II.3.3. Les retombées pour l'Etat central
L'Etat tire des avantages des actions menées par le
FICOD-B et les autres projets et programmes de développement. Les
nombreux centres de santé et les écoles réalisées
par le FICOD-B s'insèrent dans le dispositif global des
ministères en charge de la santé et de l'enseignement de base. Le
Burkina Faso dispose de faibles moyens pour subvenir aux
124 YONLI Koana Marc, maire de la commune rurale de Tambaga, le
mardi 25 septembre 2007.
125 SOFRECO, 2005, Rapport d'évaluation interne,
Fada N'Gourma, p. 15.
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besoins de la population, c'est pour cette raison que dans la
Lettre Politique de Développement Rural Décentralisé
(LPDRD), il est recommandé « l'implication des
opérateurs privés, des ONG et des structures associatives dans la
mise en oeuvre des plans locaux de développement par des prestations de
services variées sur des bases contractuelles ».126
Le FICOD-B intervient dans la droite ligne édictée par l'Etat.
Les réalisations du FICOD-B permettent à l'Etat de limiter ses
dépenses en matière d'investissements. Son rôle consiste
uniquement à envoyer des fonctionnaires et à appuyer
financièrement et techniquement les communes dans la gestion des
infrastructures. L'apport du Fonds ne peut qu'être apprécié
positivement par l'Etat à travers ses structures
décentralisées.
La Région de l'Est et la province du Koulpélogo
sont des zones où l'accès aux infrastructures
socio-économiques demeure encore limité.127 La
coopération allemande, à travers les interventions du PFA puis du
FICOD-B, a largement contribution à l'amélioration des conditions
de vie des populations de la zone grâce à d'énormes
investissements dans la réalisation des infrastructures. La zone a
beaucoup bénéficié d'écoles, de centres de
santé et autres types d'ouvrages.
Dans toutes ses interventions, le FICOD-B collabore avec tous
les acteurs concernés c'est-à-dire les populations à la
base, les élus locaux et les services techniques
déconcentrés. En effet, « le développement local
implique (...) une stratégie participative et une
responsabilisation des citoyens envers les collectivités. Le
développement local s'appuie sur les forces endogènes et fait
appel à une volonté de concertation ».128 Le
Projet, dans son appui aux collectivités territoriales, contribue par la
même occasion au développement local qui « doit prendre
en compte les grandes orientations nationales et sectorielles en matière
de développement ».129
126 MEDEV, 2006, Bilan de la mise en oeuvre de la Lettre de
Politique de Développement Rural Décentralisée
2002-2005, p. 17.
127 MEDEV, 2005, Burkina Faso, région de l'Est,
Cadre Stratégique Régional de Lutte contre la Pauvreté,
Ouagadougou, p. vii.
128 PREVOST P., sd, Le développement local : Contexte
et justification, Sherbrooke, Institut de recherche et d'enseignement pour
les coopératives de l'Université de Sherbrooke, p. 16.
129 OUEDRAOGO M., La communalisation en milieu rural : les
élus locaux peuvent-ils relever le défi ?, Ouagadougou,
L'Harmattan, p. 52.
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Le FICOD-B intervient dans plusieurs domaines car le
développement local « intègre aussi bien des dimensions
sociales qu'économiques ».130 C'est dans cette
logique que le Fonds a contribué à la fois à la
réalisation des infrastructures sociales comme les écoles, les
CSPS et dispensaires, les communautaires, et des infrastructures marchandes. Le
développement local doit être envisagé de manière
globale. Il engage la société sous tous ces aspects et dans tous
les domaines. En somme, « c'est une vision du local dans le global
»131 où les populations à la base et les
élus locaux travaillent à partir des potentialités de leur
territoire et des appuis financiers et techniques extérieurs.
Une des forces du FICOD-B et qui est reconnue par les
populations bénéficiaires est la qualité des
bâtiments. Ce sont des ouvrages qui sont à la fois solides et
respectueux des normes définies par l'Etat.132 C'est une des
raisons pour lesquelles le Fonds est toujours sollicité par les anciens
bénéficiaires du PFA et de nouveaux demandeurs qui ont fait le
même constat. La plupart des demandes de financement aujourd'hui sont
faites sur la base de l'expérience du PFA qui n'a pas du tout
été décevante, sinon les élus locaux sur
recommandations des populations se seraient orientés vers d'autres
structures. Ils estiment que le FICOD-B est une suite logique et efficace du
Projet Fonds d'Autopromotion.
Dans la zone d'intervention du FICOD-B, on sent la
fierté, la joie et le soulagement des populations pour avoir
bénéficié des infrastructures qui améliore leur
qualité de vie. Par contre, elles qualifiaient parfois de
démagogiques les promesses des chargés de projets parce qu'elles
ont déjà été trompées ou escroquées
auparavant. Dans le village de Koulpissi, dans la commune de Diabo (province du
Gourma), personne n'a cru un seul instant en la réalisation d'un CSPS
jusqu'à ce que l'entrepreneur commence les travaux133. Il y a
eu aussi des cas où les bénéficiaires ont pensé que
le FICOD-B était un parti politique parce qu'elles ne pouvaient imaginer
un instant devenir propriétaires d'infrastructures
désespérément souhaitées. Après avoir
constaté que c'était une organisation apolitique, elles ont, tout
de même, demandé au Projet des consignes de votes pour les
différentes élections. Le FICOD-B s'est évidemment abstenu
de se prononcer et a demandé à chacun de choisir le candidat en
qui il croyait.
La pérennisation et l'appropriation de ces
infrastructures seront assurées par les différents comités
sous le contrôle de la commune. De ce côté, il n'y a pas
trop de souci à se faire. Notre
130 PREVOST P., sd, Le développement local : Contexte
et justification, Sherbrooke, Institut de recherche et d'enseignement pour
les coopératives de l'Université de Sherbrooke, p. 16.
131 OUEDRAOGO M., La communalisation en milieu rural : les
élus locaux peuvent-ils relever le défi ?, Ouagadougou,
L'Harmattan, p. 52.
132 CONGO Anatole, proviseur du lycée municipal de
Koupéla, le mercredi 31 octobre 2007.
133 OUEDRAOGO Gaétan, chargés de projets au
FICOD-B/Est, le mardi 23 octobre 2007.
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seule déception est la mauvaise gestion des centres
communautaires qui, malgré leurs équipements, ne sont pas
utilisés de matière efficiente.
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