I-II-7- L'activité de cueillette et la
pharmacopée
Il faut signaler un droit tacite
sur l'exploitation des arbres en milieu rural. L'arbre est accepté
propriété du propriétaire du champ sur lequel il a
poussé. Les arbres appartiennent aussi au village qui contrôle les
terres sur lesquelles ils poussent. Les arbres éloignés de tous
villages appartiennent à tous et peuvent être exploités par
n'importe qui. La cueillette est donc faite en respect de ce code par les
femmes et les enfants, de ce fait elle est moins nocive que la recherche du
bois.
Cette exploitation est un
complément alimentaire pour la population et une source importante de
revenus pour les femmes. Il s'agit essentiellement des fruits d'Adansonia
digitata, Balanites Aegyptiaca, Zizyphus mauriciana. Les
feuilles d'Adansonia digitata, qui accompagnent le couscous comme
émollient sont très recherchées de même que les
fruits de Cordyla pinnata appelés « viande du
Saloum ». Le baobab aussi fournit des cordages de même que
Pilostigna retuculum.
Peut être, faut-il signaler
la gomme de l'Acacia senegal, pour l'industrie d'habillement et celle
de Setigera stercula pour l'alimentation.
D'autres fruits comestibles ne
font pas l'objet de vente, mais cueillis par les enfants pour
l'alimentation.
Les populations rurales se sont
toujours servies des plantes pour se soigner. La récession
économique, la cherté des médicaments modernes ont
exacerbé l'utilisation des plantes locales avec aujourd'hui leur
commercialisation.
Certaines espèces
réputées soigner telle ou telle maladie des hommes ou des animaux
sont surexploitées et menacées de disparition, on peut citer
l'exemple de Ximena americana de Cassia seberiana, de
Parkia biglobosa.
I-II-8- Les feux de brousse
Les feux de brousse,
phénomène ancien, sont devenus préoccupants à cause
de leurs conséquences néfastes sur les écosystèmes,
l'économie et le social. Ces vingt dernières années, la
situation s'est aggravée du fait :
- De la diminution de la
pluviométrie et de l'humidité de sols qui ont affecté la
santé des différentes formations forestières.
- L'explosion démographique
avec ses besoins en terres agricoles, pastorales et en produits forestiers
divers.
- La mauvaise utilisation du feu
par les producteurs ruraux.
Les périodes
L'examen du tableau de la campagne
2004/2005, de la Direction des Eaux et Forêts, chasse et de la
conservation des sols montre que les feux de brousse débutent dès
octobre dans la région de Louga et se terme fin Juin par les derniers
feux signalés dans la région de Kaolack. Le front du feu
progresse du nord au Sud et atteint son paroxysme en Mars et Avril.
![](La-problematique-de-la-gestion-des-ressources-naturelles-de-la-communaute-rurale-de-Ndiaffate26.png)
Tableau 13 : période
des feux de brousse
Source : Direction des Eaux
et Forêts (2007) .
La fréquence du
phénomène a pu faire dire à (Ba, 1986) :
« le feu de brousse est une variable du système agraire et
pastoral traditionnel»
Les causes
L'homme, de manière
volontaire ou involontaire, est à l'origine des feux de brousse. C'est
le constat de l'ensemble des observateurs. Les feux de foudre étant
rares voire inexistante au Sénégal. Les pasteurs pensent que
c'est un moyen de régénérer la strate herbacée
(Diatta M, 1986).
Les causes anthropiques sont
nombreuses et diverses ; on peut citer :
Les feux intentionnels,
allumés pour :
- dégager un espace
agricole
- protéger les
habitations
- avoir une bonne vision
- renouveler le miel
- préparer les champs de
culture
- éloigner le
transhumant
- Nuire à un adversaire
Les feux allumés par
négligence sont le fait de: les
fumeurs, les campeurs, meules de carbonisation mal surveillées, feu de cuisson mal éteint, feu des transhumants ou des voyageurs
Les causes
accidentelles : la récolte du
miel par la méthode traditionnelle, le
transport de braise de case en case, les malades
mentaux, la chasse avec des fusils de traite, les enfants.
C'est un moyen de
régénérer la state herbacée (Diatta M, 1986)
partir des études faites sur la communauté rurale de Bandafassi)
montrer qu'en dépit de la destruction de la couverture herbacée,
la végétation se reconstitue quelque soit la période de
mise à feu. La raison est que même si pour Pénning et al,
(1982), le feu détruit les semences, il y a des espèces comme le
Diheteropogon hagerupii, Loudetia togoensis, Schoenefeldia gracilis et le
Blépharis Linarifolia ont des semences résistantes au feu.
Il faut aussi admettre que l'élévation de la température
consécutive au feu a peu d'effet au delà des cinq (5) premiers
centimètres du sol.
Cependant la
répétition du passage des feux tardifs peut modifier la
composition floristique et la structure de la végétation. Le feu
supprime les jeunes pousses, les fruits, touchant directement les revenus des
populations.
Le tapis herbacé joue un
rôle d'écran contre l'érosion éolienne et le splash
des premières pluies. S'il est éliminé par le feu, cet
écran disparaît (Sall M, 1982).
Les sols soumis au feu
s'appauvrissent et deviennent sensibles au ruissellement.
Les superficies
brûlées
Le tableau N° 2 :
variation spatiale des feux campagne 2004-2005 montre les superficies
brulées, le nombre de cas signalés la superficie régionale
totale en ha et le pourcentage brûlé par rapport à la
superficie totale.
Régions
|
Nombre
De cas
|
Superficies
Brûlées
(ha)
|
Superficies
régionales
(ha)
|
% surfaces
Brûlées
(ha)
|
Dakar
|
3
|
17
|
55000
|
0.33
|
Diourbel
|
6
|
1436
|
435900
|
0.32
|
Fatick
|
6
|
1125
|
793500
|
0.14
|
Kaolack
|
52
|
20028
|
1431200
|
1.39
|
Kolda
|
145
|
47906.5
|
2100000
|
2.38
|
Louga
|
15
|
13229
|
2898800
|
0.46
|
Matam
|
9
|
63200
|
2509300
|
2.51
|
Saint Louis
|
4
|
370
|
1997200
|
0.02
|
Tambacounda
|
99
|
15596
|
5960200
|
0.26
|
Thiès
|
5
|
91
|
660100
|
0.01
|
Ziguinchor
|
20
|
4863
|
733900
|
0.66
|
Total
|
364
|
167861
|
19426300
|
0.85
|
Le tableau n°14 :
variation spatiale des feux campagne 2004-2005
Source ; Direction des Eaux
et Forêts (2006)
Pour la région de Kaolack
où se situe notre zone d'étude de communauté
rurale de Ndiaffate, 20028 ha sur 1431200ha sont brûlés
soit 1,39% total
|