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Penser la justice dans le monde, une urgence Rawlsienne

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par Eric Christian BONG NKOT
Université de Yaoundé 1 - Mémoire rédigé en vue de l'obtention d'un diplôme d'études approfondies ( DEA ) en philosophie.  2009
  

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CONCLUSION GENERALE

La double interrogation qui a orienté toutes les réflexions menées dans ce travail se présentait ainsi: quelles sont les conditions de possibilité d'une émancipation du vécu politique des carcans de l'injustice? L'autonomie rationnelle peut-elle aider à la déconstruction, mieux à la refondation des systèmes de répression par lesquels l'idéologie capitaliste néolibérale a conditionné la justice cosmopolitique (Banque mondiale, F.M.I et autres organismes internationaux)?

Tant une vague idéologique tente d'extraire de l'espace public les considérations prescriptives de la morale et du droit, pour fonder le rapport au monde, mieux la coopération sociale et internationale sur une rationalité de la domination. Les effets pervers de cette dernières sont visibles au quotidien: oppression, répression, mystification démagogique du politique issue du cynisme technocratique, l'extorsion continue de la plus-value des pays du centre à ceux qui se trouvent dans la périphérie du monde, entraînant ainsi le mal vivre, la souffrance, l'ajournement continu de la promesse de vie meilleure.

Quelle attitude faut-il adopter face à une globalisation qui impose la domination comme modalité de l'action politique? Faut-il se résigner à la démission et sombrer dans la voie d'un pessimisme axiologique ou est-il encore possible d'entrevoir dans l'univers sombre des "dominés", la beauté d'un horizon porteur d'un projet de libération? Les enjeux de telles interrogations posent le problème de l'autonomie politique, et celui ci suppose la prise en considération des choix politiques des individus et des peuples. L'autonomie introduit le choix, c'est l'affirmation de soi face au réel et responsabilité face à l'être au monde de l'autre. Certes aux yeux de certains, l'existence d'un monde social affranchi de la domination est une utopie, mais la catégorie d'autonomie dans la réalité des institutions sociales, et même dans la vie collective, des perspectives permettant une critique franche des abus et des injustices.

Comment s'articule donc dans la théorie de la justice comme équité, le problème de l'autonomie? Et dans quelle mesure cette articulation peut-elle s'envisager comme critique d'une histoire qui a fondée la coopération sociale et internationale sur des normes hétéronomes? La pensée de Rawls fournie une lecture non homogène de l'autonomie. Cela s'explique par le fait qu'à l'intérieur de cette pensée, il y a une discontinuité entre l'Etat-nation démocratique et le monde, entre le national et l'international. Au niveau national, l'autonomie politique ouvre la perspective de l'égalité démocratique interprétée en terme d'équité, c'est-à-dire la quête d'un équilibre entre la maximisation du sort des plus défavorisés et la préservation des intérêts des plus nantis. En fait il s'agit pour Rawls de parvenir à une forme d'organisation sociale qui intègre l'amélioration des conditions de plus démunis comme modalité fondamentale de l'action politique. Et cela passe par une redéfinition du rapport entre justice distributive et efficacité économique. Au niveau international, la modalité de justice distributive définie au niveau national cède la place à une politique de la tolérance, de la charité paternaliste et de la guerre juste. A cause de son souci d'équilibre social et par son rapport à l'utopie, la pensée de Rawls est importante pour envisager l'effectivité de la possibilité d'un monde meilleur. L'attention accordée au problème de la misère dans le monde est plus qu'important pour nous: la solution rawlsienne s'oppose à justice distributive internationale et milite pour la refondation en justice des espaces publics des pays du Tiers monde.

Evaluer la théorie de la justice comme équité revient à évaluer dans celle-ci un versant critique et un versant politique. Le problème de l'autonomie politique tel que le résout Rawls, nous a servi sur un plan critique, dans la déconstruction du discours de l'ajustement au monde fondé sur l'hétéronomie des normes politiques. Mais cette solution au problème de l'autonomie politique reste insatisfaisante sur la stratégie de transformation globale qu'elle propose. Mai même si son orientation de politique globale reste insatisfaisante, la théorie de la justice comme équité, en tant que critique d'une histoire, pose néanmoins les jalons pour une conception de l'autonomie politique qui peut être un véritable fondement pour une politique de libération.

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