III.1.1.1.6. Perception selon le milieu
En milieu rural, la pauvreté est perçue comme un
manque de facteur de production qui empêche d'exploiter les produits
existants. Il s'agit notamment de l'insuffisance de moyens financiers, de
l'incapacité à trouver des intrants agricoles et d'appuis
techniques, l'accès difficile à l'eau potable, le mauvais
état des routes....Par contre, dans les milieux urbains, la
pauvreté est perçue comme un manque de moyen de transport,
d'habitation, d'eau potable, de travail...
III.1.1.1.7. Perception selon les groupes sociaux
spécifiques
Les consultations participatives auprès de certains
groupes vulnérables et à risques ont fait le diagnostic
ci-après : pour l'enfant en situation difficile, la pauvreté
se caractérise par le décès ou l'absence de l'un ou
l'autre parent. Pour les personnes vivant avec le VIH/SIDA, la pauvreté
se manifeste par le rejet de la société et pour les personnes
vivant avec handicap, la pauvreté se manifeste par un handicap
physique, mental ou social. D'autre part, les femmes ont parlé
spécifiquement du manque d'accès aux sources de financement
malgré le rôle de plus en plus important qu'elles exercent tant
dans le secteur de la production que dans la survie des ménages
(Idem, p.19).
III.1.2. Efforts nationaux et provinciaux pour la
réduction de la pauvreté en Ituri
Se libérer de la pauvreté requiert une approche
diversifiée, allant au-delà d'habituelles recommandations de bon
sens en matière de bonne gouvernance (économique et
politique).
MULUMBA MUNANGA (MULUMBA, M.A, corruption et
pauvreté, in Congo-Afrique, économie-culture, vie sociale, no
430, décembre 2008) dit que selon lui, six catégories
d'actions s'avèrent essentielles pour réduire la pauvreté
au Congo. Il s'agit de :
1) Investir dans le développement humain, alimentaire,
éducationnel, dans l'eau et les infrastructures sanitaires afin de
favoriser l'émergence d'une main d'oeuvre productive, capable et
participer activement à l'économie nationale et mondiale.
2) Aider les petits agriculteurs à accroitre leur
productivité et sortir de la disette, particulièrement dans les
provinces, districts et territoires ou la population est majoritairement
rurale.
3) Se doter d'infrastructures comme
l'électricité, les routes, les ports et les voies de
communications afin d'attirer des investissements dans les secteurs non
traditionnels.
4) Elaborer des politiques de développement industriel
qui renforcent les activités du secteur privé en mettant l'accent
sur le PME.
5) Mettre l'accent sur les droits de l'homme et sur la justice
sociale afin de promouvoir le bien être de tous et de garantir que les
membres et catégories sociales pauvres et marginalisés dont les
femmes et les filles aient la liberté et les moyens de se faire entendre
afin de peser sur les décisions qui affectent leur existence.
6) Promouvoir la durabilité des ressources
écologiques et améliorer l'urbanisme. Il faut protéger la
biodiversité et les écosystèmes nécessaires
à la vie (propreté de l'air et de l'eau, nutriments du sol, du
foret, de zones de pêche et d'autres écosystèmes
indispensables).
III.1.2.1 Les efforts fournis par le gouvernement
Le gouvernement de la RDC a amorcé plusieurs
démarches dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. En 2006,
le ministère du plan, avait élaboré un plan d'action qui
fournirait au gouvernement issu des élections de 2006, non seulement un
cadre pour la réconciliation nationale et de consolidation de la paix
nationale, mais qui servirait également d'un cadre de
référence de la politique gouvernementale et de convergence de la
coopération avec les partenaires au développement en
matière de relance de l'économie et de lutte contre la
pauvreté. Ce plan se voulait modeste et s'inscrivait dans les objectifs
du court et du moyen terme (2007-2009) ainsi que les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD). Ce plan est connu sous le
nom de Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de
la Pauvreté (DSCRP).
Ce plan ou ce document consistait ; après des
recherches sur terrain ; à voir de quelle manière la
pauvreté croit et de quelle manière la réduire, à
récolter les signes de la pauvreté et à voir comment
contourner les facteurs (besoins fondamentaux non satisfaits, le faible
accès aux services sociaux de base, l'impunité, la corruption,
l'injustice, la détérioration des facteurs de production capital
et travail...) qui influencent la pauvreté.
L'élaboration de ce document s'est
déroulée dans un environnement de sortie d'un conflit
dévastateur et d'une des plus longues transitions politiques de
l'Afrique. Nous croyons qu'il serait mieux, dans le cadre de
l'élaboration d'un tel document, de consulter la population au niveau de
chaque secteur, de chaque collectivité de sorte à récolter
les véritables besoins de cette dernière.
Deepa NARAYAN (Deepa NARAYAN, autonomisation et
réduction de la pauvreté, 2004, p.16) soutient aussi cette
thèse en disant <<...malgré des contextes sociaux,
culturels, économiques et politiques très différents, deux
éléments couramment liés a l'exclusion des personnes
pauvres sont l'impuissance et l'impossibilité de s'exprimer>>
Rappelons qu'il y a cependant lieu de noter que la
stratégie congolaise de promotion de la croissance et de
réduction de la pauvreté a été mise en place en
2006, soit six années après la signature du Pacte du
Millénaire qui a eu lieu en 2000. Si l'on s'en tient à cet
état de choses, on devrait logiquement repousser l'horizon temporel
à 2021 pour la RDC d'atteindre les OMD.
Les infrastructures routières étant quasi
inexistantes, les efforts du gouvernement et ses partenaires(Banque
Mondiale...) ont permis l'amélioration de nouveaux axes routiers qui
facilitent l'accès à de nouvelles zones qui jusque là
étaient enclavées ou inaccessibles par la route. Quelques routes
importantes sont Kisangani - Beni, Kisangani - Bunia... Les routes de dessertes
agricoles au niveau provincial ont aussi vu jour (Bunia-Mahagi). Ces routes
favorisent le transport des produits agricoles des points de production vers
les marchés d'écoulement. En 2003, il était pratiquement
impossible de quitter Bunia et atteindre par véhicule Beni ou Kisangani
en un jour, mais cela est possible en un jour.
N'étant pas asphaltées, ces routes
nécessitent une maintenance permanente, c'est ainsi qu'avec les moyens
locaux, le gouvernement provincial a mis en place un système travaillant
avec les moyens locaux pour la maintenance de routes provinciales à
travers la FONER. Tout cela le gouvernement provincial et national l'a fait
dans le même ordre d'idée de lutter contre la pauvreté.
Ici, les efforts du gouvernement pour la lutte contre la pauvreté sont
à louer et sont palpables.
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