2.2. CONCEPT DE CHASSE
2.2.1. Contexte légale et réglementaire de la
chasse au Congo
Le cadre légal et réglementaire en vigueur (loi
n° 48/83 du 21/04/83) prévoit dans ses dispositions (art. 19 du
décret n° 85/875 du 6/7/85) que la viande d'animaux sauvages
qualifiés petits gibiers issus d'abattages réguliers appartenant
aux ordres ou familles des rongeurs, Cercopithecidae, Felidae, Viverridae,
Canidae, Céphalophinae, etc., revient de droit aux chasseurs pour leur
consommation personnelle et celle de leur propre famille.
Par ailleurs, l'article 20 stipule que la viande issue
d'animaux qualifiés gros gibiers légalement abattus et non
cités par l'article 19 précédent, doit être
abandonnée aux collectivités locales. Toutefois, les abatteurs de
tels animaux sont autorisés, pour leur consommation personnelle et celle
de leur famille, de prélever une partie de viande qui, en aucun cas, ne
doit pas excéder la moitié. De plus, la viande issue de la chasse
traditionnelle (art. 21 du décret) à l'effet de l'exercice du
droit d'usage comme prévu à l'article 32 de la loi 48/83,
appartient au chasseur pour sa subsistance et celle de sa famille.
Malheureusement, toutes ces dispositions légales et
réglementaires sont régulièrement violées par les
chasseurs légaux et illégaux qui font de la viande de brousse un
produit de lucre qu'ils commercialisent et trafiquent au niveau national et
international, au mépris de la loi et au détriment des ruraux qui
en dépendent étroitement.
2.2.2. Causes et importance des prélèvements
des ressources fauniques
La chasse joue depuis longtemps un important rôle dans
l'économie des pays d'Afrique Centrale. D'après Dethier (1995),
l'importance des prélèvements est influencée par la
disponibilité des ressources fauniques pour les populations riveraines
et par l'impact des captures sur les populations animales. La surexploitation
des forêts d'Afrique Centrale est essentiellement due à la
croissance rapide des populations riveraines, qui n'ont pour unique source de
revenus stable que les éléments tirés de la forêt
(Ngnegueu, 1998). A cette cause
11
s'ajoute la demande croissante de la viande de brousse en zone
urbaine (Payne, 1992 ; Fa et al., 1995 ; Wilkie et Carpenter, 1999).
Du fait de l'importance de la densité humaine, la consommation de la
viande de brousse en zones urbaines excède celle observée dans
les zones rurales. Les tendances de consommation de gibier en zones urbaines et
en zones rurales dans les pays du Bassin du Congo sont présentées
dans le tableau 1.
Tableau 1: Consommation rurale et urbaine de la viande
de brousse dans le Bassin
du Congo
Pays
|
Superficies forestières
|
|
Population
|
Quantités de viande de
brousse consommée
|
|
(km2)
|
Forestière
|
Urbaine*
|
Kg/an
|
Kg/km2/an
|
Cameroun
|
155 330
|
1 424 000
|
2 214 620
|
78 077 172
|
503
|
RCA
|
52 236
|
219 599
|
539 775
|
12 976 507
|
248
|
RDC
|
1 190 737
|
22 127 000
|
3 782 369
|
1067 873 491
|
897
|
Guinée
|
17 004
|
183 000
|
227 500
|
9 762 838
|
574
|
Equatoriale
|
|
|
|
|
|
Gabon
|
227 500
|
181 700
|
227 500
|
9 762 838
|
574
|
Congo
|
213 400
|
219 500
|
1 245 528
|
16 325 305
|
77
|
Total
|
1 856 207
|
24 344 799
|
8 237 292
|
1194778171
|
2873
|
Source : Wilkie et Carpenter (1999) * La
population urbaine considérée dans les zones urbaines
considère uniquement les villes proches des zones de forêt
dense.
Le tableau 1 montre que la consommation journalière de
la viande sauvage par individu est dix fois plus élevée en zone
rurale (0,13 kg) qu'en milieu urbain (0,013 kg). La même source indique
que les espèces visées par la chasse incluent principalement les
ongulés (70%), les primates (15%) et les rongeurs (10%).
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