I - II: Les facteurs
anthropiques
I - II - 1 - Les causes
liées à l'agriculture
L'homme de par ses
activités intervient directement sur les sols en les dégradant de
par ses activités culturales et ses activités d'élevage,
indirectement de par l'utilisation qu'il fait des ressources
végétales. Nous allons examiner la dégradation de la
ressource qui constitue le sol par l'effet de l'homme sous l'angle de la
démographie et les activités socio-économiques.
I-II-2- La poussée
démographique
Le recensement
général de la population de 1988 crédite la
communauté rurale de Ndiaffate de 18849hts sur une superficie de 209 km
² soit une densité de population 90,18hts/km². Une pression
déjà forte sur les sols, avec une progression de plus de 2%/an,
la population est estimée par les projections de la DPS à
28181hts en 2006 soit une augmentation de 9332 hts depuis 1988 avec une
densité de 134,9 hts au km², elle sera de 31540 hts à
l'horizon 2015 avec une densité de 150,9 hts au km².
S'il fallait distribuer
équitablement à cette population la terre de la communauté
rurale soit 20900 ha en 2006, chacun aurait reçu 0,74 ha. Cette part se
réduirait 0,66 ha à l'horizon 2015.
Ceci pour montrer l'impact de la
poussé démographique sur les terres disponibles.
Cette situation explique la
réponse de la plupart des villageois à notre questionnaire. En
effet, à la question est-ce qu'un étranger peut toujours avoir
des terres dans votre village, une majorité de villages a répondu
non !
I-II-3- Dégradation du fait du choix des
spéculations et des pratiques culturales
Les variétés
cultivées n'ont pas le même effet sur les sols, et la
possibilité de cultiver telle ou telle espèce détermine le
choix des populations quant à leur destination quand elles
décident de se déplacer pour pratiquer la culture de
l'espèce choisie.
Pélissier (1996)
relève que « le territoire compris entre le Saloum et la
Gambie ne disposait, au milieu 19éme siècle que d'un peuplement
très marginal, très diffus.
Au-delà des limites de la
clairière occupée par les terrains de culture de chaque village,
s'étendaient d'immenses surfaces couvertes par la forêt et sur
lesquelles ne pesait aucun droit foncier »
L'introduction de la culture
arachidière par le pouvoir colonial a bouleversé
l'économie rurale à tel point que l'arachide a rapidement
devancé les cultures vivrières dans tous les villages. Le Sine
Saloum par ses spécificités pédologiques et climatiques
favorables à l'arachide est devenu le coeur du bassin arachidier.
La monoculture de l'arachide s'est
installée dans beaucoup de territoire avec défrichement du fait
de l'introduction de la culture attelée
Les pouvoirs coloniaux, les
pouvoirs étatiques du Sénégal indépendant, ont
joué à fond la carte de l'arachide en consacrant des efforts
importants pour augmenter sa production.
C'est ainsi qu'un programme
agricole (PA) a été mis en place avec des organismes
d'encadrement qui ont complètement révolutionné les
techniques culturales.
La culture attelée a
complètement remplacé l'hiler que Pélissier (1966) a si
bien apprécié et pour que rien ne gène cette culture
attelée, la SODEVA a préconisé le dessouchage des champs
nouvellement défrichés, sans procéder au reboisement.
Ainsi, la déforestation a eu comme conséquences induites,
l'accélération de l'érosion éolienne en saison
sèche avec la possibilité d'accélération du vent.
Les terres ne suffisant plus, il a
fallu abandonner la jachère, et ensuite la rotation triennale surtout en
pays sérère fondée sur l'alternance arachide, mil,
jachère pâturée.
L'arachide étant une
spéculation de120 jours, la durée d'occupation du sol est plus
longue et la terre n'a plus le temps de se rependre.
Sur le plan social, l'extension de
la culture de l'arachide relègue les éleveurs sur les terres
marginales en s'étendant sur les terres de parcours, ceci étant
source de conflits éleveurs -agriculteurs notés dans beaucoup de
villages de la Communauté Rurale de Ndiaffate.
Pour les travaux champêtres,
le calendrier cultural place la préparation du champ en tête et
cela commence par l'élimination des jeunes arbres au coupe-coupe et
à la machette, ce qui gène leur
régénération.
Puis vient l'élimination
de la paille sèche. Si certains paysans respectent l'interdiction de
l'usage du feu sur le champ, d'autres le pratiquent encore. Les vieux paysans
et les bergers Peuls croient encore à la vertu de cette pratique qui
selon eux, fertilise le sol et éloigne les criquets pèlerins.
Pourtant ce procédé
empêche une mise à disposition de certains éléments
nutritifs minéraux, en réduisant le niveau global du carbone
(matière organique) (Rodale Institute 1989).
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