PARTIE III: DES DIFFICULTES DE FONCTIONNEMENT AU
DECLIN
DE L'INSTITUTION : 1976 -1977
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Le succès remarquable de la Soderiz observé de
1975 à 1976 fut de courte durée. Des problèmes de
fonctionnement apparaissent à partir de 1976. Cette partie de notre
travail dépeint les difficultés auxquelles la
société de développement a été
confronté jusqu'à sa dissolution en 1977.
La Soderiz après son succès de 1975 à
1976 est tombée dans la décadence, suite à une
série de problèmes affectant tout le circuit de production tant
commercial qu'industriel. C'est dans ce contexte de dysfonctionnement de la
société que l'Etat ivoirien prend un décret en Septembre
1977, pour dissoudre la Soderiz.
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CHAPITRE V : LA FAILLITE DU SECTEUR INDUSTRIEL DE
LA
SODERIZ
Les premières difficultés de la Soderiz
commencèrent au niveau industriel. Les usines, après le
succès constaté à partir de 1975 sont surchargées.
La conséquence de ces problèmes est la mauvaise politique des
prix et d'usinage. De 1976 à 1977, on assiste à la
dégradation de tout le système de production de la
société rizicole.
I- LA POLITIQUE DES PRIX NON MAITRISEE
Le succès de la Soderiz observé en 1975, fait
suite à certaines décisions liées au prix. Les prix furent
déterminants dans la réalisation des objectifs de la
société. Ces prix ont eu des effets pervers sur le fonctionnement
de l'institution à partir de 1976.
1-L'augmentation brutale du prix du paddy à la
production en 1974
La politique de prix de paddy au producteur instaurée
par les autorités étatiques particulièrement par le biais
du Ministère de l'économie et des finances, au début des
années 70 avait pour ambition de faire de la culture du riz une culture
de rente. Ainsi, en 1972 le prix du paddy a été fixé
à 30 francs. Par la suite, en 1973, ce prix fut fixé à 38f
/kg178. Pendant cette période, les usines de la Soderiz
restèrent sous utilisées et la production de riz blanc ne suivit
pas le résultat d'encadrement apporté par la
société. Les paysans préféraient consommer ou
vendre leur production à des prix plus élevés que ceux de
la société, au profit des circuits privés tel que les
libanais179.
Ainsi pour parer à ses problèmes et mettre fin
à la concurrence menée par les circuits privés, la Soderiz
décide en 1974 de mener une politique incitatrice de prix à la
production. Le prix du paddy fut passé de 38 francs à 70
francs
178ADS : Rapport annuel Soderiz 1973 p 63
179 Les circuits privés étaient composé
entre autre de vendeuses Dioula et de libanais qui détournaient la
production du riz destinée à la Soderiz
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CFA le kilogramme et même à 75f /kg en 1974 le
paddy rendu usine180. En outre, un système de primes
lié au tonnage livré et au lieu de livraison a été
mis en place par la Soderiz. Par ce moyen, les paysans et les
commerçants qui auparavant se détournaient de la
société rizicole pour d'autres circuits, se sont rués de
nouveau vers les usines Soderiz pour livrer la production du paddy. Dès
leurs arrivées, ils bénéficièrent d'un bonus de 10
francs par kilogramme, que la société offrait pour les livraisons
à l'usine. Les commerçants profitèrent de cette hausse
pour augmenter leurs chiffres d'affaires. Pour la seule campagne 19741975, les
commerçants de la région de Gagnoa ont ainsi empochés
plusieurs dizaines de millions de francs CFA181.
Cette ruée du paddy dans les usines de la Soderiz a
permis d'augmenter massivement la production nationale du riz. Cette
expérience incitatrice des prix de la société a
été inspirée du model japonais, qui dans la
décennie 60 a pu accéder à l'auto suffisance grâce
à une pareille politique incitatrice de prix à la
production182. A partir de 1976, grâce à cette
politique les usines Soderiz sont débordées de paddy. On assiste
alors à une surproduction de ses unités. D'ailleurs, cela affecta
pour un temps tout le secteur industriel de la société, car les
usines n'étaient pas aptes à accueillir un tel nombre de
tonnages. De plus, l'achat des milliers de tonnes de paddy a entrainé
une énorme sortie de devise pour l'entreprise. La Soderiz se trouva
fragilisé financièrement avec un déficit de 2 milliards de
francs CFA183. Elle n'a plus les moyens d'acheter le paddy en
1977.
L'augmentation brutale des prix à la production en
réalité ne devrait pas être du ressort de la Soderiz.
Certes la Soderiz estimait ne pas pouvoir remplir sa mission avec des prix
d'achat qu'elle jugeait trop bas. Mais pour la Soderiz les prix ne devraient
pas être triplés de façon brutale. Pour Hirsch,
180 A, SAWADOGO op.cit. p 155
181 J, P, Dozon, op.cit p 92
182 FAO : 1974, riz : certains
aspects...op.cit, p 70 183ADS : Rapport
annuel Soderiz 1975 - 1978 p18
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l'augmentation émanait des autorités politiques
qui n'ont pas laissé à la Soderiz de prendre des décisions
face au prix spectaculaire dont le contrôle lui échappait
entièrement184.
Ce grave problème de hausse brutale du prix fut
préjudiciable à la société de développement
qui vit le prix du riz à la consommation augmenter.
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