II-LA DEFAILLANCE DU CIRCUIT DE DISTRIBUTION
OFFICIEL
Les difficultés d'usinages que connaît la
société depuis quelques années ont affectés le
secteur commercial. La distribution du riz de la Soderiz fut difficile.
L'approvisionnement des consommateurs en fut affecté créant une
pénurie artificielle.
1. Le sabotage de la Chambre de commerce
Le monopole de la commercialisation et de la distribution du
riz produit par la Soderiz était confié à la Chambre de
commerce. Au sein de cette institution, il existait une commission qui
s'occupait de la commercialisation du riz importé et décidait des
importations de riz sur appel d'offre, en fonction de l'analyse hebdomadaire
des besoins, des stocks et de la production de la Soderiz. Les
responsabilités étaient donc partagées entre la Soderiz
qui s'occupait du secteur de la production et la Chambre de commerce qui
contrôlait le secteur de la distribution du riz.
En 1976, alors que la société accumulait dans
ses magasins et ses rizeries des dizaines de milliers de tonnes de riz blanchi,
la Chambre de commerce qui avait en principe la tâche de les lui racheter
afin de les distribuer aux détaillants, bloque totalement la situation
en restant indifférente à l'accumulation du riz. C'est pourquoi
Jean Kemiangna Oulai directeur général de la Soderiz affirmait
que : « Des retards existent non seulement au niveau des services
administratifs mais aussi a la chambre de commerce dans l'enlèvement du
riz blanc et dans le paiement »215. Il semblait que ce
retard dans l'écoulement du riz était dû à un
problème de financement.
215ADS : Procès verbal du conseil
d'administration de la Soderiz du 16 juillet 1976 p 4
128
En réalité le cartel de la chambre de commerce
était composé de grossistes tels que SACI, CFCI, EL NASR, GENERAL
IMPORT216. Ils préféraient écouler le stock de
riz importé au dépend du riz sorti des usines de la Soderiz. Avec
le riz importé les grossistes réalisaient d'énormes
bénéfices substantiels. La chambre de commerce est restée
entièrement soumise aux intérêts et aux stratégies
des groupes privés. Cependant, les importateurs continuaient à
fixer leurs quotas de riz importé.
En 1977, la manoeuvre fut à nouveau
rééditer pour réaliser d'énormes
bénéfices après la baisse des importations en 1975 et la
réalisation de l'auto suffisance en riz. Ce qui fait dire à
Diallo Roger ancien cadre de la Soderiz que : « A la
vérité quand on a fait l'auto suffisance en riz, ceux qui
vivaient des importations se trouvaient au chômage
»217. Alors, on assista au sabotage des stocks de la
Soderiz par la chambre de commerce qui parfois écoulait le riz à
compte goutte218. Le riz local de la Soderiz fut rare sur le
marché, ainsi ce sabotage marque la victoire du secteur privé des
importateurs au dépend de la Soderiz. Cette situation devenant
paradoxale a créée certaines difficultés
d'approvisionnement des différentes villes du pays. Cette situation est
illustrée par le tableau n°16 (p126), qui montre
l'intérêt porté par les grossistes pour le riz
importé. Au cours du mois de février 1976, les grossistes ont
vendu 2640 tonnes de riz importé contre 110 tonnes de riz
Soderiz219. Ces acteurs privés réunis au sein de la
chambre de commerce ont donc réussi à saboter le riz Soderiz,
augmentant ainsi le stock de riz local disponible à plus de 596 tonnes.
Selon le tableau n°16 (p126) le fait de privilégier la vente du riz
importé au dépend du riz local produit par la Soderiz s'est vite
répercutée sur le stockage.
216 Les grossistes qui opéraient à la Chambre de
commerce en 1976 , étaient :SACI, CFCI, GENERAL IMPORT, SIDECO, CHAINE
AVION, CICA, DISTRIPAC, SHAC, AGRIPAC, SIDF, EL NASR, IBERO, CIC, CFCD, SEC
217 Roger DIALLO, ancien agent au service financier de la
Soderiz, entretien réalisé le 29 septembre 2011 à
Marcory
218 J, P, DOZON, OP.cit p 119
219 Selon le tableau n°16 en 1976, au total 2640 tonnes de
riz importé ont été vendu contre 110 tonnes de riz
Soderiz
129
Tableau n°16 : Situation des stocks et de vente de
riz des grossistes fin février 1976
Grossistes
|
Vente au cours du mois de février
|
Stock disponible au 28 février 1976
|
Import
|
Local
|
Import
|
Local
|
SACI
|
417
|
-
|
-
|
157
|
CFCI
|
450
|
-
|
-
|
220
|
GENERAL IMPORT
|
402
|
-
|
-
|
70
|
SIDECO
|
230
|
-
|
-
|
147
|
CHAINE AVION
|
278
|
-
|
-
|
1
|
CICA
|
247
|
-
|
147
|
-
|
DISTRIPAC
|
385
|
-
|
116
|
-
|
SHAC
|
-
|
-
|
6
|
-
|
AGRIPAC
|
51
|
-
|
3
|
-
|
SIDF
|
-
|
-
|
-
|
-
|
EL NASR
|
180
|
4
|
-
|
-
|
IBERO
|
-
|
-
|
-
|
-
|
CIC
|
-
|
66
|
7
|
1
|
CFCD
|
-
|
-
|
-
|
-
|
SEC
|
-
|
40
|
-
|
-
|
Source : Chambre de Commerce, compte rendu n°8 de
la commission riz du mercredi 24 mars 1976
130
En février de la même année, les
grossistes avaient à leur possession comme stock disponible en riz
importé au total 279 tonnes et c'est la CICA qui se tailla la part belle
avec 147 tonnes. Concernant le riz local Soderiz, le stock disponible
s'élevait à 596 tonnes.
Au regard de ce constat, le sabotage du riz de la Soderiz par
la Chambre de commerce apparait comme une réalité. Ce fait a par
la suite entrainé le problème d'approvisionnement des centres
urbains
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