Projet structurant et impacts environnementaux et sociaux. Cas du projet d'énergie de Kribi/ Centrale à gaz de 216MW et ligne de transport de 225Kv( Télécharger le fichier original )par Eric Martial YOUANDEU DJIEUGOUE université de Yaoundé II - Master II professionnel en gouvernance et développement économique option analyse et évaluation des projets 2011 |
ConclusionEn définitive la prise en compte de l'environnement n'est pas une préoccupation récente. Elle remonte dans les années 1920 avec la théorie des externalités de Pigou qui pose notamment le problème d'internalisation des externalités. Cette théorie propose d'emblée comme solution au problème une taxe dite pigouvienne ou taxe pollueur-payeur. Cette solution a été contestée par certains auteurs en occurrence Coase qui propose comme solution équitable au problème : les permis négociables. Par la suite plusieurs autres solutions ont été proposées à l'instar de la taxe sur émission; les écotaxes; ... Ce soucie constant de vouloir internaliser les externalités a donné naissance à un modèle de gouvernance : le développement durable. Il repose sur trois piliers : l'économie, l'environnement et la population. Il rappelle qu'à long terme, il n'y aura pas de développement possible s'il n'est pas économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable. L'épuisement des ressources naturelles6(*) et la responsabilisation des actes humains (problèmes écologiques dus à l'effet de serre et à la déforestation) sont venus modifier notre perception du progrès économique et social. Le développement durable leur a associé une condition supplémentaire : la satisfaction des besoins présents ne doit pas se faire au détriment des besoins futurs. Croissance et développement économique doivent ainsi respecter un équilibre intergénérationnel. Chapitre II : Prise en compte des enjeux du développement durable dans le contexte camerounaisAu lendemain du sommet de la terre de Rio en 1992, le Cameroun ayant pris conscience des enjeux environnementaux, s'est engagé dans la voie du développement durable à travers une démarche qui visait à définir une politique globale dans le domaine de l'environnement. Le décret N°92/069 du 9 avril 1992 a créé un cadre institutionnel à cet effet : le Ministère de l'Environnement et des Forêts, en Avril 1992, pour la planification et la gestion dynamique de l'environnement. Un Plan d'Action Forestier National (PAFN) a été élaboré en novembre 1995, lequel présentait les enjeux liés au secteur forestier ainsi qu'un ensemble de projets visant le développement économique du secteur dans un cadre d'exploitation durable de la ressource forestière. Le Cameroun a également élaboré en 1996, un Plan National de Gestion de l'Environnement (PNGE). C'est un outil conçu comme base d'orientation stratégique de protection de l'environnement et de mise en valeur rationnelle des ressources naturelles pour un développement durable. Il fixe les grandes orientations de la politique environnementale du Cameroun en termes de stratégies et d'actions à mener, en intégrant à la fois les préoccupations régionales et les priorités sectorielles. Mais c'est l'adoption de la Loi n°96/012 du 05 août 1996 portant loi-cadre relative à l'environnement dans la mise en oeuvre des projets de développement qui marque réellement l'engagement total du Cameroun dans la voie de la protection de l'environnement et du développement durable. De façon concrète, cette loi exige que les promoteurs ou maître d'ouvrage de tout projet qui risque en raison de leur dimension porter atteinte à l'environnement, d'effectuer une étude d'impact environnemental et social(EIES). L'EIES marque la volonté affichée du gouvernement camerounais pour prendre en compte les considérations environnementales et sociales au départ d'un développement économique. En effet, le Cameroun possède l'une des plus grandes biodiversités au monde. Sa végétation offre un condensé de toute la végétation africaine intertropicale, depuis la forêt dense humide au sud, en passant par les savanes boisées du centre, jusqu'aux steppes du Cameroun septentrional et aux forêts et prairies montagnardes à l'ouest. On y trouve au total plus de 8 000 espèces de plantes supérieures, appartenant à 1 800 genres et 230 familles. On estime à plus de 150 le nombre d'espèces endémiques. Pour ce qui est de la faune, le nombre d'espèces de mammifères est estimé à 250 environ, dont 40 sont identifiées comme menacées d'extinction, vulnérables ou gravement menacées. On évalue à 542 le nombre d'espèces de poissons, à 850 le nombre d'espèces d'oiseaux et 330 le nombre d'espèces de reptiles. Ainsi de façon spécifique, les enjeux environnementaux majeurs du Cameroun sont la maîtrise du développement urbain, la lutte contre les pollutions et nuisances, la conservation de la biodiversité, ainsi que la gestion durable des ressources forestières. Ces enjeux vont de pair avec les enjeux du développement humain : lutte contre la pauvreté, santé, éducation, transports, fourniture d'électricité et d'eau potable, développement d'activités économiques durables. C'est en vertu de ces enjeux majeurs que plusieurs normes tant législatives que réglementaires ont été adoptées dans le cadre de l'EIES. Section 1 : les fondements normatifs de l' EIELa normalisation constitue l'une des techniques de réglementation les plus prisées à l'heure actuelle en droit de l'environnement. Cependant cette notion a un statut ambivalent. Les normes environnementales peuvent être soit juridiques, « énoncé sous forme de langage, incorporé à un ordre juridique et dont l'objet est soit de prescrire à des sujets de droit une obligation de faire ou de ne pas faire, soit d'accorder à ces sujets des autorisations de faire ou de ne pas faire, soit d'habiliter des organes de l'ordre juridique à exercer certaines activités selon une certaine procédure » ; soit techniques, dispositions particulières, sous forme de chiffres, taux, tableaux et listes qui ont pour objet de préciser la portée des normes générales de portée plus juridique. Il peut s'agir, selon l'avis général, soit de substance dont le rejet dans un milieu donné est interdit ou réglementé, d'espèces qu'il convient de protéger intégralement ou partiellement, on parlera selon le cas alors de normes de qualité, de produits, de procédés ou d'émission. Mais, ce ne sont pas de ces dernières qu'il s'agit dans cette section. Il est question ici du premier type de normalisation, c'est-à-dire les normes juridiques. Elles s'articulent autour des normes à caractère internationales et celles à caractère nationales. I.1 Les Normes InternationalesLe Cameroun est signataire de conventions, codes, protocoles et accords internationaux qui viennent renforcer les instruments déjà existants au niveau national et surtout qui donnent de la crédibilité à sa politique de gestion efficace de l'environnement auprès des partenaires internationaux. L'article 14(2) de la Loi No 96/12 du 5 août 1996 portant loi-cadre relatif à la gestion de l'environnement (ci-après désignée Loi-cadre de 1996) stipule que «l'Administration chargée de l'environnement doit s'assurer que les engagements internationaux du Cameroun en matière d'environnement sont introduits dans la législation et la politique nationale en la matière ». Le Cameroun a signé et ratifié un certain nombre de conventions internationales qui doivent être prises en compte dans le cadre de l'EIES. Ces conventions sont présentées dans le tableau suivant : Tableau 1 : Conventions internationales pertinentes dans le cadre de l'étude d'impact environnemental au Cameroun
A coté des exigences conventionnelles, l'on enregistre d'autres, formulées par certains partenaires bilatéraux ou multilatéraux de développement. Ces partenaires adoptent des directives opérationnelles sur l'étude d'impact environnemental, lesquelles directives sont spécifiques à chaque catégorie de projet. * 6 rapport Meadows |
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