III.6 Les articulations entre la vente et
l'expropriation des terres agricoles à la périphérie de la
Ville de Zinder
Il existe entre les ventes des terres et les expropriations
exercées par les communes, une relation symétrique.
En effet, l'évolution du marché foncier au
niveau de la périphérie de la Ville de Zinder est liée
à la dynamique des communes quant à la réalisation des
lotissements. Les paysans vendent les terres aux spéculateurs, qui
revendent ou thésaurisent en attendant les lotissements.
Parallèlement, les communes exproprient les terres
agricoles pour les transformer en parcelles et les vendre
généralement aux citadins, puisque ce sont eux qui ont les moyens
d'acheter.
En général, les spéculations
foncières en périphérie se font sur les parcelles
plutôt que sur les champs. Ces spéculations sur le prix des
parcelles, empêchent aux paysans à faibles revenus de se procurer
des parcelles, hormis celles liées aux transactions avec la commune.
Rareté des terres de cultures ?
Exode rural Rareté des terres de cultures
Vente des terres agricoles Expropriation des terres
agricoles
Décapitalisation
Spéculation ou thésaurisation des terres
Insécurité alimentaire
(Faible disponibilité des produits alimentaires)
Insécurité foncière (Insuffisance de
sécurité pour la mise en valeur : instabilité,
précarité, faiblesse
des investissements) Accroissement de
la vulnérabilité
des populations rurales
? Accroissement des
paysans sans terres
? Salariat agricole
Décapitalisation
Transformation des champs en parcelles d'habitation
Figure 1: Articulation entre
insécurité foncière/marché foncier/expropriation/
insécurité alimentaire (Source : Maman Sani.A, Sabou. I,
Leko. I, 2011, révisé)
La figure n°1 illustre le lien qui existe entre
l'insécurité foncière qui accentue les ventes et les
expropriations pour cause d'utilité publique des terres agricoles et la
sécurité alimentaire. En effet, les deux phénomènes
créent une rareté des terres de cultures au niveau des paysans,
les
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transformant en des paysans sans terres d'où la
pratique du salariat agricole et l'accroissement de l'exode. Ces pratiques
constituent des stratégies pour la lutte contre
l'insécurité alimentaire.
III.7 Contribution du foncier périurbain
à la sécurité alimentaire
L'espace périurbain est une zone rurale où
l'agriculture constitue la principale activité des populations. Cet
espace fait face depuis quelques années à l'étalement de
la ville, rendant l'activité agricole de plus en plus difficile.
La disparition progressive des espaces périurbains de
la Ville de Zinder rend encore plus aigu le déficit
céréalier aggravant ainsi, les conditions
d'insécurité des populations rurales.
La Ville de Zinder dispose de 82 981 ha emblavés en
2009 pour une production de 12 450 tonnes (SCA de Zinder, 2012), soit 23,28% du
besoin de la population, ce qui n'est pas négligeable vue les conditions
dans lesquelles se pratique l'agriculture périurbaine. Dans le cas de la
Ville de Zinder, le moindre espace doit être mis en valeur et
exploité pour accroître la production, au lieu de tout
urbaniser.
L'agriculture périurbaine peut largement contribuer
à l'atteinte de la sécurité alimentaire des populations,
du fait qu'elle fournit les réserves alimentaires d'urgence de par la
diversité des denrées alimentaires qu'elle met à la
disposition des consommateurs urbains. Cet apport n'est possible en
quantité et en qualité qu'à travers des actions de
renforcement de capacités des paysans et de restauration des terres. En
effet, les paysans peuvent accroître leur production en
bénéficiant d'un encadrement adéquat, en les organisant en
association, en menant une politique tendant à réduire les
morcellements des terres agricoles.
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