I-II-4- La dégradation du fait des politiques agricoles
et le régime foncier
Nous l'avons évoqué
plus haut, le Programme Agricole (PA) qui couvre la période 1960-1980
est un vaste plan d'équipement du monde rural. Rien n'est laissé
au hasard : le paysan affilié à une coopérative y
vend son arachide, la coopérative reçoit son financement de
l'ONCAD qui prête encore du matériel agricole, des semences, des
engrains et des produits phytosanitaires. L'ONCAD est soutenu par le BNDS
Banque Nationale de Développement du Sénégal. Pour
produire mieux et plus, ce même paysan est encadré par un
organisme puissant, la SODEVA, qui sillonne tout le bassin arachidier. Le
matériel agricole est fabriqué par une usine située
à Pout, la SISCOMA. Une organisation parfaite qui ne réussit
pourtant pas à augmenter les rendements agricoles. La seule
réussite de la SODEVA a été l'introduction de la culture
attelée et le bouleversant les techniques traditionnelles de production
avec augmentation de la capacité opérationnelle des paysans.
Cependant l'intensification et la
diversification des cultures échouent. Les défrichements entamant
les dernières réserves foncières et les paysans à
l'étroit quittent leur terroir vers les «terres
neuves ».
A partir de 1980, la nouvelle
politique agricole la NPA, marque le désengagement de l'Etat et la
libéralisation du secteur. Le paysan se retrouve face à son
destin, abandonné à lui-même. On lui demande de produire
ses propres semences, d'acheter de l'engrais et de mettre à profit ce
qu'il a appris en 20 ans de présence de la SODEVA, maintenant
dissoute.
La conséquence
immédiate est la disparition progressive de l'engrais minéral des
exploitations alors que la fumure organique ne suit pas le rythme des
défrichements. La pluviométrie en baisse limite le coton qui
demande plus d'eau que l'arachide aux zones Est du bassin arachidier. Ainsi les
terres qui ne se reposent plus par la jachère et qui ne reçoivent
plus d'engrais se détériorent.
La Communauté Rurale de
Ndiaffate, par sa bonne situation par rapport a Kaolack reçoit un afflux
important de paysans à la recherche de terres, ce sont surtout des
sérères venant de Sine comme Ndiaffate sérère ou
des mourides comme à Touba Sanokho.
La phase actuelle est
marquée depuis 2000 par la visée d'une agriculture à
l'américaine sur les intentions sans réellement se
concrétiser sur le terrain, de sorte que les paysans traumatisés
par les bons impayés, les mauvaises semences, une politique commerciale
déroutante, ne savent plus qui est leur interlocuteur. Est-ce l'Etat,
l'usine, ou le spéculateur du louma ?
La loi sur le domaine national qui
voulait démocratiser la terre a abouti à la gestion de la terre
par les conseils ruraux. Comme « la terre n'appartient plus
qu'à celui qui la travaille » celui qui possède
l'équipement l'emporte sur celui qui est mal équipé. Cela
aboutit à l'octroi des terres aux paysans du dimanche, citadins
exploitants qui peuvent produire en fournissant le matériel à des
paysans devenus ouvriers dans leur propre terroir des » Sourgas
« chez eux, ou aux marabouts qui obtiennent de défricher les
réserves foncières et les forêts classées comme
Vélor
L'adoption en juin 2004 de la loi
d'orientation Agro-sylvo-pastorale (LOASP) qui reconnaît enfin les
métiers de l'agriculture n'est pas encore suivie d'application et les
conseils ruraux gèrent toujours les terres.
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