2- Moderniser le secteur rizicole et améliorer les
conditions sociales du Paysan.
La modernisation de la riziculture était inscrite sur
la feuille de route de la Soderiz. Elle se devait de mettre les paysans dans de
meilleures conditions, en améliorant leurs conditions sociales. La
politique de développement rizicole dans la perspective décennale
1970-1980 s'inscrivait dans la logique du quinquennat précédent,
qui était l'innovation dans le secteur rizicole dont la Soderiz assure
la charge. Ainsi, l'institution devait approfondir et vulgariser la culture du
riz.
Par ailleurs, elle devait moderniser la riziculture par la
promotion d'entreprises familiales. Les exploitations familiales devraient
être modernisées et intensifiées. La Soderiz devait rompre
avec les vielles méthodes de culture jusque là utilisées
par les paysans. Il s'agissait de l'utilisation de la daba, de la machette et
celle des débris végétaux comme engrais. La
société rizicole devait prévoir la motorisation de la
riziculture irriguée et pluviale83.
L'orientation vers la modernisation devait permettre d'assurer
une augmentation rapide des revenus monétaires du paysan et contribuer
le plus efficacement possible à la croissance économique du pays,
condition à l'essor de la production. En outre, un objectif social est
lié à l'effort productif du riz. Il s'agit pour la Soderiz de
créer un nouveau paysan moderne. Les autorités nationales
à travers la Soderiz ont opté pour une formule visant non
seulement à favoriser la productivité des rendements des paysans,
mais également à promouvoir un nouveau type de producteur ou
d'exploitant agricole de type «riziculteur»84. Selon Hema
Namboin Augustin, ancien cadre de la Soderiz chargé de la
coopération internationale, « l'Etat visait à
développer le monde rural et permettre aux paysans de s'acheter les
produits manufacturés, en suscitant aux producteurs le gout de la
riziculture par la proposition de prix
83 Ministère de l'économie, des finances
et du plan, Perspectives décennales de développement
économique, social et culturel 1970 - 1980, Abidjan, p 29
84 J, P, DOZON, op.cit, p 75
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rémunérateur, sans toute fois nier la
certitude de vendre dans de bonnes conditions leurs productions
»85. L'idée d'assurer un revenu au paysan est la
continuité de la politique rizicole des colons, pour qui, les revenus
devraient servir à payer l'impôt.
Globalement, la Soderiz doit créer avec l'appui des
paysans, un capital productif et exploitable d'une façon moderne donc
mécanisée. La riziculture permet cette opportunité
à partir du moment où le périmètre est d'une taille
suffisante pour autoriser la mécanisation avec motoculteurs et
tracteurs. La société d'Etat devrait considérer cette
condition remplie en augmentant le nombre d'engins. La modernisation de la
culture du riz devenait une réalité avec la Soderiz. Lors du
Ve congrès du PDCI RDA de 1970, Félix Houphouët
Boigny avait lancé ces propos : « nos jeunes paysans
abandonnent progressivement le travail de la terre par des instruments
archaïques pour accepter volontiers d'être au volant des tracteurs
d'où pour nous la nécessité impérieuse de
procéder à la mécanisation de la riziculture
»86.
Par ailleurs, l'intensification de la mécanisation du
secteur rizicole était une urgente mission pour la Soderiz afin de
pouvoir atteindre ses objectifs. La vulgarisation a engendré la
modernisation des pratiques culturales qui, dans un premier temps
amélioraient les conditions de vie des paysans et dans un second temps
renforceraient les capacités de production à travers la
motorisation. La Soderiz doit donc se donner les moyens pour relever les
déficits de la production rizicole.
Avec la modernisation et l'amélioration des conditions
de vie des paysans comme mission de la société de
développement rizicole, le temps était à l'intervention
pratique de la Soderiz sur le terrain.
85Hema Namboin Augustin, directeur chargé de
la coopération internationale à la Soderiz 1972- 1977, entretien
réalisé le 28 Août 2011, à Abidjan Riviera
86 F, H, BOIGNY, op. Cit, p 226
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