Il est nécessaire de justifier le choix et d'en
démontrer son vrai intérêt aussi bien scientifique que
pratique. En effet, comme l'explique bien MBOKO DJ'ANDIMA : « le sujet
doit avoir toujours un intérêt direct à la solution des
interrogations et problèmes qui se posent à la communauté
» .36
Ainsi, le choix de ce sujet présente naturellement
pour nous un double intérêt : théorique et pratique, au
regard de l'impact qu'entrainent les révisions constitutionnelles en
Afrique, plus particulièrement en République démocratique
du Congo.
34 NGAPI, R . et ETINGA, S ., « RDC : Evariste BOSHAB :
la révision constitutionnelle n'est pas un tabou », http ://
www.afrique.kongotime.info/rdc/parlement, (Consulté le dimanche 30
janvier 20II) .
35 La révision qui a eu lieu le I5 janvier 20II . Voir
Loi-constitutionnelle n° II/002 du 20 janvier 20II portant révision
de
certains articles de la Constitution de la République
Démocratique du Congo du I8 février 2006, JORDC,
n°3, Kinshasa, du Ier février 20II .
36 MBOKO DJ'ANDIMA, Principes et usages en matière
de rédaction d'un travail universitaire, éditions CADICEC-
UNIAPAC, Kinshasa, 2004, p . 2I .
" Révisions constitutionnelles et leur
impact sur la promotion du constitutionnalisme et de la démocratie en
Afrique ~
Cas de la République démocratique du
Congo"
En effet, sur le plan théorique, l'option prise par ce
sujet a été motivée par la sensibilité scientifique
d'une question récurrente, mais virulente et qui serait à ce jour
comme une pandémie qui menace l'Afrique et qui mérite l'attention
de tout intellectuel, tant africain que congolais.
La révision constitutionnelle, en tant que
mécanisme issu de la constitution, s'apprécie dans le cadre du
droit constitutionnel en vue de faire comprendre aussi bien aux
étudiants qu'aux citoyens comment tel mécanisme s'applique dans
un Etat. Ce procédé de la révision n'est pas une question
taboue, puisqu'elle est prévue dans presque toutes les constitutions
à travers le monde, dont celle de la RDC. Ainsi, à travers cette
étude, nous allons contribuer à ce débat combien houleux
en Afrique sur l'opportunité des révisions constitutionnelles. Il
s'agit, on le voit, d'un débat essentiellement juridique, qui mobilise
de plus en plus des juristes publicistes.
Par contre, l'intérêt pratique de cette
étude dans le contexte congolais tient au fait que l'histoire
constitutionnelle de ce pays ne laisse aucunement de bons témoignages.
En effet, les souvenirs d'une deuxième République où les
constitutions pouvaient être promulguées aujourd'hui pour
être suspendues demain sont encore vifs dans le chef des congolais. De
sorte qu'avec un révisionnisme à outrance, un Etat aura du mal
à instaurer une démocratie constitutionnelle, les
révisions étant une occasion pour renforcer et pérenniser
le pouvoir des dirigeants, lequel est forcément hostile aux exigences du
constitutionnalisme. Et avec les tripatouillages de certaines dispositions
révisées dernièrement pour aménager une issue
heureuse aux détenteurs actuels du pouvoir, l'intérêt d'une
telle étude en RDC se précise davantage.
Avec une révision obtenue comme par un coup de force
ou un coup d'Etat constitutionnel, il y a désormais en RDC comme un
paradoxe de la cohabitation entre une rigidité constitutionnelle
formelle selon la théorie et une instabilité constitutionnelle
réelle, au regard de la pratique. Ce paradoxe du nouveau
constitutionnalisme africain mérite que l'on s'interroge sur le droit
constitutionnel africain, car les mouvements démocratiques n'auraient
aucune force si les risques d'instrumentalisation des constitutions demeuraient
réels .37
En tout état de cause, cette jonction théorique
et pratique fait apparaitre qu'il y a inadéquation ou incohérence
entre d'une part ce qui est enseigné, voire ce qui est prévu et
d'autre part ce qui est pratiqué ou ce qui s'applique au
Congo-Zaïre.
I2
37 ATANGANA AMOUGOU, J .L ., Op.cit.
I3
" Révisions constitutionnelles et leur
impact sur la promotion du constitutionnalisme et de la démocratie en
Afrique ~
Cas de la République démocratique du
Congo"