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L'utilisation des robots militaires dans les conflits

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par Thomas Sadigh
Université Paris Sud-11 - M2 droit public international et européen 2013
  

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4. Application de l'interdiction des armes désignées et interdites dans les conventions

Il ne faut pas dans la pratique que le robot (qui lui-même ne figure dans aucune convention comme arme interdite), soit équipé de l'une de ces armes interdites. Car alors, comme on l'a montré cela rendrait l'arme globale interdite.

B) Application du régime relatif à l'utilisation des robots militaires

1. Application du principe de distinction

? Cas général

Il faut que l'opérateur fasse la distinction entre civils et militaires. La technologie est très sophistiquée et les opérateurs disposent de nombreuses informations sur leurs cibles. Mais ils n'ont pas de vue directe sur la cible. Les caméras frontales des robots, d'après ce que les médias ont divulgués sont parfois primitives9. Elles sont utilisées de manière combinée avec d'autres capteurs comme des capteurs thermiques. Mais cette relativement faible définition des images, est une limite à prendre en compte lors de la distinction entre cibles civiles et militaires.

? Application de l'obligation relative au doute

En particulier le DIH impose qu'en cas de doute sur la qualité de combattant ou de civil, de la cible, la cible soit considérée civile et épargnée.

Ce doute dans le chef de l'opérateur peut apparaitre dans la pratique et dans certains cas être dû à la faible résolution des caméras du robot. Alors, l'opérateur doit considérer la cible comme civile et l'épargner.

Si les images transmises par le robot ne sont pas assez claires, une attaque contre des cibles données, malgré le doute quant à la qualité de civil ou militaire de la cible est une violation de l'obligation de distinction.

? Application de l'obligation de distinguer les combattants hors de combat

Le DIH interdit d'attaquer toute personne « reconnue, ou devant être reconnue, eu égard aux circonstances » comme combattant hors de combat (PA1, art 41).

Cette exigence peut être remplie par l'opérateur d'un robot militaire même au travers des informations que lui transmettent les capteurs du robot. Dans la pratique, il peut reconnaitre l'Etat d'un combattant.

Mais la notion de personne hors de combat inclue, la personne qui « exprime clairement son intention de se rendre »

Mais comment le combattant pris pour cible par un robot militaire peut-il exprimer son intention de se rendre ? Comment peut-il se rendre ?

On peut relever 3 cas susceptibles de se rencontrer dans la pratique.

_Si le combattant hors de combat exprime son intention de se rendre à des militaires au sol, alors que, de son côté l'opérateur le prenait pour cible, alors, l'opérateur ne doit pas attaquer le combattant hors de combat. Dans cette hypothèse la difficulté est que l'opérateur doit être capable de comprendre le comportement du militaire qui se rend. Or, il peut être assez subtil d'apprécier que le militaire exprime son intention de se rendre depuis un cockpit de pilotage de robot à travers des écrans d'ordinateur. Il semble que ce n'est pas le cas type qu'un robot militaire rencontre dans la pratique actuelle.

_Pour que le combattant hors de combat puisse se rendre, il faudrait que des militaires appartenant à la même partie que l'opérateur qui dirige le robot, soient à proximité pour capturer le militaire hors de combat. Quels cas cela peut recouvrir ? A qui le militaire hors de combat doit il exprimer son intention de se rendre ?

Un cas possible est que le combattant pris pour cible exprime son intention de se rendre à l'opérateur, par l'intermédiaire du robot. Dans la pratique actuelle cela parait très difficile à appliquer car les attaques sont très rapides. Mais cela est possible pour le futur si les militaires connaissent mieux les drones et que de bonnes pratiques s'installent entre les Etats.

Même alors, il faudrait que les militaires du même camp que l'opérateur soient informés, par exemple par l'opérateur qu'un combattant hors de combat souhaite se rendre pour pouvoir venir le capturer.

_Un autre problème est le cas où le militaire exprime son intention de se rendre à l'opérateur à travers les caméras du robot. L'opérateur alors reconnait un militaire hors de combat, mais il n'y a aucune troupe au sol pour capturer le militaire. Que doit faire l'opérateur du drone ?

D'après le DIH, un tel militaire est une cible protégée donc il ne peut pas être attaqué même s'il ne peut pas pratiquement être capturé.

En conclusion, il peut être difficile pour l'opérateur de reconnaitre une personne hors de combat.

En outre, il est très difficile dans la pratique pour un opérateur de reconnaitre qu'un militaire cible exprime son intention de se rendre.

? Application de l'obligation de distinguer les personnes affectées à la protection civile

La difficulté est celle pour l'opérateur de les reconnaitre malgré les limites techniques éventuelles dans la transmission des informations des capteurs au cockpit de pilotage. Alors, l'obligation relative au doute peut s'appliquer aussi. Cela ne pose pas de difficulté particulière dans la pratique.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote