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Apport de la justice transitionnelle à  travers la communication dans le processus de résolution des conflits interethniques. Cas du territoire de Masisi, de 2000 à  2006

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par Ladislas NDAKOLA MUHIMA
Université de CEPROMAD ( République démocratique du Congo) - Licence en sciences de l'information et de la communication 2010
  

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III.7.3. Modalités pratiques

Selon F. MAYOR, « les communautés ont besoin de repérer dans la complexité et la brume du présent, le chemin d'un avenir de paix et de justice. N'oublions jamais que la recherche d'une solution doit se faire par la parole et non par l'épée, par le dialogue et non par la contrainte. Il faut construire l'avenir du territoire et non vivre seulement du passé ».60

La réconciliation, par-dessus tout, consiste à communiquer, écouter attentivement et avoir des conversations profondes à tous les niveaux de la société. Elle implique une conversation inclusive. Il s'agit de créer des espaces d'écoute mutuelle ou individus et communautés qui puissent commencer le travail difficile de compréhension même si cette conversation soit parfois conflictuelle et marquée par des désaccords, elle est également une alternative à la violence et un moyen de trouver des solutions à des problèmes qui paraissent insolubles.61

60 Federico Mayor ; Discours d'ouverture lors de la conférence de Paris, sur le Burundi : construire l'avenir du Burundi, 26-28/09/1998, par UNESCO.

61 VILLA C., La réconciliation : Apprendre à s'asseoir sous un même arbre, colloque international au Burundi, du 2-22/09/2005, p.65

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Accepter ce qui s'est passé est parfois plus important que reconnaître les faits en cause. Bien qu'une partie seulement de ceux qui ont souffert aient nécessairement besoin d'excuses formelles pour laisser derrière eux les conflits du passé, les recherches sur le processus d'amnistie de la CVR démontrent que l'acceptation de ses résultats augmente de manière significative lorsque la victime ou la famille des victimes obtiennent une reconnaissance et des excuses légitimes.

On suggère parfois que le nouvel ordre ne puisse se construire en laissant un passé douloureux. Le problème est qu'en commençant quelque chose de nouveau, on ne repart jamais à zéro. L'histoire poursuit sa course, façonnant le présent tout en faisant planer son ombre sur le futur. La mémoire muette crie pour se faire entendre. Il est nécessaire que l'on y soit attentif, non seulement pour découvrir la vérité du passé, mais aussi pour affronter le futur. Beaucoup d'histoires racontées par les victimes à la CVR lors de la transition en RDC ne concernaient pas tant ce qui s'est passé réellement que l'impact de ce qui s'était passé sur les vies présentes et futures des victimes.

Les débats sur la nature et l'ampleur des réparations pour les victimes de violations massives des droits de l'homme n'est pas prêt de s'éteindre. Exclure la justice socio-économique du processus de réconciliation revient à mettre en danger les perspectives de consolidation démocratique.

Au milieu, le but des réparations est d'intégrer l'objectif et le subjectif et de transcender les divisions matérielles et émotionnelles du passé. Il s'agit de créer une forme de société différente (de l'ancienne société).

La réconciliation est un long processus qui prend du temps et implique de confronter le passé. C'est un travail qui exige deuil, écoute, entente, guérison, reconnaissance et réparations. C'est un commencement, un fondement pour créer une nouvelle façon de vivre.62

L'on peut dire aussi que le deuil est le cheminement qui mène de la mort à la vie. Ainsi l'orientation fondamentale de la mémoire et du pardon s'inscrit dans la trajectoire de la réorganisation de la vie, du « davantage de vie encore ».

62 D. TUTU, No future without forgiveness, Canada, Rider, 1999, p.20

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A contrario, l'oubli et le maintien de la souffrance de l'offense (haine, vengeance, violence) s'inscrivent dans la trajectoire opposée, celle de la désorganisation de la vie, mais les opposer de façon figeante ne peut conduire qu'à la création des catégories antagonistes.

La conservation et la reproduction des faits et gestes douloureux, comme c'est le cas pour le génocide, font mal. Il en va de même des paroles et des discours, des vestiges et autres conséquences ou retombées d'une action, d'un phénomène douloureux.

Conservation et reproduction restent supportables pendant un certain temps proche du moment des faits et gestes, des paroles et discours des actions et des événements. Mais au fur et à mesure que ces choses commencent à reparaître entrent dans l'histoire et font partie du passé, leur reproduction est mal supportée et rejetée quand il s'agit des choses douloureuses. Le pardon est impossible aussi longtemps que la mémoire est conservation et reproduction.

Lorsque les souffrances persistent, le processus de pacification ne peut pas se mettre en route. Mais en quoi consiste au juste ce processus de pacification ? Quelles sont les caractéristiques du pardon ?

Le pardon est au coeur du deuil et par voie de conséquence au coeur de la vie. Il l'y est comme moment d'aboutissement de la réorganisation de l'histoire personnelle et comme démarrage du voyage vers l'autre.

Il est l'espace émouvant des retrouvailles avec soi unifié, de cheminement alterné vers soi et vers autrui. Il est l'horizon des retrouvailles avec les autres au plus profonds de soi-même.

Voilà pourquoi il est le processus de pacification avec soi-même, les morts les vivants, l'environnement physique et social, Dieu ou l'Etre Suprême ou le Tout Autre, ce qui empêche de se retrouver avec soi-même et avec autrui, c'est la perte des repères culturels, l'insécurité matérielle, sociale et mentale, l'incapacité à se décaler du moment présent, le mélange des sentiments et de la culpabilité. Ce qui permet de se retrouver avec soi-même et avec autrui, c'est l'opportunité de raconter et de mettre les mots sur ce que l'on a vécu, de trouver quelqu'un qui écoute sans se lasser, ni interférer, ni juger,

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communier, compatir et partager. Mais raconter comme s'il s'agissait d'une histoire à la quelle on a assisté ne suffit pas.

C'est donc l'opportunité d'exprimer sa souffrance et tous les sentiments qu'elles charrient.

Exprimer est certes une bonne chose, mais il ne suffit pas non plus pour accéder au pardon, à la paix ; c'est donc aussi l'opportunité de trouver un sens à l'expérience vécue, de la reconnaître et de l'assumer63.

Le sens est à la fois une direction et la destination, un horizon et la marche qui y mènent. Il fait accéder à la responsabilité, à la sienne et à celle des autres. Se percevoir et se reconnaître comme responsable, c'est ce prévaloir et se reconnaître comme sujet libre, acteur si pas de ce qui s'est passé, mais au moins des conséquences64.

La responsabilité apparaît ainsi au coeur du travail de mémoire : non pas comme conservation ou reproduction (culpabilité), mais comme production et transformation du sens65.

C'est l'homme responsable qui est sujet de la mémoire de vie passée (héritage), présente (adaptation) et future (projet). Mais, tant qu'on est englué dans la culpabilité et empêtré dans le mélange des sentiments, on ne peut pas accéder au pardon.

On a peur de trahir en oubliant, et l'intensité des sentiments entremêlés donne le vertige, brouille la perception des événements et des êtres, des paroles et des actes, épuise l'énergie nécessaire pour accéder à la responsabilité et en assumer les conséquences.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams