III- LE DECLIN DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEMENT DE LA
RIZICULTURE
Les difficultés de la Soderiz étaient
liées en partie à l'hémorragie industrielle et
financière dont la société était victime. La lutte
d'intérêt au niveau de l'Etat et la politique de gestion
incertaine de l'institution accélère sa dislocation.
1. La lutte d'intérêt au niveau de l'Etat
La chute de la Soderiz et l'échec de la politique
rizicole observée en 1977 trouve ses raisons aussi au niveau de l'Etat.
En effet, l'Etat pour relancer le secteur agricole s'est impliqué dans
la production du riz. Il était omniprésent, de la production
à la commercialisation en passant par l'usinage. La Soderiz n'ayant pas
bénéficié de tous les moyens de la part de l'Etat pour lui
permettre de mieux contrôler l'ensemble du secteur rizicole, s'est vu
contrariée par le sabotage du secteur privé des importateurs.
C'est ce qui fait dire à Ahmed Timité, ancien directeur
chargé de la production à la Soderiz que : « A partir
de
222 K, DIOMANDE Op.cit p56
223 J, P, DOZON, op.cit, P 128
132
1976- 1977, la Soderiz devenait un gouffre financier que
le gouvernement n'arrivait plus à supporter. A un moment, le
gouvernement s'est rendu compte que la Soderiz ne pouvait plus garantir la paix
sociale »224.
En outre, la Soderiz bien qu'elle soit une
société de développement, était
considérée comme un instrument politique où les
nominations se faisaient sur la base du militantisme politique.225
C'est ce qui fait dire à Ahmed Timité ancien cadre de la Soderiz
qu'au : « sein de la Soderiz, ça n'allait pas. Et que tous les
directeurs généraux s'attendaient tous à être
nommés Ministre. Ils se créaient entre eux des
compétitions. Oulai Jean, Mangoua Lucien, Denis Bra Kanon et bien
d'autres personnes pensaient qu'ils seraient nommés Ministre. Tous cela
a rejailli sur la Soderiz »226. En dehors de cet aspect,
la Soderiz restait une institution où la gabegie et le laisser aller
était récurrent. Ainsi, à partir de 1975, après
avoir atteint l'auto suffisance en riz, la Soderiz a été l'objet
de mauvaise gestion, lié à des détournements de fonds
publics, sans oublier le pillage des réserves de la
société.
Par ailleurs ces actions présageaient la chute de
l'institution. Ainsi en 1977 avec la recrudescence des détournements, la
Soderiz totalisait un découvert bancaire estimé à 26
milliards de francs CFA ; soit un peu plus de 13% du budget de fonctionnement
de l'Etat pour la même année227. Selon Ahmed
Timité : « les agents même de la Soderiz avaient
commencés à écrire au Président Félix
Houphouët Boigny pour accuser le directeur Général Oulai de
vol »228. Les effets conjugués de tous ces
phénomènes ont conduit en octobre 1977, à la dissolution
de la Soderiz.
224 A, TIMITE, directeur chargé de la production
à la Soderiz 1970- 1977, entretien réalisé le 13
Décembre 2011 à Abidjan
225 S, J, NIEMBA, Op.cit p
226 A, TIMITE, directeur chargé de la production
à la Soderiz 1970- 1977, entretien réalisé le 13
Décembre 2011 à Abidjan
227 J, P, CHAUVEAU op.cit, p 316
228 A, TIMITE, directeur chargé de la production
à la Soderiz 1970- 1977, entretien réalisé le 13
Décembre 2011 à Abidjan
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