I.2. Le suivi des projets
Tout projet qui a été exécuté doit
être suivi pour en connaître les impacts. Selon le FICOD-B, «
le suivi des impacts vise à apprécier dans quelle mesure la
réalisations des différentes actions du programme aura permis
d'atteindre ses objectifs de développement ».116 Le
FICOD-B suit les infrastructures qu'il a aidées à réaliser
dans le but de voir si elles fonctionnent normalement et qu'elles sont utiles
aux bénéficiaires. Le suivi est un contrôle permanent des
projets sur une période prolongée. Le temps du stage (3 mois) n'a
pas permis de suivre l'évolution des projets sur une longue
durée, mais un certain nombre de constats ont été
possibles. Ces constats concernent aussi bien des aspects négatifs que
des aspects positifs.
Comme aspects négatifs dans l'exercice de suivi des
projets, nous avons :
115 OUEDRAOGO Gaétan, chargé de projets au
FICOD-B/Est, le vendredi 07 décembre 2007.
116 Manuel de procédures techniques du FICOD-B, sd,
p. 15.
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- parfois, le manque d'engouement des
bénéficiaires. En effet, sur le terrain, la remarque a
été faite que dans certaines localités, les
bénéficiaires ne font pas preuve de motivation dans la gestion de
leur ouvrage. Le manque d'engouement concerne généralement les
infrastructures qui ne sont pas sous la tutelle de l'Etat. Cette remarque
touche généralement les centres communautaires qui ont
été délaissés dans les localités de
Bartiébougou, Bilanga, Namounou et Tambaga. Les gestionnaires ne
trouvent généralement pas d'explication valable justifiant ce
délaissement. Ils donnent plutôt l'impression que c'est le FICOD-B
qui a intérêt à ce que les centres fonctionnent alors
qu'ils en sont les propriétaires. Les chargés de projets sont
obligés de faire pression pour que la gestion évolue positivement
;
- l'insuffisance de moyens dans l'entretien et l'extension des
infrastructures. Les comités de gestion sont généralement
limités dans la gestion quotidienne des ouvrages surtout quand ils
doivent faire face à des obstacles économiques d'un certain
niveau. Au CEG de Mahadaga, dans la commune de Logobou (province de la Tapoa),
le directeur est confronté à un déficit de tables-bancs
(35 à 40) que l'APE ne peut combler avec ses faibles
ressources.117 Ce manque de moyens est dû, selon le directeur
du CEG, à la réduction du coût des frais d'inscription de
50 %, et au retard dans l'arrivée des subventions de l'Etat. Le manque
à gagner est tel que l'APE ne peut que se tourner vers le FICOD-B pour
un soutien. Le manque de tables-bancs a été remarqué dans
d'autres centres scolaires comme l'école primaire de Banga, dans la
commune de Bilanga. Ayant bénéficié d'une infrastructure,
les communes n'ont pas les moyens de faire l'extension et/ou la normalisation
de leurs infrastructures quand leur capacité d'accueil devient faible.
Le problème d'extension et de normalisation concerne les écoles,
les CSPS et les marchés. Les collectivités territoriales
n'arrivent pas avec leurs propres moyens à terminer le travail
commencé par le FICOD-B. Elles ont à chaque fois recours au
Projet ;
- le passage des CVGT au CVD. Des lenteurs ont
été constatées à ce niveau. Une première
date limite (le 31 octobre 2007) avait été donnée pour la
mise en place des CVD mais elle n'a pas été respectée. La
seconde échéance va jusqu'au 31 décembre 2007 et jusqu'en
décembre nous avons encore trouvé des CVGT solidement en place.
Pour que l'appropriation des ouvrages par la commune soit une
réalité, il faut que les CVD s'installent afin qu'il y ait une
passation des patrimoines ;
117 COMBARY Yempabou, directeur du CEG de Mahadaga, le mardi 25
septembre 2007.
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- le comportement difficile de certains élus locaux.
Les chargés de projets travaillent avec certains élus locaux qui
ne sont pas coopératifs alors qu'ils ont tout à gagner dans cette
collaboration. Ce comportement difficile a des répercussions sur les
instructions des projets (sérieux retards) et même sur ceux qui
ont été déjà réalisés. La mauvaise
conduite des élus se ressent au niveau des passations de marchés
car ils veulent tout simplement avoir des intérêts (pots-de-vins)
sur les parts de marchés des entreprises. Le manque de
coopération se ressent généralement lorsqu'il s'agit des
projets sociaux (écoles, centres de santé, caisses villageoises,
etc.) pour lesquels les communes ne peuvent pas espérer avoir des
recettes pour leurs budgets. Il y a aussi des maires qui se comportent comme
des "dictateurs locaux" à tel point que les exécutions de projets
traînent en longueur dans leurs communes. Nous préférons
ici ne pas citer de noms afin d'éviter de provoquer un différend
entre ces derniers et le FICOD-B. Heureusement, ils ne sont pas nombreux dans
la zone d'intervention du Projet.
Le suivi des projets a, tout de même, permis de
remarquer plusieurs aspects positifs :
- la bonne qualité des bâtiments de
manière générale : nous avons constaté que les
infrastructures du FICOD-B sont de très bonne qualité selon les
bénéficiaires.118 Cette qualité s'explique par
la rigueur avec laquelle les travaux de chantiers ont été suivis
à la fois par les chargés de projets et les différents
bureaux de contrôle. Nous déplorons, tout de même, la
qualité des bâtiments qui ont été
réalisés entre 1999 et 2001. A ce niveau, certaines
réhabilitations doivent être faites pour que ces infrastructures
respectent les nouvelles normes en vigueur. Il y a aussi d'autres ouvrages qui
sont dégradés comme les logements d'infirmiers à
Bassiéri dans la commune de Gayéri119 ou encore
à Kotchari dans la commune de Tansarga.120 Il est difficile
d'y loger pendant la période hivernale à cause des fuites dans la
toiture. Pour des infrastructures réalisées en 2004, ces failles
relèvent-elles de la responsabilité du FICOD-B ou du manque de
rigueur des COGES ?
- la fréquentation des infrastructures : pour ce qui
est des centres scolaires et de santé, la satisfaction est totale. En
effet, toutes les infrastructures dont le FICOD-B a contribué à
la réalisation ont été immédiatement
utilisées de manière optimale par les
bénéficiaires. Au niveau des CSPS, tous les infirmiers que nous
avons rencontrés à Bassiéri, Koulpissi (commune de Diabo),
Tanwalbougou (commune de Fada
118 YADGO Jacques, responsable de l'antenne provinciale du
FICOD-B/Est de la Gnagna, le 27 septembre 2007.
119 DICKO, chef de poste au dispensaire de Bassiéri, le
mardi 24 juillet 2007.
120 SABA B. Maurice, infirmier au CSPS de Kotchari, le mercredi
14 novembre 2007.
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N'Gourma), Kotchari (commune de Tansarga), Tambarga (commune
de Madjoari dans la Kompienga) et Nagré (commune de Logobou) sont
satisfaits de l'affluence qui dépasse leurs espérances. Pour les
écoles primaires et secondaires, le constat est également pareil.
Les différents responsables sont même débordés par
le nombre de demandes. Le CEG de Mahadaga compte près d'une centaine
d'élèves dans les classes de 6ème et de
5ème.121 La situation du CEG de Tibga (province du Gourma)
connaît la même situation.122 Les lycées
communaux de Gayéri et de Bogandé qui doivent ouvrir pour
l'année 2007-2008 ont déjà reçu d'énormes
demandes d'inscriptions. Au niveau de l'enseignement primaire, le nombre
d'écoliers varie d'une zone à l'autre mais les moyennes
générales de fréquentation sont excellentes. Les
marchés ordinaires et le marché à bétail
connaissent une bonne affluence les jours de marchés. Les
problèmes majeurs se situent au niveau des centres communautaires.
Malgré le fait qu'ils soient, pour la grande majorité,
équipés (Télévision, magnétoscope, antennes
paraboliques Canal Sat, bancs, groupes électrogènes), nous avons
remarqué qu'ils ont toujours portes closes alors que les gestionnaires
de ces centres ont bénéficié d'une formation en gestion
des centres communautaires en juillet 2007. Les responsables n'arrivent pas
à donner d'explications valables sur cette non utilisation de ces locaux
;
- l'organisation pour l'entretien des infrastructures. En
effet, tous les projets d'infrastructures réalisés avec le
FICOD-B ont des COGES, des APE et des AME dans certains cas. La présence
de ces structures chargées de suivre le fonctionnement des ouvrages
montre que les populations ont le souci de s'approprier les infrastructures
dont elles ont bénéficié. Ces comités de gestion
exigés par le PFA puis par le FICOD-B travaillent en étroite
collaboration avec les agents de l'Etat. Nous ne citons pas de cas particuliers
parce que les COGES et les APE sont opérationnels dans 100 % des
infrastructures mais leur efficacité n'est pas la même partout.
Ainsi à Namounou et à Gayéri (les marchés des deux
communes), par exemple, les COGES n'arrivent pas à s'imposer face
à certains commerçants récalcitrants qui refusent de
s'installer dans les zones aménagées et préfèrent
squatter aux alentours des marchés.123 Il existe, par contre
des localités où les COGES sont très efficaces comme
à Bilanga-Yanga ;
121 COMBARY Yempabou, directeur du CEG de Mahadaga, le mardi 25
septembre 2007.
122 TARAM Dieudonné, directeur du CEG de Tibga, le jeudi
18 octobre 2007.
123 OUALI Issoufou, premier adjoint au maire de la commune
rurale de Namounou et commerçant, le mardi 25 septembre 2007 ; et
NIKIEMA Bouréima, président du COGES du marché de
Gayéri et percepteur à Gayéri, le jeudi 19 juillet 2007
puis le mercredi 03 octobre 2007.
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- les élus locaux généralement
coopératifs. En effet, il existe plusieurs communes qui collaborent
étroitement avec le FICOD-B et sont disposées à mettre
à sa disposition toutes les informations dont il a besoin dans le cadre
des notes de présentations de projets et aussi dans le cadre du suivi
des projets déjà réalisés. Cette approche facile
avec ces communes peut s'expliquer à la fois par une reconnaissance de
ces dernières envers le FICOD-B pour tout ce qu'il a
réalisé et par le souci de bénéficier d'autres
investissements ;
- la collaboration des agents (enseignants et infirmiers). A
leur niveau également, nous avons remarqué qu'ils facilitent le
travail des chargés de projets surtout lorsqu'ils savent que c'est le
FICOD-B qui est, en grande partie, auteur de la réalisation de
l'infrastructure dans laquelle ils exercent ;
- les rencontres avec les COGES et les APE. En plus de la
collaboration des agents de l'Etat, signalons aussi que dans le cadre du suivi,
des rencontres formelles et informelles sont initiées avec soit
l'ensemble des comités de gestion, soit avec un petit nombre d'entre
eux. Ils échangent à bâton rompu avec les chargés de
projets et font la situation de la gestion des infrastructures : les
satisfactions et les difficultés. Et de manière
générale, les bénéficiaires sont disposés
à échanger avec les chargés de projets ; ce qui a
été une grande satisfaction pour nous.
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