Résumé
Les zones rurales du Cameroun connaissent des taux de
sous-emploi très élevés. Pendant les périodes de
soudure caractérisés par un ralentissement, voire une absence
d'activités agricoles, les populations sont particulièrement
affectées par une absence de revenus. L'absence d'infrastructures dans
ces zones conjuguée au manque d'entretien de celles-ci ont pour
conséquence un exode massif des jeunes vers les métropoles
à la recherche de l'emploi qu'ils sont incapables de trouver sur
place.
Les travaux à haute intensité de main d'oeuvre
(HIMO) constituent un transfert social efficace pour résorber le
problème de sous-emploi dans les campagnes. Selon le Bureau
International du Travail (BIT), les HIMO désignent les méthodes
qui combinent des équipements légers avec de la main d'oeuvre
dans un mélange optimal afin d'assurer la qualité et minimiser
les coûts lors de la création ou de la réhabilitation des
infrastructures.
Il ressort ainsi de cette définition que les HIMO
allient efficience et efficacité dans la mesure où ils permettent
de procurer un maximum d'emplois aux pauvres tout en facilitant la
création et la réhabilitation à moindre coût des
infrastructures dont les premiers utilisateurs ne sont autres que les
travailleurs HIMO.
Le Gouvernement Camerounais a adopté en 2008 une
déclaration pour la promotion des approches intensives en emplois
assortie d'un document explicitant la stratégie de promotion des HIMO.
Depuis lors, plusieurs projets pilotes ont vu le jour. Toutefois, malgré
la volonté politique qui se manifeste relativement à
l'appropriation des approches HIMO, les possibilités de promouvoir
l'emploi par les techniques HIMO restent inutilisées ou
sous-exploitées à cause de la réticence de certains
acteurs.
Les projets pilotes mis sur pied depuis une dizaine
d'années tardent à se déployer véritablement dans
les zones rurales. Leur impact sur la réduction de la pauvreté
reste à démontrer. Par ailleurs ces programmes fonctionnent de
manière disparate sans coordination, toute chose qui rend encore plus
difficile la collecte des données pour un suivi et une évaluation
adéquats.
Le présent mémoire constitue en
réalité un véritable plaidoyer pour la mise en oeuvre
d'une politique plus agressive et audacieuse afin d'explorer au maximum ce
vivier d'emplois que constituent les travaux à haute intensité de
main d'oeuvre.
Le passage de la phase pilote des projets actuels à la
phase exécutoire s'avère désormais nécessaire pour
rattraper le retard qu'accuse le Cameroun dans ce domaine.
La création d'un organisme unique de gestion de tous
les travaux à haute intensité de main d'oeuvre au Cameroun
constitue un pas décisif vers l'intégration des HIMO dans un
socle plus large de protection sociale.
Les HIMO devraient jouer dans le futur un rôle majeur
dans la mise en oeuvre d'une politique cohérente d'emploi en zone
rurale. Ce n'est qu'à ce prix que ce « vivier d'emplois » que
constituent les HIMO pourra être exploité de façon
efficiente et permettre au Cameroun d'atteindre l'objectif numéro 1 du
millénaire à savoir « réduire l'extrême
pauvreté et la faim ».
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