SECTION 3. TORTURE ET VIOLATION D'AUTRES DROITS DE
L'HOMME
La pratique de la torture a des conséquences sur
d'autres droits de l'homme. Ce lien entre la torture et d'autres droits de
l'homme trouve sa justification dans le caractère interdépendant
des droits de l'homme qui affirme que les droits de l'homme sont tellement
liés entr'eux au point que la violation d'un droit entraine la violation
d'autres.
Ainsi, d'une part, la torture entraine les disparitions et
exécutions sommaires ou arbitraires (§1) et, d'autre part, il
existe de violations de certains droits qui mènent à la pratique
de la torture (§2).
§1. Tortures, disparitions et exécutions
sommaires ou arbitraires73
De nombreux cas de torture ont été
signalés en même temps que des cas de disparitions ou
d'exécutions sommaires. Dans plusieurs pays, des personnes ont disparu
après avoir été appréhendées par des
militaires ou des policiers en uniforme ou enlevées par des groupes
armés d'individus en civil qui, dans certains cas, s'étaient fait
passer pour des agents de la sécurité. Ces enlèvements
auraient eu lieu sur l'ordre des autorités ou avec leur assentiment.
Celles-ci ont prétendu n'en rien savoir et les victimes, mises au
secret, ont été torturées pendant leur interrogatoire,
souvent dans des centres de détention tenus secrets. Certaines d'entre
elles, plus heureuses, ont été relâchées et ont pu
témoigner.
72 Ibid.
73 Voir E/CN.4/1936/15 du 19 février 1986,
Op-cit, p.35
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D'autres ont été retrouvées dans des
charniers, des fossés, le long des routes ou dans des décharges;
leurs corps portaient des traces de torture et souvent de mutilation. Dans un
certain nombre de cas, les autorités ont expliqué qu'il
s'agissait de victimes de groupes armés d'opposition et ont nié
toute participation d'agents des pouvoirs publics. Dans d'autres, elles ont
prétendu qu'il s'agissait de guérilleros tués lors
d'affrontements armés avec les forces de sécurité. Les
autorités ouvrent rarement des enquêtes sur ces
décès.
Dans un certain nombre de cas, des personnes ont
été arrêtées par des agents de la
sécurité, arrestations que les autorités ont reconnues.
Toutefois, les victimes ont été mises au secret et
torturées et sont mortes sous la torture ou des suites de la torture.
Les autorités ont souvent prétendu que les détenus
s'étaient suicidés, qu'ils étaient morts d'une crise
cardiaque ou d'autres maladies ou qu'ils avaient été tués
par accident alors qu'ils tentaient de s'échapper ou au moment de leur
arrestation. Il est aussi arrivé qu'aucune explication ne soit
donnée. Il y a rarement eu autopsie ou enquête post-mortem. Il
convient de noter que, le secret entourant de telles pratiques, seul un
très petit nombre de cas ont été portés à
l'attention du public.
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