WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Révisions constitutionnelles et leur impact sur la promotion du constitutionnalisme et de la démocratie en Afrique: cas de la RDC

( Télécharger le fichier original )
par Aimé NDAYA N'DAMYA FULBOB
Université de Kinshasa RDC - en vue de l'obtention d'une licence en droit public 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

SECTION II. REVISIONS CONSTITUTIONNELLES SOUS LA DEUXIEME REPUBLIQUE

La deuxième République fut régie par la constitution du 24 juin I967 . Mais son initiateur Joseph Désiré MOBUTU fut à la tête de l'Etat congolais le 24 novembre I965 suite à un coup d'Etat. Sous cette République, le Zaïre a connu deux périodes : du règne du régime monolithique et celle des instabilités politiques qui ont abouti à des transitions de ce pays.

§1 . PRINCIPALES REVISIONS SOUS LE REGIME DU MONOPARTISME

La constitution du 24 juin I967 qui régissait la deuxième République avait fait l'objet des révisions de tout bord, qui ont amené le pays à un certain moment dans un gouffre total.

Mais, comment cette constitution fut-elle élaborée ? Pour rappel, la constitution du 24 juin I967 a été l'oeuvre d'une commission constitutionnelle composée des juristes congolais du premier gouvernement issu du coup d'Etat. Il faut néanmoins préciser que cette commission n'était pas assez représentative comme celle de I964,

" Révisions constitutionnelles et leur impact sur la promotion du constitutionnalisme et de la démocratie en Afrique ~
Cas de la République démocratique du Congo"

car elle n'était qu'une commission gouvernementale. Les experts commis à cet effet, étaient issus du milieu du pouvoir, la société civile n'ayant pas été associée. Il y a donc lieu d'affirmer qu'au stade de la rédaction du texte constitutionnel, le peuple était mis en l'écart étant entendu que la commission politique du gouvernement qui l'élabora était fermée aux forces vives de la nation .I84

Cette constitution a été proposée au peuple qui l'adopta à l'issue du référendum organisé du 4 au 24 juin I967 . Cependant, l'adoption du texte constitutionnel par le peuple ne garantit pas sa stabilité. Si tel était le cas, cette constitution n'aurait pas été victime des dix-sept révisions unilatéralement initiées par les pouvoirs publics qui n'associèrent en aucune fois le souverain primaire. C'est autant dire que cette constitution aura été l'une des plus instables qu'ait connu la RDC.

La révision constitutionnelle, pour être régulière, doit tout d'abord rentrer dans l'intérêt général du peuple et de la République, la préservation de la démocratie ; ensuite elle doit respecter la procédure prévue par le constituant quant à ce . Mais les révisions constitutionnelles en RDC ont pour un but de renforcer le pouvoir purement personnel des dirigeants.

En effet, les révisions intervenues au Zaïre (RDC), outre qu'elles violaient les dispositions des articles 74, 75 et 28 de la constitution du 24 juin I967, ont eu pour effet de renforcer certaines institutions au détriment des autres, provoquant d'une part une concentration des pouvoirs entre les mains d'une institution « la présidence » et d'autre part un déséquilibre institutionnel qui a amené les observateurs à dire que le Zaïre était une République monarchique.

Les révisions de la constitution du 24 juin n'ont pas respecté le principe selon lequel la constitution est une loi suprême et fondamentale qui s'impose à tous : gouvernants et gouvernés. Le constitutionnalisme et la démocratie n'émergent guère dans une telle instabilité constitutionnelle dûment entretenue.

Cette constitution qualifiée de révolutionnaire par le nouveau régime a été marquée par de multiples changements aux fins, disait-on chaque fois, de changement aux réalités du moment. Elle a connu de nombreuses révisions dont certaines ont même donné à penser qu'il s'agissait finalement des nouvelles constitutions, tellement les

72

I84 NKULU KILOMBO, Op. cif, p .I35

73

" Révisions constitutionnelles et leur impact sur la promotion du constitutionnalisme et de la démocratie en Afrique ~
Cas de la République démocratique du Congo"

philosophies qui sous-tendaient ces révisions ainsi que l'agencement des structures et des organes appelés à exercer le pouvoir étaient différentes, parfois contradictoires .I85

1*1* Loi constitutionnelle n°70-001 du 23 décembre 1970

A* Circonstance politique et changement constitutionnel

En juin I967, la constitution avait limité les partis politiques à deux. L'article 4 alinéa 2 de cette constitution disposait : "il ne peut-être créé plus de deux partis politiques dans la République. Ces partis s'organisent et exercent leurs activités librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale, de la démocratie et les lois de la République- .I86

En mai I967, Mobutu avait officiellement présenté au public son parti politique, le Mouvement Populaire de la Révolution, avec la publication du Manifeste de la N'sele, le 20 mai I967 . Pendant ce moment, il y a eu une tentative d'Antoine KIWEWA qui consistait à créer un second parti d'obédience lumumbiste lui valurent de sérieux ennuis avec le pouvoir en place.

Ainsi, depuis sa création en I967, le MPR a été conçu non pas comme un parti politique classique devant lutter pour conquérir le pouvoir mais plutôt comme une courroie de transmission entre le pouvoir et les masses populaires .I87

Pour que ce parti atteigne cet objectif, son créateur l'érigea en institution suprême de l'Etat. C'est pourquoi, aux termes de l'article 2 de la Loi n°70-00I du 23 décembre I970, les principales institutions de la République sont :

I . Le Mouvement Populaire de la Révolution ;

2 . Le Président de la République, Président du parti et chef du gouvernement ;

3 . L'Assemblée nationale ;

4 . Le Gouvernement ;

5 . La Cour Constitutionnelle ;

6 . Les cours et tribunaux .I88

I85 NKULU KILOMBO, Op. cit, p .I3I .

I86 IYELEZA MOJU MBEY et alii, Recueil des Textes constitutionnels de la République du Zaïre. Du 19 mai 1960 au 28 mai 1991, éd . Ise consult, Kinshasa, I99I, p . 85 .

I87 VUNDUAWE te PEMAKO, F ., A l'ombre du Léopard. Vérités sur le régime de Mobutu Sese Seko, TomeI, éd . Zaïre Libre, Bruxelles, 2000, pp . I64-I65 .

I88 IYELEZA MOJU MBEY et alii, Recueil...Op. cit , p . 94 .

74

" Révisions constitutionnelles et leur impact sur la promotion du constitutionnalisme et de la démocratie en Afrique ~
Cas de la République démocratique du Congo"

Comme on le voit, cette Loi consacra le Mouvement Populaire de la Révolution comme institution suprême de la République, toutes les autres institutions lui étant subordonnées et fonctionnant sous son contrôle .I89

B* Effet sur le constitutionnalisme et de la démocratie

Lorsqu'un parti politique est crée, c'est dans un cadre d'abord privé et qui par la suite évolue dans la vie politique. Cela est le même avec le Mouvement Populaire de la Révolution qui était au départ une organisation privée mais après cette réforme constitutionnelle, il devient une institution politique.

Ceci amène l'étatisation du parti MPR et par conséquent, on assiste à un déséquilibre total des institutions de l'Etat. En effet, les pouvoirs étaient presque concentré au niveau du parti et toutes institutions classiques devenaient désormais ses organes dont le constitutionnalisme était battu en brèche sous cette loi-constitutionnelle. Il n'existait pas une séparation des pouvoirs comme l'esprit de Montesquieu.

En ce qui concerne la théorie de la séparation des pouvoirs, il faut savoir qu'un pouvoir politique non étatique ne peut assujettir le pouvoir politique. C'est ainsi qu'en érigeant le Mouvement Populaire de la Révolution en institution première de la République, cela dénote d'une confusion du pouvoir qui est là consacré au sommet de l'Etat Zaïrois.

De ce fait, la séparation et conséquemment la limitation des pouvoirs n'était plus concevable au Zaïre, le Président ayant confisqué tous les pouvoirs en sa qualité de Président de l'institution suprême de l'Etat. Pire, l'article 9 de cette loi avait même pris soin de préciser que ..lorsqu'un député se rend coupable de manquement grave à la discipline du parti, il perd son mandat à l'Assemblée et y est remplacé par un suppléant.. .I90 Par cela, le pouvoir législatif était assujetti par le pouvoir exécutif incarné par le Chef de l'Etat, chef du gouvernement et chef du parti.

En effet, le Président du MPR fut lui-même Président de la République, chef du parti et chef du gouvernement. De ce point de vue, il allait de soi qu'il devait confondre ses prérogatives de chef du parti d'avec ses fonctions de chef de l'Etat et de chef du gouvernement. Donc, par l'institutionnalisation du MPR, c'est la suprématie présidentielle qui était indirectement consacrée.

I89 NKULU KILOMBO, Op. cit, p . I44 .

I90 Art. 9 de la Loi n°70-00I du 23 décembre I970 portant révision de la constitution, Recueil..., p . 95

75

" Révisions constitutionnelles et leur impact sur la promotion du constitutionnalisme et de la démocratie en Afrique ~
Cas de la République démocratique du Congo"

Quant aux droits et libertés fondamentaux, sous la constitution originelle ainsi que sous constitutions subséquentes dites de révisions de la constitution du 24 juin I967, les droits et libertés fondamentaux ont connu une période des vaches maigres bien qu'ils aient été souvent mentionnés dans les différents textes constitutionnels. Ceci étant, les pratiques violentes marquent la plupart des régimes où l'arbitraire, le non respect du droit, la violation des droits de l'homme sont quotidiens. Elles dénotent également la confusion entretenue délibérément entre la res publica et la chose privée.

Cette réforme constitutionnelle n'envisageait aucunement l'esprit démocratique. La plupart des gouvernants étaient nommés par le seul chef, le chairman du MPR qui était inamovible. Il n'avait pas de la tolérance, c'est-à-dires les valeurs démocratiques dans l'au-delà.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld