UNIVERSITE MOHAMMED PREMIER
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET
SOCIALES
OUJDA
FILIERE ECONOMIE ET GESTION
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES POUR L'OBTENTION DE LA LICENCE
ES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION
CREATION DE VALEUR ET EVALUATION DE LA PERFORMANCE
FINANCIERE
Présenté par :
Sous la direction du Professeur :
BENABID Fadoua
DERRAZ Mohammed
ANNEE UNIVERSITAIRE 2011/2012
Mes sincères remerciements au professeur M.
DERRAZ et à tous ceux qui m'ont aidé à la
réalisation de ce mémoire par leurs remarques et conseils dont
plus particulièrement mon père Mohammed BENABID.
INTRODUCTION GENERALE
Dans un contexte de mondialisation des économies qui
se traduit par une exigence de compétitivité croissante, les
politiques de management des entreprises sont plus que jamais soumises à
une contrainte de performance. Dans ce contexte, la logique financière,
ou plus exactement celle des marchés financiers, domine et fait de la
création de valeur actionnariale son objectif principal, sinon unique.
La maximisation de cette valeur pour les actionnaires est
devenue le cadre de pensée dans lequel s'inscrit toute politique de
management dans un environnement concurrentiel. Performance et
création de valeur actionnariale sont devenues deux notions
liées l'une à l'autre, au point que la création de valeur
inscrite dans un processus continu et sans cesse croissant est
désormais une notion qui traduit une nouvelle conception de la
performance sous entendue financière : la création de valeur
pour les actionnaires est devenue l'indicateur pertinent de performance
capable de rendre transparent le lien entre les marchés financiers et
la gestion interne des entreprises.
Depuis le début des années 90, une logique de
représentation de l'entreprise axée sur la création de
valeur actionnariale domine (shareholder value). Elle a pour objectif
de présenter un cadre d'incitation pour un mode de management
fondé sur la maximisation de la richesse des actionnaires et, par
conséquent, d'accroitre la valeur de marché de l'entreprise via
l'accroissement de la valeur des actions sur le marché financier.
Deux finalités sont attribuées à
l'adoption de la logique de la création de valeur
actionnariale :
- la création de valeur constitue pour les actionnaires
un indicateur de performance censé mesurer l'accroissement de la valeur
de l'entreprise ;
- la création de valeur constitue pour les dirigeants
d'entreprise un outil de management permettant de prendre des décisions
conformément aux intérêts des actionnaires. Pour ce
faire, « les dirigeants doivent se fixer des objectifs
externes conformes aux attentes des marchés financiers et de se doter
parallèlement d'indicateurs internes de gestion qui permettent aux
différentes unités de mesurer leurs contributions à la
réalisation de l'objectif final. »1(*).
Dans cette approche, la création de valeur
actionnariale est donc considérée autant comme un moyen de
mesure à posteriori de la performance de l'entreprise, qu'un outil de
pilotage stratégique aux mains des dirigeants qui doivent agir en
fonction de la maximisation de la richesse des actionnaires. Ainsi, sous
pression de cette logique adoptée par les grands investisseurs
institutionnels que sont notamment les fonds de pensions, les grandes
entreprises, au nom de la rentabilité, tendent à isoler le
"facteur performance" éliminer tout ce qui est considéré
comme destructeur de valeur : les effectifs du personnel sont ainsi
réajustés pour une productivité plus grande en même
temps que sont pourchassés les temps "morts" dans le processus de
création de valeur.
Si dans cette logique shareholder value, l'objectif
d'une entreprise est de créer de la valeur pour l'actionnaire en la
maximisant, se pose alors la place des autres parties prenantes dans le
processus de création de cette valeur. En effet, si dans une approche
shareholder value, l'objectif ultime est de maximiser la richesse des
actionnaires, une autre approche, baptisée stakeholder value
(valeur partenariale), considère que cet objectif ne peut être
atteint sans la prise en compte des intérêts des autres parties
prenantes au premier rang desquels se situe le personnel salarié. Dans
cette approche, une entreprise ne saurait exister que par la
fidélité de ses partenaires qui contribuent à la
réalisation de ses objectifs.
Ce débat entre les deux approches est
d'actualité2(*), en
raison notamment de la crise financière et économique qui dure
depuis 2007/2008 et les vagues de licenciements qui l'accompagnent et qui sont
pour une partie liés à des raisons de logique financière
qui renvoient à cette conception de shareholder value au point
qu'il est devenu courant de les appeler des licenciements boursiers. Un des
apports nouveaux à ce débat est celui que constitue l'article de
Michael Porter 3(*) en collaboration avec R. Kraemer qui met en
avant l'idée de la shared value, valeur partagée et non
plus exclusivement actionnariale.
Nous n'avons pas la prétention dans ce mémoire
de relever tous les éléments de ce débat. Notre
préoccupation qui constitue l'objet de ce mémoire est plus
modeste. Sachant que la création de valeur actionnariale est
considérée comme un critère de performance en même
temps qu'un outil de management, notre principale question dans le cadre de ce
mémoire est d'étudier le degré de pertinence des fonctions
qui sont attribuées à la création de valeur
actionnariale. Pour ce faire, nous nous sommes posé les questions
suivantes :
- quel est le niveau de fiabilité de la
mesure de la création de valeur actionnariale ? Est-elle mesurable
de manière non contestable pour qu'elle puisse représenter
correctement la performance qu'elle est censée mesurer ?
- En quoi la maximisation de la valeur actionnariale, en
tant que cadre de pensée dominant du management moderne, est
actuellement remise en cause ?
Les développements de notre mémoire se feront en
trois chapitres :
§ L'objet du premier chapitre est d'apporter un
éclairage sur la notion de création de valeur en tant qu'approche
d'évaluation de la performance de l'entreprise. Une entrée en la
matière qui nous semble nécessaire pour aborder tous les contours
théoriques de cette notion en tant que cadre de pensée dominant
qui renvoie à des facteurs explicatifs qu'il convient d'identifier.
§ Le deuxième chapitre est consacré aux
méthodes comptables d'évaluation de la création de valeur
actionnariale synonyme d'indicateur de la performance financière
d'entreprise. Ces méthodes ainsi que les différents ratios
standards pratiqués depuis longtemps par l'analyse financière
sont établis à partir de données susceptibles de subir des
pratiques destinées à favoriser une représentation
comptable avantageuse de la situation de l'entreprise.
§ Les méthodes de source comptable sont remises en
cause quant à leur pertinence par des méthodes à contenu
plus analytique que sont notamment l'EVA ( Economic Value Added = valeur
économique ajoutée) et la MVA ( Market Value Added =
valeur de marché ajoutée). Le troisième chapitre sera
consacré à l'étude de ces deux méthodes,
étude qui portera aussi bien sur leur principe de calcul et sur leurs
limites que sur les implications en termes de management d'entreprise
auxquelles elles ont donné lieu. Ces implications ont consacré la
domination de l'approche shareholder value en tant que conception de
gestion d'entreprise au profit des intérêts des actionnaires.
Les éléments du débat shreholder
value - stakeholder value (valeur actionnariale - valeur
partenariale) relancé récemment par le concept de shared
value de Porter nous serviront, en conclusion générale,
à situer la portée de la problématique de la
création de valeur en termes de mode de management stratégique
d'entreprise.
Pour les développements de ce mémoire nous nous
sommes appuyés sur une bibliographie variée qui est pour une
grande partie présente sur Internet. Notre souci a été de
réussir une compilation à la hauteur des exigences en
matière de méthodologie et d'honnêteté
intellectuelle. Nous avons ainsi multiplié les références
de bas de page en essayant d'être le plus précis possible et nous
avons veillé à ce que tout document
référencé dans ce mémoire soit identifié
par son URL, permettant ainsi sa consultation à tout éventuel
lecteur. A ce niveau, notre souci en réalisant ce mémoire a
été d'apprendre et de respecter une méthodologie de
recherche respectueuse des normes académiques.
* 1 Barneto P, Gregorio G.,
Finance, Dunod, 2011, 784 pages, page 229.
* 2 Cf. par exemple :
*Mottis N., Performances financières et
performances sociales sont-elles compatibles ?, Le Monde de
l'économie du 19 juin 2012. Document disponible sur
Internet :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/06/19/performances-financieres-et-performances-sociales-sont-elles-compatibles_1720957_3234.html
* Association Entreprise et progrès, La valeur
entrepreneuriale, afin de retrouver le sens de l'entreprise et
l'équilibre nécessaire entre développement
économique et développement social, Rapport paru dans Les
cahiers d'Entreprise et Progrès, Avril 2012, 27 pages.
Document téléchargeable sur Internet :
http://www.entreprise-progres.net/.
* Aglietta M., Les trois piliers de la valeur
partenariale, Enjeux Les Echos, septembre 2011. Document
disponible sur Internet :
http://www.ifge-online.org/docftp/2011-09-02~1717@ENJEUX_LES_ECHOS.pdf
* Vatteville E., La création de valeur : de
l'exclusivité actionnariale à la diversité
partenariale ?,
Management & Avenir, 2008/4 n° 18, p.
88-103. Document disponible sur Internet :
http://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2008-4-page-88.htm
* 3 Porter M.et Kraemer R,
Creating Shared Value, Harvard Business Review, Janvier
2011. Document partiellement disponible sur Internet :
http://hbr.org/2011/01/the-big-idea-creating-shared-value/ar/1.
Voir un compte rendu de cet article dans Alternatives économiques, Mars
2011, Dossier L'actualité du management et de la
gestion, Dossier Web n° 55, Mousli M., La valeur partagée, un
nouveau concept de Porter
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