 336 CA Paris, 23 mai 1995 : D. 1996, somm. p. 75 ; V. sur le caractère absolu du droit à l'image : T. civ. Seine, 16 juin 1858 : DP 1858, 3, p. 62. 337 Civ. 1e, 5 avr. 2012 : Légipresse n°294, mai 2012, p. 283. En l'espèce, la Cour a jugé que la mauvaise définition générale de l'image ainsi que sa petite taille ne permettaient pas d'identifier clairement le demandeur à l'action. 338 Ainsi du sosie de Jean-Luc Delarue utilisé pour un film publicitaire : TGI Nanterre, 23 mars 2007 : Comm. com. électr., mai 2007, comm. 75, p. 50, note A. Lepage. 90 d'atteinte à la vie privée, la violation de ce droit était sanctionnée sur le fondement de l'article 1382 du Code civil339. Pourtant, depuis quelque temps, la protection de l'image est artificiellement assurée par l'article 9 du Code civil340. Cela n'est d'ailleurs pas étonnant, tant l'image et la vie privée sont parfois indissociables. En effet, comme le souligne très justement Daniel Becourt, « le reflet de l'image laisse entrevoir en filigrane la silhouette de la vie privée, comme de part et d'autre des faces d'un miroir sans tain »341.
En effet la voix, « image sonore de la personne »344, à l'instar de « l'image visuelle », connaît elle aussi des difficultés de reconnaissance en tant qu'attribut de la personnalité autonome de la vie privée345. En atteste par exemple, cet arrêt de la Cour d'appel de Paris, estimant que la reproduction de la voix ne saurait ouvrir un droit à réparation sur le fondement de l'article 9 du Code civil que dans l'hypothèse où il en résulterait une atteinte à la vie privée346. Quant au nom, si le Tribunal de grande instance de Paris avait clairement avancé en 2004 que le droit au respect de la vie privée « couvre » le nom en tant qu'attribut de la personnalité, il semble que ce dernier se soit récemment ravisé. En effet, les juges de 339 D. Becourt, Image et vie privée, L'Harmattan, 1e éd., 2004, p. 233. 340 À titre d'exemples : CA Paris, 25 oct. 1982 : D. 1983, 363, note R. Lindon ; Civ. 1e, 13 avr. 1998 : JCP 1989. II. 21320, note E. Putman. 341 D. Becourt, op. cit, p. 14. 342 Civ. 1e, 12 déc. 2000 : D. 2001, p. 2434, note J-C. Saint Pau. 343 Civ. 1e, 10 mai 2005 : Bull. civ.I. n°206 affirmant que constituent des droits distincts, le respect dû à la vie privée et le respect dû à l'image. 344 M. Serna, « L'image de la voix : du droit de l'image sonore au droit de l'image vocale » in Image et droit, L'Harmattan, 1e éd., 2002, p. 243. 345 V. sur cette problématique : D. Huet-Weiller, « La protection juridique de la voix humaine », RTDciv. 1982, p. 513. 346 CA Paris, 12 janv. 2005 : Comm. com. électr. 2005, comm. n°92. 91 première instance ont récemment estimé que le prénom et nom patronymique, en tant qu'éléments de l'état civil, « échappent par leur nature même à la sphère protégée par l'article 9 du Code civil »347. On observe donc que diverses facettes de la personnalité, en mal d'autonomie, bénéficient de la protection qu'offre l'article 9 du Code civil faisant état du seul droit au respect de la vie privée. Ces différents « droits au respect », chroniquement bafoués par la presse, demeurent une source très importante de contentieux. Les multiples condamnations prononcées par le tribunal de Nanterre348 peuvent d'ailleurs en attester. Aussi, il apparaît désormais nécessaire de faire état d'un certain nombre de spécificités tenant à leur réparation. |
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