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Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

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par Siham BENSAID
Université Mohammed V Rabat Agdal - master droit public 2010
  

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Paragraphe 3 : Outils financiers :

Les processus de production de logements par les ménages à bas revenus peuvent servir de point de départ pour la construction de nouveaux systèmes de financement, et nécessitent pour cela l'adaptation des produits de crédit existants.

Quelle est l'articulation possible entre les systèmes informels, nécessairement limités au montage de réalisations strictement localisées, avec les systèmes formels qui s'imposent dès que la volonté politique est de généraliser des programmes importants destinés à amplifier sur tout un territoire le processus de construction et d'amélioration des logements ?

Une piste possible d'intervention semble être une réglementation favorisant la création de banques locales mutuelles et populaires via notamment la prise en charge d'une partie de leur coût de fonctionnement, assurant leur contrôle permanent par un organe technique autonome. Des instruments de crédit du système formel ont déjà été re-profilés vers les catégories les moins fortunées et montrent qu'il est possible de construire une articulation entre les deux secteurs, élargissant ainsi le système formel de crédit.

Enfin, toute une ingénierie juridique et technique doit être consacrée à la création de fonds de garanties dont le rôle sera croissant au fur et à mesure de l'extension des financements, lorsqu'il faudra allonger les circuits entre l'épargne et les prêts, associer les banques mutualistes locales, ouvrir progressivement et prudemment les portes vers l'ensemble du système financier.

La question de la redistribution est au centre de la problématique du financement du logement. Elle ne relève pas d'une discussion idéologique sur la nécessité ou non de subventions pour loger les pauvres, mais plutôt d'une réflexion sur la nature et l'efficacité des subventions.

Le débat sur la politique fiscale est essentiel si l'on veut être en mesure d'accompagner financièrement les ménages dans l'accès au logement.

73 La Problématique de la fiscalité immobilière : La problématique de la réforme de la fiscalité immobilière va bien au delà de la mesure des recettes perçues et des avantages par le secteur, La question fondamentale de la fiscalité immobilière est de savoir si elle est un instrument qui favorise la production de logements en quantité suffisante et qui assure le financement

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Le système de financement du logement se caractérise par une série de contraintes qui empêche son développement au rythme qui répondrait à l'ampleur des besoins en logements, en général, et à ceux du logement social, en particulier.74

Ainsi, la faible implication des structures bancaires dans le financement du logement peut s'analyser au regard de la modestie du nombre de logements financés via des crédits bancaires comparativement aux besoins de la population à faible revenu.

Il s'ensuit qu'une masse importante de ménages potentiellement accessibles au crédit du logement en est exclue.

Pour cause on invoquerait l'insolvabilité des bénéficiaires potentiels des crédits, le risque lié aux ménages dépourvus de revenus stables étant un effet dissuasif sur les entités bancaires. A cela s'ajoutent des limites liées aux conditions peu attractives de prêt (taux d'intérêt élevé), à l'absence du financement à long terme et à l'inexistence de mécanismes de mobilisation des ressources financières au profit des salariés.

Le système des aides publiques n'offre, du reste, aucune garantie à cette catégorie de ménages. a- Le rôle de l'Etat dans la prise en charge financière 75

Au Maroc en 1994, le gouvernement a lancé un programme de construction de 200.000 logements sociaux dans le but de répondre à une demande de plus de 150.000 logements par an et aussi de combler un déficit toujours plus important de logements. En 2002, seule un peu plus de la moitié des constructions prévues a été réalisée et n'a profité qu'à la classe moyenne. Les critères imposés aux banques ne correspondaient pas au profil du client final, soit parce que les droits d'entrée exigés étaient trop élevés, soit parce qu'ils étaient inadaptés. 76

Depuis quelques années, le gouvernement marocain a mis en place un ensemble de mesures susceptibles de débloquer le financement du logement, à savoir :

? Mise en place d'un marché hypothécaire secondaire à travers la titrisation 77 ;

74Il s'agit en l'occurrence de la participation limitée des banques au financement du logement, moins de 20%, l'autofinancement reste dominant avec 80% de la production de logement.

De même, l'encours de crédit immobiliers ne dépasse guère les 31 milliards de dirhams durant la période 1998-2002.Cet encours représente moins de 15% par an du total des crédits à l'économie, alors que dans les pays industrialisés, il est supérieur à 30%.

75 Ministère de l 'Aménagement du Territoire, de l'Environnement, de l'Urbanisme et de l'Habitat Secrétariat d'Etat à l 'Habitat, « L'habitat social au Maroc : Problématique et stratégie d'intervention », Novembre 1999

76 A.SERHANE, « Titrisation et financement de l'habitat social », thèse de Doctorat, Faculté des sciences Juridiques Economiques et Sociales, 2001.

77La titrisation est une technique financière qui consiste classiquement à transférer à des investisseurs des actifs financiers tels que des créances (par exemple des factures émises non soldées, ou des prêts en cours), en transformant ces créances, par le passage à travers une société ad hoc, en titres financiers émis sur le marché des capitaux

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? Généralisation des agréments et avantages accordés au CIH à l'ensemble des banques et sociétés de financement afin de les faire participer au financement de l'immobilier ;

? Autorisation accordée au secteur bancaire de recourir aux emprunts obligataires et aux prêts internationaux garantis par l'Etat, afin de faire face aux contraintes du financement du logement social.

En 2002, le Gouvernement a mis en place le PARHI (Programme National de Résorption de l'Habitat Insalubre) avec un financement conjoint assuré par l'Etat, le Fonds Hassan II, les collectivités locales et le Fonds de solidarité de l'Habitat.

Le privé était appelé à réaliser 60% des opérations et le nombre de constructions exigé pour bénéficier d'exonérations fiscales était fixé à 2500 au lieu de 3500 auparavant.

En 2003, les Pouvoirs Publics ont décidé d'accélérer le programme de lutte contre l'habitat non réglementaire.

Un nouveau plan d'action rendu encore plus urgent après le 16 Mai 2003, supprimant le PARHI du gouvernement précédent, est programmé afin de doubler le rythme de construction et atteindre le cap de 100.000 logements par an. Il est prévu la mise à la disposition des promoteurs privés environ 1000 ha par an à un prix symbolique.

En contrepartie, ces derniers s'engagent à fournir des appartements à un prix de vente n'excédant pas 120.000 DH.

L'ensemble de ces mesures s'inscrit dans un contexte de volonté de désengagement de l'Etat du secteur et de l'encouragement de l'initiative privée. Or, de puissantes contraintes continuent de peser sur le système de financement de l'habitat, provenant de l'insolvabilité de la demande, de la cherté relative des logements construits, de l'absence d'un système national d'épargne logement.78

En effet le secteur de l'habitat au Maroc est un des rares secteurs productifs où la présence de l'État demeure encore très importante.

Cette présence s'exerce à travers un vaste dispositif institutionnel chapeauté par le ministère de l'Habitat en ce qui concerne la production immobilière et par le Ministère des Finances en matière du crédit au logement et de l'aide au financement du logement. 79

Cet état de fait contraste avec les orientations adoptées par le Maroc dans le cadre des réformes économiques et de l'ajustement structurel, qui ont mené à la libéralisation de l'économie et à la privatisation des entreprises publiques dans plusieurs secteurs, y compris le secteur financier.

78 A.SERHANE, « Titrisation et financement de l'habitat social », thèse de Doctorat, Faculté des sciences Juridiques Economiques et Sociales, 2001.

79 CMD.LOÏC CHIQUIER, A.BARALIDES, « Réformes du Financement de l'Habitat au Maroc »,30 Avril 1999

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La base juridique qui régit le financement des logements économiques au Maroc se trouve codifiée dans le texte de 1968.

-Le Décret du 17 décembre 1968. 80

Les principales dispositions de ce décret concernent :

1. Le contrôle du Ministère des Finances.

L'obtention par un Etablissement de crédit de l'agrément oblige celui-ci à être soumis au contrôle des agents du Ministère des Finances et de l'Inspection Générale des Finances (Article 04).

2. Le financement des opérations.

L'Article 06 donne la possibilité aux établissements agréés pour le financement de leurs opérations de recevoir des dépôts du public et d'émettre des bons et des obligations, négociables à la bourse des valeurs, ayant pour garantie les hypothèques prises sur les immeubles des emprunteurs et dont le service de la dette peut être garanti par l'Etat.

3. Les catégories de prêts.

Titre IV : Prêts à la construction et à l'acquisition de logements ; c'est l'établissement agréé qui fixe le taux d'intérêt, après accord du Ministère des Finances, avec un montant maximum de 75% de la valeur immobilière totale.

4. Une hypothèque provisoire.

L'institution agréée a le droit de décliner un droit d'inscription hypothécaire, même lorsqu'il s'agit d'immeuble en instance d'immatriculation

5. Une exonération.

Le décret accorde l'exonération des droits d'enregistrement des actes de prêt.

L'arrêté d'application du Décret de 1968 et ses modifications ultérieures ont établi les critères et avantages suivants pour les catégories de prêt définis au titre IV et titre VI du décret.

80 Décret de 1968 régissant l'octroi des crédits et des avantages aux constructeurs et acquéreurs de logements, C'est un document fondamental régissant l'octroi des crédits et des avantages aux constructeurs et acquéreurs de logements. Afin de mieux comprendre l'impact de ce dispositif sur la construction et le financement du logement et les réticences qu'il est susceptible de présenter aux institutions bancaires

Conditions d'octroi de prêts.

L'attribution du prêt par l'Etablissement de crédit suppose le respect par celui-ci des conditions suivantes :

-Les prêts doivent être sur une première hypothèque (sauf en cas de garantie totale de l'Etat ou de nantissement du fonds de commerce). L'hypothèque constitue une garantie du prêt majoré de 15% pour les intérêts et les frais (Article 09).

-Les contrats hypothécaires sont enregistrés dans les livres fonciers de la conservation foncière (Article 10). La durée des prêts ne peut excéder 25 ans.

-Le remboursement par anticipation est envisageable soit en partie, soit en totalité après l'expiration d'un délai fixé dans le contrat du prêt ; une indemnité à payer par l'emprunteur est prévue et ne peut dépasser six mois d'intérêt sur le montant remboursé par anticipation (Article 15).

-Le taux d'intérêt est fixé par l'Etablissement agréé avec l'accord du Ministère des Finances, sauf pour les prêts effectués pour le compte de l'Etat destinés à la construction et l'acquisition de logements économiques (titre VI) et aux coopératives (titre VII), et dans cette situation, le taux d'intérêt est fixé par le Ministère des Finances.

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Il faut signaler que plusieurs dispositions de ce décret, notamment celles concernant l'octroi des ristournes sur les taux d'intérêt, ont été abolies lors de la loi de finances 2004.

Il y a par ailleurs une segmentation du marché du financement de l'habitat en marché du logement social, marché des coopératives d'habitat, marché des résidents marocains à l'étranger et marché des classes aisées.

Comment sont pris en compte les ménages à faible revenus ? Qui participe le plus au financement ?

Comment sont encouragés les ménages à faible revenu ?

b- Les dispositifs pour l'accession des populations à faible revenu au logement

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams