CHAPITRE 5: ANALYSE DES RESULTATS
ET SUGGESTIONS
Après nos analyses, il convient de vérifier si
nos hypothèses sont confirmées ou infirmées.
Seul l'hypothèse H3 : « Les
femmes des ménages de niveau de vie faible sont plus
irrégulières aux soins prénatals que les femmes des
ménages dont le niveau de vie est élevé » est
confirmée.
Cependant l'hypothèse H1 : Les
femmes multipares font moins de CPN que les primipares, ne peut être
vérifiée car la parité atteinte par la femme n'est pas
significative au niveau de l'analyse économétrique.
De même l'hypothèse H2 : Les femmes
qui ont une activité économique sont plus
régulières aux CPN que les femmes qui n'ont aucune
activité économique, ne peut être vérifiée
car nous avons constaté au niveau de l`analyse descriptive que les
femmes sans activité économique font plus recours aux soins
prénatals que celles qui travaillent dans le secteur agricole. De
même, au niveau brut de l'analyse économétrique, nous
remarquons que les femmes qui travaillent dans le secteur agricole courent plus
le risque d'être irrégulières aux CPN que celles n'ayant
pas d'activité économique.
Cette situation peut être dû aux les exigences
des travaux agricoles (préparation du champ pour la culture, le labour,
la semence, le sarclage des mauvais herbes, surveillance contre les manges
mils, la récolte) qui nécessites plus de temps et donc plus de
disponibilité des acteurs pour faire face à ces
différentes activités. Ceci ne permet pas aux femmes paysannes de
respecter le calendrier et les rendez-vous préétablit des
consultations prénatales, surtout que ces activités ne peuvent
pas être programmées à des dates mais dépendent des
intempéries.
- Les Facteurs positivement associés
à l'irrégularité aux CPN
L'analyse bivariée a
révélé que les taux d'irrégularité les plus
élevés aux CPN sont enregistrés au niveau des femmes
illettrées, analphabètes, sans activité économique
bien rentable, âgées de plus de 35 ans, ayant connu plusieurs
naissances vivantes, vivant dans des ménages pauvres, dont les conjoints
sont illettrés. Elles n'ont pas le dernier mot concernant leur propre
santé, ont effectué tardivement leur CPN1 et n'ont pas toujours
bénéficié de bons soins quand elles se présentent
à une CPN.
L'examen du premier plan factoriel issu de l'analyse
multivariée (ACM) fait remarquer deux groupes d'association des
modalités de nos variables, dont le premier est celui qui
caractérise les femmes irrégulières aux CPN. Dans ce
groupe nous avons des modalités comme : conjoint non instruit,
ménage pauvre, ménage dirigé par un homme, femme non
instruite, primipare, secteur d'activité agricole, CPN1 effectué
après trois mois de grossesse, mauvaise qualité des soins.
Après l'analyse économétrique nous
retenons que la pauvreté, les activités agricoles,
l'analphabétisme, la CPN1 tardive (effectuée à partir du
deuxième trimestre), des soins prénatals de mauvaise
qualité ont une influence positive sur l'irrégularité aux
CPN.
- Les Facteurs
négativement associés à l'irrégularité aux
CPN.
Par opposition aux facteurs qui conditionnent
l'irrégularité aux CPN, la richesse, l'alphabétisation, la
bonne qualité des soins et la CPN précoce sont entre autres les
facteurs qui peuvent contrecarrer l'irrégularité aux CPN.
En définitive, le stade de la grossesse à la
CPN1, le niveau de vie des ménages, l'alphabétisation de la
femme, la qualité des soins prénatals, les conditions d'offre de
ces soins prénatals en milieu rural à travers les
départements sont autant de paramètres qui peuvent justifier
l'irrégularité des femmes rurales aux CPN et sur lesquelles on
peut agir pour améliorer cette situation.
Cette étude ne prétend pas aborder tous les
facteurs qui expliquent l'irrégularité aux soins prénatals
en milieu rural, en particulier l'indicateur sur l'accessibilité
géographique des SMI (distance entre le centre de SMI le plus proche et
le domicile de la femme enceinte) qui n'est pas disponible dans notre base.
Elle ne tient pas compte du stade de grossesse à chaque CPN
effectuée. Aussi, la nature des données ne nous a-t-il pas permis
de bien opérationnaliser notre indicateur de qualité des CPN.
Cependant, elle nous a apporté des résultats qui permettent de
mieux comprendre l'influence des différentes variables utilisées
sur l'irrégularité aux CPN, et qui nous amènent à
suggérer aux différents décideurs et acteurs
sanitaires à divers niveaux ce qui suit:
? Stimuler la demande des services de soins prénatals
en sensibilisant la population (femmes et chefs de ménages) sur la
nécessité de recourir à un centre de SMI pour les femmes
enceintes même quand elles ne sentent pas des malaises. Les messages
à transmettre devraient donc porter sur les risques des complications de
grossesse et ses conséquences, sur les avantages des CPN et surtout sur
l'importance de la CPN1 précoce. Les programmes d'alphabétisation
en langues locales peuvent être utiles pour véhiculer ces
messages. Ils doivent cibler particulièrement les femmes qui travaillent
dans le secteur agricole.
? Subventionner les consultations prénatales en milieu
rural pour minimiser les risques d'exclusion financière aux
dépens des plus pauvres afin d'augmenter les taux des consultations
prénatales ce qui réduirait aussi les risques d'accouchement par
césariennes.
? Augmenter les crédits destinés à la
couverture des dépenses de fonctionnement et d'investissement
(dépenses en capital) pour l'acquisition des équipements
(appareil échographique) nécessaires pour des soins
prénatals de qualité, les distribuer convenablement entre les
centres SMI des départements afin d'assurer un équilibre dans
l'offre de ses soins sur tout le territoire.
? Accorder plus d'importance à la
qualité des services dans les unités villageoise de santé.
Une attention particulière devra être portée sur la
compétence du personnel, la notoriété et surtout l'accueil
des femmes. Le personnel de santé doit en plus être
motivé.
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