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Asile et réfugiés en droit international

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par Cherif Ly DIA
Université Gaston Berger de Saint-Louis, Sénégal - Mémoire de maitrise en droit public 2012
  

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Liste des Abréviations

CESEDA Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile

CFDA Coordination française pour le droit d'asile

CNCDH Commission nationale consultative des droits de l'Homme (France)

CNE Commission nationale d'éligibilité

DSR Détermination du statut de réfugié

DUDH Déclaration universelle des droits de l'Homme

FRONTEX Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l'union européenne

HCR Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés

JORS Journal officiel de la République du Sénégal

OFPRA Office français de protection des réfugiés et apatrides

ONG Organisation non-gouvernementale

ONU Organisation des Nations Unies

OIM Organisation internationale des migrations

OIR Organisation internationale pour les réfugiés

OUA Organisation pour l'Unité africaine

RAEC Régime d'asile européen commun

SDN Société des Nations

UE Union européenne

INTRODUCTION

Dans un Etat de droit, tout citoyen, c'est-à-dire toute personne civique membre d'un Etat à part entière du point de vue de ses droits et devoirs, est censé pouvoir jouir pleinement des libertés que lui garantit cet Etat de droit. Toutefois, il peut parfois arriver que, du fait de la réunion de certaines circonstances, l'individu soit confronté à une réduction voire un anéantissement de sa capacité à jouir de ses droits et libertés les plus élémentaires, ainsi qu'à la protection à laquelle il peut prétendre de la part de cet Etat. Ainsi, ces personnes peuvent s'exposer à des persécutions au sein même de leur Etat, persécutions diverses pouvant être motivées par divers facteurs. En somme, ces citoyens ne sont plus en sécurité dans leur propre pays. C'est ainsi que s'offre à eux le droit d'asile, qui est apparu depuis l'Antiquité et dont les contours ont été progressivement dessinés tout au long de l'Histoire, avant de se voir consacré par le droit international aujourd'hui.

L'asile s'entend d'un lieu ou territoire permettant de trouver protection et/ou d'échapper à des poursuites. Ainsi, la DUDH de 1948 stipule en son Article 14.1 : « devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays. »

Aujourd'hui, l'asile en droit international permet d'accorder et de réglementer une certaine protection à ces individus faisant l'objet de persécutions. En effet, avec notamment les divers conflits minant certaines régions du globe, beaucoup sont obligés de fuir leur résidence traditionnelle car ils ne se sentent plus en sécurité, et espèrent trouver ailleurs des terres d'accueil plus clémentes.

Il s'agira au terme d'une longue évolution en majeure partie des réfugiés, qui disposent ainsi d'un statut juridique. C'est la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, adoptée le 28 Juillet 1951 et entrée en vigueur le 22 Avril 1954 qui apporte une définition internationale du terme de réfugiés. Selon l'article 1.A2 de cette convention, un réfugié désigne : « toute personne qui, craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays. »

Cette convention marque un tournant majeur car elle consacre le réfugié, et en plus, prévoit un statut juridique précisément défini avec diverses règles relatives autant à la procédure d'admission des réfugiés qu'à leur protection. Il apparait donc qu'asile et réfugiés entretiennent des rapports évidents que nous proposerons de mettre en lumière dans notre analyse.

Toutefois, il faudrait d'ores et déjà différencier l'asile de certaines notions connexes mais non moins différentes. Il est important de faire la distinction entre l'asile et l'immigration. Les migrations peuvent désigner de manière large tous les déplacements de personnes d'un pays à un autre ou à l'intérieur d'un même pays. Il existe d'ailleurs une distinction juridique possible entre migrations volontaires et forcées, même si l'asile pourrait être appréhendé comme une sorte de migration. Cela motive par ailleurs une autre distinction entre personnes déplacées et réfugiés. Il faut surtout noter que les migrations, notamment en Occident, sont dites illégales et combattues très souvent.

En droit international, le terme de réfugiés désigne toute personne recherchant une protection en dehors de ses frontières, à partir du moment où il a fui son pays. Néanmoins, bénéficier du statut de réfugiés nécessite de remplir préalablement certaines conditions.

Ici aussi, il faudra noter que le réfugié doit être différencié de diverses notions relativement proches. Il en est ainsi des personnes déplacées à l'intérieur du territoire mentionnées plus haut, qui correspondent aux personnes qui, même victimes de persécutions, restent à l'intérieur des frontières de leur pays. On parle de déplacés internes. Il ya aussi les apatrides, qui sont des personnes qu'aucun Etat ne considère comme leurs ressortissants ; ils n'ont pas de nationalité d'origine. Ils sont gérés par le Haut Commissariat des Nations Unies et sont régis sur le plan international par deux conventions, la Convention de 1954 relative au statut des apatrides et la Convention de 1961 sur la réduction de l'apatridie. S'ils posent un réel problème qui interpelle tous les Etats aujourd'hui à juste titre, ils n'en sont pas moins à différencier des réfugiés.

Ainsi, les questions de l'asile et des réfugiés sont donc indissociables et entretiennent des liens très poussés. Il faut toutefois préciser que la notion d'asile mérite quelques précisions. Si on parle souvent de droit d'asile, il n'en reste pas moins que, sans pour autant entrer dans le fond de la question, il est clair qu'il n ya pas de droit à l'asile, car les Etats d'accueil disposent souvent d'une large marge de manoeuvre en ce qui concerne leur accord ou pas quant à l'admission des réfugiés sur leur territoire, et que la valeur juridique du droit d'asile appelle quelques interrogations.

Mais ce qui est constant, c'est que la notion d'asile a inspiré et fonde le statut de réfugié, qui s'est développé, et constitue une véritable assise juridique sur laquelle peut compter le réfugié pour pouvoir échapper aux persécutions dans son pays d'origine. Il est donc intéressant d'analyser les rapports entretenus par l'asile et les réfugiés.

Ainsi, eu égard à toutes ces considérations, une question mérite d'être posée : comment peut-on appréhender la réciprocité des rapports juridiques entre asile et réfugiés en droit international ?

En effet, asile et réfugiés entretiennent des rapports d'interconnexion car c'est la notion d'asile, qui est apparue et s'est bâtie sur plusieurs siècles, qui fonde la définition internationale du réfugié qui quant à lui, est d'apparition relativement récente. Si ces deux notions ont poursuivi des trajectoires différentes dans leurs développements, aujourd'hui, elles se complètent. L'asile est un droit du réfugié, droit qu'il invoque lorsqu'il se présente aux frontières des pays d'accueil desquels il sollicite cet asile, pour pouvoir être reconnu officiellement comme réfugié, et bénéficier ainsi de tous les droits et avantages qui s'y attachent, avec principalement la protection qui lui faisait défaut dans son pays d'origine à cause des persécutions ayant motivé sa fuite.

Une analyse sur le droit d'asile et les réfugiés ne manque donc pas de présenter des intérêts certains de divers ordres.

Tout d'abord, aujourd'hui, le droit d'asile se heurte à un épineux problème de connaissance de ce droit. Ainsi, sur le plan pédagogique, un sujet sur l'asile et les réfugiés peut s'avérer très instructif pour la promotion de ce droit qui est plus que jamais d'actualité, mais est souvent méconnu et ignoré par les masses, notamment dans nos pays sous-développés, alors que le nombre de réfugiés et de personnes ayant besoin de protection internationale ne cesse d'augmenter jusqu'à atteindre aujourd'hui des proportions considérables. En effet, de la procédure de reconnaissance jusqu'aux droits et prérogatives reconnus aux réfugiés, cela reste souvent relativement méconnu de l'opinion publique.

D'autre part, sur un plan pratique, à travers les liens profonds entretenus entre la notion de réfugiés, le droit d'asile et le droit international humanitaire, un tel sujet peut permettre de se questionner sur l'Etat et l'urgence des questions humanitaires qui gangrènent la planète aujourd'hui avec notamment les conflits incessants. Il faut noter que les causes conduisant à invoquer le droit d'asile et nécessitant des procédures de demandes d'asile pour les réfugiés sont inévitablement liées à des besoins humanitaires. En effet, même si la tradition humanitaire de l'asile est souvent évoquée, avec les conflits entrainant des persécutions à grande échelle avec des déplacements importants de population fuyant les menaces qui pèsent sur leur liberté et même leur vie parfois, il est sans doute légitime de s'interroger sur la réalité d'un respect strict et continu de ce droit d'asile, à cause notamment des pesanteurs politiques.

Et enfin, sur un plan purement juridique, s'intéresser au droit d'asile, et donc aux réfugiés signifiera un approfondissement d'un régime juridique propre aux réfugiés, régime qui s'applique dès la demande conduisant à la procédure de demande d'asile. Pour cela, la définition proposée plus haut et contenue dans la convention de Genève de 1951 sera l'axe de ce régime juridique, et ainsi, la notion de « persécution » apparaitra d'une importance extrême pour la reconnaissance du statut de réfugié. Ce statut juridique du réfugié est prévu, défini et réglementé par la Convention de Genève de 1951.

Par ailleurs, il faudrait aussi noter que même si les liens unissant droit d'asile et réfugiés en droit international sont évidents, l'analyse pourrait soulever un certain nombre de difficultés. D'abord, vu le chemin parcouru par le droit d'asile qui s'est forgé depuis plusieurs siècles, et a traversé diverses étapes (que nous essaierons de relater tantôt) alors que le réfugié tel que reconnu par le droit international aujourd'hui n'a pas encore connu un siècle de vie, une étude chronologique pourrait être tentée, étude que nous ne jugeons pas pertinente. En effet, le XXIe siècle durant lequel s'est construit le système international du réfugié a été marqué, après la Convention de Genève et tout au long de la seconde moitié de ce siècle, par l'apparition de divers textes relatifs au droit d'asile et aux réfugiés. Toutefois, dans notre analyse, nous ne nous attellerons pas à retracer l'historique de l'évolution juridique du système international de l'asile jusqu'aujourd'hui, mais uniquement le régime juridique qui caractérise le statut du réfugié. C'est pourquoi nous tenterons une étude analytique du droit d'asile et des réfugiés en droit international, en envisageant surtout le régime juridique qui caractérise le réfugié avant tout du point de vue du droit international.

Aussi, pour une plus grande compréhension de notre démarche et de l'histoire ayant conduit à cette importance dans les rapports entre asile et réfugiés, nous nous proposerons d'abord de tenter un bref survol de la longue histoire de la notion d'asile, qui a traversé les siècles. Ainsi, le droit d'asile ancien a d'abord existé depuis l'Antiquité et le Moyen Age. Dans l'Antiquité, il y avait l'asile païen. Il prévalait essentiellement dans la Grèce ancienne et la Rome Ancienne. Dans la Grèce ancienne, dans chaque cité, les tombeaux de héros, les temples, les statues des dieux et des rois, sanctuaires inviolables, font bénéficier de cette inviolabilité ceux qui s'y réfugient : esclaves, criminels, débiteurs insolvables, délinquants politiques ; alors que dans la Rome ancienne, l'asile se manifestait par l'édification d'une cité nouvelle. D'ailleurs, la légende de sa fondation en 753 av. J.C. par Romulus autour du temple consacré au dieu Asylaeus veut que ce monument et le bois qui l'entourait soient lieux inviolables.

Par ailleurs, au Moyen Age interviendra la naissance et à la consolidation d'un droit d'asile religieux : l'asile chrétien. En effet, le droit d'asile ancien se christianise à la fin du IVe siècle après J.-C. ; le christianisme était alors la seule religion tolérée dans l'Empire romain (Edit de Thessalonique en 381). D'ailleurs, ce droit fut officialisé notamment par la Constitution du 21 Novembre 419 puis sera garanti par le droit canonique à travers le Code Théodosien. La Loi dispose alors que tout individu est admis à trouver refuge dans les églises chrétiennes s'il cherche à échapper à un quelconque poursuivant, qu'il s'agisse d'un particulier ou d'un agent de l'Etat. Ce droit d'asile chrétien sera régulièrement réaffirmé surtout par le Concile de Tolède de 638, mais aussi préalablement les conciles d'Orléans sous le Franc Clovis en 511. Toutefois, cet asile religieux fera progressivement l'objet de nombreuses restrictions, et de plus en plus d'infractions ou de personnes en seront exclues. Déjà, le règne de Charlemagne sur une partie de l'Europe Occidentale a apporté beaucoup de rigueur à l'asile chrétien. Il considère que les individus reconnus coupables d'un crime quelconque ne peuvent bénéficier du droit d'asile : seuls les innocents et les individus en attente de procès peuvent se réfugier légalement dans une église. Ensuite, les divers abus, la charge que représente cet asile pour l'Eglise, et surtout l'apparition progressive d'Etats au sens moderne du terme, exerçant leur souveraineté sur un territoire délimité, expliquent le déclin de l'asile religieux. Il n'en reste pratiquement rien au début du XVIIe siècle. En effet, dès ce siècle, le droit d'asile sera une matière traitée par les juristes non religieux. Sur ce point, il faut noter l'importance de l'Ordonnance de Villers-Cotterêts (Art. 166) du 10 Août 1539 sous François Ier. Alors qu'il était perçu par les Anciens et les Médiévaux comme un droit d'essence divine et donc inviolable, le droit d'asile religieux apparaîtra bientôt aux modernes comme une simple concession révocable du pouvoir civil. Et le droit naturel, avec Grotius affirmera le devoir des Etats d'accorder protection aux proscrits pour des raisons politiques et religieuses. Ce ne sera donc plus une enclave limitée sur un territoire donné qui sera lieu de refuge, mais le territoire national lui-même. C'est la naissance de la notion moderne d'asile territorial.

En effet, la période contemporaine est marquée, du fait des divers conflits et des calamités, par des mouvements massifs de population. Citons notamment, à titre illustratif, déjà au XVe siècle l'expulsion des juifs d'Espagne ou l'exil des protestants à la suite de la révocation de l'édit de Nantes, mais aussi, au début du XXe siècle les arméniens chassés de Turquie, les russes blancs fuyant la révolution bolchevique, puis les Espagnols durant la guerre civile, les juifs européens et, plus près de nous, les exodes successifs et dramatiques des populations d'Asie et d'Afrique. Désormais, du fait des mouvements importants de populations, l'asile se révélait de plus en plus nécessaire, et ne pouvait s'enfermer dans un caractère individuel ou dans un cadre territorial limité comme les églises au Moyen Age. Il s'institutionnalisera progressivement.

Il reste toujours que l'institutionnalisation ne se fera pas en un jour. Ainsi, en France par exemple, il ne figure guère dans l'un des textes les plus importants depuis longtemps : La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, mais quatre ans plus tard, l'article 120 de la Constitution montagnarde du 24 Juin 1793 indique que « le peuple français donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté, et le refuse aux tyrans ».

Toutefois, durant le XXe siècle, divers instruments juridiques nouveaux seront progressivement mis en place. Dès 1921 sera crée le Premier Haut commissariat aux réfugiés, sous l'égide du norvégien Fridtjof Nansen, commissariat qui sera consacré aux réfugiés russes et arméniens d'alors. Soulignons que sous l'impulsion de Nansen, le 5 juillet 1922 sera conclu un premier accord international à Genève instituant une carte d'identité pour les personnes déplacées dite Passeport Nansen qui sera reconnu par 54 pays. Cela contribua fortement à faire évoluer le droit d'asile vers un droit du réfugié.

Toutefois, le droit d'asile conçu désormais comme un droit du réfugié ne sera réellement consacré qu'après la Seconde Guerre Mondiale avec notamment deux instruments juridiques d'une très grande importance : la DUDH de 1948 et la Convention de Genève relative au statut des réfugiés de 1951 précitée.

D'abord, dans ses articles 13 et 14, la Déclaration Universelle des droits de l'Homme énonce non seulement la liberté de circulation pour trouver refuge dans un autre pays, mais aussi le droit de chercher asile devant la persécution. Néanmoins, il faut noter le caractère non contraignant de ce texte. En effet, cette Déclaration du 10 décembre 1948 n'a pas de force juridique contraignante, car elle a valeur de simple recommandation adoptée par les Nations Unies, représentant « un idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations ». Toutefois, cela ne lui enlèverait en rien sa formidable portée historique, politique et même juridique, puisqu'étant aujourd'hui à la base de divers principes reconnus dans le droit interne d'innombrables pays et même dans le droit international. 

Par ailleurs, le droit des réfugiés est essentiellement régi aujourd'hui par la Convention de Genève relative au statut des réfugiés du 28 juillet 1951. Cette convention est le fondement du droit international des réfugiés. Ce traité est entré en vigueur en 1954 trois ans après son adoption, à la sixième ratification (Art 43) et au 1er juillet 2006, cent quarante-six (146) Etats y avaient adhéré parmi lesquels le Sénégal ainsi que la France.

Cette nouvelle convention était à l'origine prévue pour les événements d'Europe antérieurs au 1er janvier 1951. Il en sera ainsi de 1951 jusqu'au Protocole de 1967 qui supprimera la limitation dans le temps ou l'espace.

Dans ce sillage, il faut aussi signaler la création du Haut commissariat des nations Unies pour les réfugiés (HCR), le 14 décembre 1950 et basé à Genève avec un mandat de l'ONU dont le but est de vérifier l'application des accords internationaux consacrés aux réfugiés, et de trouver une solution durable aux problèmes des réfugiés. Le HCR sera institué en remplacement de l'Organisation Internationale pour les réfugiés (OIR) qui fut créée en 1947 pour accueillir les réfugiés du bloc de l'Est, mais s'est heurtée à des tensions internationales ainsi qu'à une impossibilité de prendre en charge les millions de personnes déplacées par la Seconde guerre Mondiale. Aujourd'hui, le HCR est incontournable pour les réfugiés, autant par son intervention dans la procédure de reconnaissance que dans la mission de protection pour ces derniers.

Ainsi, toutes ces précisions montrent que le droit d'asile s'est forgé de façon progressive pour arriver aujourd'hui à ce statut juridique du réfugié.

Notre présente étude scientifique aura pour ambition de permettre une grande compréhension de la notion de réfugié à travers le prisme de l'asile avec qui elle partage des liens profonds. Pour cela, il s'agira de noter que le droit international du réfugié ne s'est pas forgé et consolidé en un jour, mais de manière progressive, l'asile est entré officiellement dans le champ normatif international, et a inspiré la définition internationale du réfugié, et la consécration d'un statut juridique du réfugié. Ce statut renvoie essentiellement à la procédure conduisant à la détermination du statut de réfugié, c'est-à-dire la reconnaissance officielle du réfugié, et aussi la protection qui doit être dévolue à ce réfugié. Mais aussi cette connaissance du réfugié doit indiquer les inévitables difficultés auxquelles est confronté le réfugié. Car de plus en plus aujourd'hui, à cause de divers facteurs parmi lesquels le terrorisme et la méfiance croissante des pays européens, le droit d'asile se voit remis en cause, et son image d'antan n'est plus la même aujourd'hui.

Le régime juridique dévolu au réfugié occupera donc une place importance dans notre analyse. Mais en termes de droit comparé, nous pouvons dire que la phase importante de la procédure d'asile (devant conduire à la reconnaissance officielle du réfugié) peut différer selon les pays, qu'il s'agisse des structures compétentes, mais aussi des règles relatives aux prérogatives reconnues aux réfugiés. Cela se justifie par le fait que des pans entiers du régime juridique des réfugiés n'échappent pas au droit interne des Etats, dans les domaines législatifs et règlementaires. A titre illustratif, on note qu'au Sénégal, c'est la Loi 68-27 du 24 juillet 1968 portant statut des réfugiés qui les définit ainsi que les services et organismes compétents (même s'il est compatible avec la Convention de Genève qu'il reprend d'ailleurs) mais de plus, il ya aussi divers décrets et arrêtés dans le domaine des réfugiés réglementant notamment les organismes compétents avec au Sénégal, la Commission nationale d'éligibilité (CNE).

Aussi, il faut souligner que le cadre juridique international correspond essentiellement à deux phases : la reconnaissance du statut de réfugié aux personnes qui remplissent les conditions préétablies notamment en substance par la convention de Genève, et aussi la protection dont devront bénéficier ces réfugiés une fois reconnus ainsi, ce qui leur octroiera ainsi certains droits. Ces questions sont importantes car elles peuvent résumer la quintessence du statut qui a été défini et accordé au réfugié. La reconnaissance doit obéir à une procédure claire et préétablie qui peut d'ailleurs contenir une part de droit interne. Quant à la protection, il faut noter qu'elle est essentielle car rappelons qu'en premier lieu, le réfugié a fui des persécutions contre lesquelles son pays d'origine n'était pas en mesure de lui apporter une protection.

Toutefois, il ne s'agira pas uniquement de nous intéresser à la description du régime juridique caractérisant le réfugié. En effet, il faut noter que dans les dernières années, le droit d'asile ainsi que le statut du réfugié se sont particulièrement effrités et s'exposent même aujourd'hui presque à une remise en cause. Tandis que des individus continuent à fuir les menaces qui pèsent sur leur vie et leur liberté, les gouvernements ont de plus en plus de mal, pour des raisons diverses, à concilier leurs élans et leurs obligations humanitaires avec les besoins nationaux et les réalités politiques.

Cela est surtout le fait des pays développés qui en sont venus à juxtaposer les problèmes récurrents de l'émigration clandestine avec la question des réfugiés, ce qui fait que les réfugiés, malgré leur statut juridique, sont désormais difficilement distingués des migrants ordinaires. C'est ainsi que l'asile se trouve de plus en plus remis en cause. Après le 11 septembre et la montée du terrorisme, les Etats ont fortement renforcé leurs frontières et ont durci leur politique relative à tous les étrangers, y compris les réfugiés. A cela s'est greffé le problème de l'émigration clandestine. Désormais, l'asile et les réfugiés sont poussés dans leurs retranchements avec les diverses atteintes notées et que nous tenterons d'analyser.

Le présent mémoire a donc pour finalité de montrer la place qu'occupe le réfugié dans le monde d'aujourd'hui, autant sur le plan juridique, c'est-à-dire des normes qui lui sont applicables, que sur le plan pratique c'est-à-dire le traitement concret dans la vie de tous les jours qui est réservé aux réfugiés notamment par les Etats dans le domaine de la protection. Il est évident que pour arriver à cette finalité, une analyse conjointe de l'état du droit d'asile et du réfugié nous paraît plus pertinente, sans pour autant revenir sur l'interconnexion existant entre ces deux notions, interconnexion que nous avons déjà largement relevée.

La genèse de l'asile ayant déjà été abordée dans l'introduction, il s'agira pour nous de montrer que l'asile est un droit du réfugié, mais qui a suivi un processus pendant lequel il a été progressivement défini et précisé (1e Partie). Il s'agira aussi de voir comment ce droit d'asile a été remis en cause, et apparait aujourd'hui comme un objet de controverses pour les réfugiés dans le monde (2e Partie).

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld