III.2.4. Analyse de la cointégration entre les
variables
Le test de cointégration cherche à faire une
analyse de l'évolution de long terme entre les variables. Pour appliquer
le test de cointégration, nous partons de l'approche d'ENGEL et GRANGER
(1987) fondée sur l'analyse du résidu. En principe, les tests de
cointégration basés sur l'analyse du résidu se rapprochent
du test simple de la racine unitaire. Les tests sont menés ici sur la
série du résidu de la relation de long terme.
La régression par les MCO de l'équation de notre
modèle nous donne alors un résidu sur lequel nous sommes
amenés à appliquer le test de stationnarité.
On a donc pour notre modèle:
et = LnPIBRt - â0 - â1 LnIPCt - â2 LnM2t -
â3 LnTCERt
77
Si le résidu est stationnaire, nous acceptons
l'hypothèse d'une cointégration entre les variables. Les
résultats de l'analyse de la stationnarité du résidu sont
donc consignés dans le tableau suivant :
Tableau n°2 : Résultats du test de
stationnarité du résidu
Valeur de la stat
Série
du résidu
|
ADF Val. crit à 5% : -2.975
|
PP
Val. crit à 5% :
-2.970
|
Stationnaire en niveau Oui ou non
|
Décision statistique I(0) ou I(1)
|
Les variables sont cointégrées Oui ou non
|
R
|
-4.099
|
-3.324
|
Oui
|
I(0)
|
Oui
|
Source : Nous-mêmes sur base des
résultats de la régression
Comme le test de stationnarité du résidu par le
test d'ADF et celui de PP le font remarquer dans le tableau ci-dessus, le
résidu est stationnaire en niveau et par conséquent
intégré d'ordre zéro. De ce fait, nous avons raison
d'accepter l'hypothèse qui stipule la présence de la relation de
cointégration entre les variables. Plus précisément, il
existe une relation de long terme entre les variables du modèle.
En résumé et tel que le recommande la
méthodologie de l'étude économétrique, le
franchissement des itérations ci-avant nous donne accès à
l'utilisation du modèle à correction d'erreurs (MCE). Nous
cherchons ici à estimer la relation dynamique de court terme entre les
variables de notre modèle.
78
III.2.5. Estimation du MCE
Ayant confirmé la relation de long terme entre la
croissance économique identifiée par le PIB et les variables
exogènes retenues pour notre modèle à savoir l'IPC, la
masse monétaire et le TCER, le théorème de la
représentation de ENGEL et GRANGER nous autorise à faire une
estimation d'un modèle dynamique de court terme. Celui-ci est une
représentation à correction d'erreurs, donc un VAR pour les
séries en différence première des variables auxquelles
l'on ajoute un terme d'erreurs, appelé Modèle à Correction
d'Erreurs ou Errors Correction Model (ECM). La démarche adoptée
ici est celle qui procède par les deux étapes proposées
par les mêmes auteurs ci-haut cités. En comparaison avec
l'estimation d'un modèle à l'aide des MCO, nous tenons à
signaler que le modèle à correction d'erreurs altère le
coefficient de détermination R2. Ainsi, pour juger de la
qualité de l'ajustement du modèle, la statistique SER
dénotant la somme des erreurs des résidus est usitée. En
effet, pour que le modèle soit globalement satisfaisant, il faut que la
SER soit inférieure à l'unité. De plus, la
rétention du MCE pose la condition que la force de rappel autrement dit
appelée vecteur cointégrant soit statistiquement et
significativement négative, sinon le MCE n'est pas valide.
Pour normaliser les résidus, la théorie
économétrique recommande d'introduire dans le modèle les
variables muettes. Ces variables indicatrices correspondent aux années
de chocs. Au cours de l'année 1986, le dollar américain s'est
déprécié vis-à-vis du franc burundais tandis que
deux années plus tard, la chute brutale des cours du café a
secoué l'économie burundaise. Par ailleurs, les années
1995, 1997, 1998, 1999,2000 et 2002 ont été
caractérisées par la crise persistante. L'année 2004 a
été celle des préparatifs des élections de 2005. Au
cours des années 2006 et 2007, la nouvelle équipe gouvernementale
avait plus de crédibilité de la part des bailleurs de fonds.
L'équation du MCE est de la forme suivante :
79
dLnPIBR= a0 + a1dLnIPC + a3dLnM2 + a4dLnTCER + a5dLnPIBR(-1) +
a6dLnIPC(-1) + a7dLnM2(-1) + a8dLnTCER(-1) + a9Res(-1) + +
Les résultats de l'estimation de cette dernière
équation sont consignés dans le tableau ci-après.
Tableau n°3 : Résultats de la
régression du MCE
Variable dépendante dLnPIBR
|
Variables explicatives
|
Coefficients estimés
|
t-Statistic
|
Probabilités
|
C
|
0.022444
|
0.379380
|
0.71998
|
DLNIPC
|
-1.492448
|
-7.463853
|
0.00068
|
DLNM2
|
0.359184
|
2.087025
|
0.091243
|
DLNTCER
|
-0.170579
|
-0.814809
|
0.45223
|
DLNPIBR(-1)
|
0.436214
|
1.967352
|
0.10628
|
DLNIPC(-1)
|
1.656236
|
6.320508
|
0.00146
|
DLNM2(-1)
|
0.066302
|
0.384500
|
0.71642
|
DLNTCER(-1)
|
0.063150
|
0.578734
|
0.58785
|
RES(-1)
|
-0.588843
|
-2.631440
|
0.04645
|
DUM1986
|
-0.130810
|
-3.735912
|
0.01349
|
DUM1988
|
0.007301
|
0.212895
|
0.83981
|
DUM1995
|
-0.205983
|
-3.294878
|
0.02159
|
DUM1997
|
-0.003430
|
-0.069098
|
0.94759
|
DUM1998
|
-0.074518
|
-1.032274
|
0.34926
|
DUM1999
|
-0.147574
|
-1.050920
|
0.34141
|
DUM2000
|
-0.037186
|
-0.730668
|
0.49776
|
DUM2002
|
-0.137613
|
-3.054188
|
0.02828
|
DUM2004
|
-0.043237
|
-1.084318
|
0.32771
|
DUM2006
|
-0.157112
|
-3.783743
|
0.01284
|
DUM2007
|
-0.019533
|
-0.676888
|
0.52852
|
R2=0.99 DW = 2.29
R2 ajusté =0.96 Breusch-Godfrey (prob) = 0.496 (0.651)
SER=0.026 Jarque-Bera (prob) =0.023 (0.988)
F-stat(prob) =35.005(0.000463) ARCH-LM (prob) =0.088 (0.769)
|
Source : Nous-mêmes sur base des
résultats du MCE à l'aide du logiciel Eviews 3.1
80
A partir de ce tableau, il s'avère indispensable de
faire un diagnostic et une évaluation des résultats du MCE pour
les variables ainsi retenues. Pour nous assurer de la validité du
modèle, certains tests économétriques constituent notre
préoccupation et nous amènent à tirer des conclusions
afférentes à notre estimation.
Premièrement, l'étude de la
significativité globale de la relation estimée porte sur le test
de FISHER et sur l'analyse des erreurs standard de la régression. En
effet, la statistique empirique de FISHER au seuil de 5% est supérieure
à sa valeur théorique, soit ici 35.005 > 2.934. Aussi sa
probabilité critique est presque nulle, soit 0.000463. Par
conséquent, la significativité globale du MCE est
acceptée. De plus, la valeur de SER est faible et inférieure
à l'unité, soit 0.026 ; cette valeur est un autre outil pour
tester la significativité du modèle comme déjà
précisé dans les paragraphes antérieurs. De son
côté aussi, cette valeur de SER confirme la significativité
globale du modèle.
En plus des conditions remplies ci-haut, la théorie
économétrique énonce bien d'autres en ce qui concerne la
force de rappel vers l'équilibre de long terme. Le MCE est acceptable
dans la mesure où le coefficient associé à la force de
rappel est statistiquement négatif. Pour notre cas, ce coefficient est
égal à -0.589. Aussi, la statistique de STUDENT et sa
probabilité associée nous appuient quant à l'acceptation
de la spécification du type MCE. La statistique empirique de STUDENT en
valeur absolue est supérieure à la valeur théorique ; soit
2.631 > 1.699 et de plus, la probabilité associée à
cette statistique est inférieure au seuil de signification de 5% ; soit
0.046 < 0.05. Autrement dit, la vitesse d'ajustement à la cible de
long terme est de 58.9% ; soit 1 an 8 mois 16 jours. Deuxièmement,
l'analyse se focalise sur l'étude de la pertinence individuelle des
variables explicatives du modèle. Cette dernière se fait au moyen
du test de STUDENT ainsi que sa probabilité critique associée.
Nous rappelons en passant
81
que si le STUDENT empirique est supérieur au STUDENT
théorique au seuil fixé, l'hypothèse nulle de
nullité du coefficient est rejetée.
L'analyse des résultats nous montre que certaines
variables ne contribuent pas à expliquer individuellement la variable
endogène au seuil de 5%, mais, l'attention est accordée sur le
coefficient associé au résidu quant à la validation du
MCE.
Ce coefficient est significativement contributif à
l'explication de la variable dépendante; ce qui nous conduit à
confirmer qu'il existe une relation de court terme entre la variable
dépendante et les variables indépendantes au Burundi.
Après l'étude de la significativité tant
globale qu'individuelle des variables du modèle, nous sommes
appelés à faire une évaluation économétrique
sur l'hétéroscédasticité des résidus,
l'autocorrélation de ceux-ci, la normalité des résidus.
A partir du test ARCH-LM d'ENGEL (1982), nous pouvons analyser
l'hétéroscédasticité des résidus. Ce test
est fondé sur le test de FISHER classique ; soit un multiplicateur de
LAGRANGE et il est utilisé quand il s'agit des séries
temporelles. L'hypothèse nulle pour ce test est celle de la
nullité des
coefficients des carrés des résidus
décalés Ho : = = ... = = 0 contre
l'alternative stipulant la présence d'au moins un
coefficient non nul
Ha :
0. Pour notre estimation, si nous nous fions à la
statistique de
FISHER, nous constatons que sa probabilité critique qui
lui est associé qui est la probabilité de rejeter à tort
l'hypothèse nulle est élevée par rapport au seuil de
signification de 5% ; soit alors 0.769. Ainsi donc, nous concluons que les
résidus sont homoscédastiques et non
hétéroscédastiques.
82
Quant à l'autocorrélation des résidus, le
fait qu'ils sont décalés nous pousse à ne plus baser
l'étude sur le test de DURBIN WATSON mais la théorie
économétrique recommande de faire recours au test de
BREUSH-GODFREY. Ce test est fondé sur le test de FISHER de
nullité des coefficients ou du multiplicateur de LAGRANGE (LM test). Le
test d'hypothèse permet de trancher entre Ho et Ha respectivement
hypothèse nulle et hypothèse alternative :
Ho : = = ... = = 0
Ha : 0
Par analogie au test de FISHER, nous acceptons
l'hypothèse nulle stipulant la nullité des coefficients des
résidus décalés et cela d'autant plus que la
probabilité critique est pour notre estimation supérieure
à 5% ; soit 0.651. Par conséquent, les résidus sont
indépendants, autrement dit, nous sommes à même de rejeter
l'hypothèse d'autocorrélation des erreurs du modèle
estimé.
Ensuite, l'analyse de la normalité des résidus
est axée sur le test de JARQUE et BERA (1984) fondé sur la notion
de Skewness et de Kurtosis. La statistique de J-B utilisée pour ce test
suit une loi du chi deux à deux degrés de liberté. En
vertu de l'hypothèse nulle de ce test formalisé v1 =0, il existe
une distribution normale des résidus. Elle est acceptée lorsque
la statistique de J-B ne dépasse pas la valeur critique de 2 (2) = 5.99.
Pour notre cas en nous référant aux résultats de
l'estimation, la statistique de J-B est de 0.023 avec une probabilité
critique de 0.988 et donc supérieure au seuil de 5%. Il en
découle donc que l'hypothèse nulle de normalité des
résidus est acceptée car la valeur de J-B calculée est
inférieure à la statistique théorique, soit 0.023<5.99.
Ainsi donc, les erreurs sont normalement distribuées. En revanche, le
modèle peut être utilisé à des fins de
prévision.
83
Au terme de ce chapitre axé sur l'analyse empirique, il
est crucial de conclure que l'analyse l'économétrique nous a
montré que l'indice des prix à la consommation et la masse
monétaire influencent la croissance économique dans une
proportion moindre.
Quant au PIB, il varie en sens inverse du taux de change
effectif réel. De plus, masse monétaire et le taux de change
effectif réel, lorsqu'elles sont considérées
individuellement, ne contribuent en rien à l'explication de la
croissance économique.
L'indice des prix à la consommation à son tour
contribue à l'explication individuelle de la croissance
économique. Nous devons cette affirmation aux résultats qui nous
sont fournis par le test de STUDENT sur la significativité individuelle
des coefficients. Par conséquent, nos trois hypothèses de travail
ont été confirmées. De part cette confirmation, les
questions de recherche que nous nous sommes posées sont
répondues. Au Burundi, l'inflation exerce une influence positive sur la
croissance économique mais de moindre ampleur. De plus, La
volatilité du taux de change effectif réel inhibe la croissance
économique au Burundi. En fin, il faut une politique monétaire
expansionniste à condition de canaliser le crédit vers
l'investissement productif tout en programmant la croissance monétaire
au rythme de la croissance de la production.
Par le même raisonnement, nous avons pu constater que
l'analyse économétrique a aussi révélé, par
le biais du test de la cointégration, l'existence d'une relation de long
terme entre la variable endogène (le PIB) et les variables
exogènes (IPC, M2, TCER) lorsque ces dernières sont prises
conjointement.
Quant à la relation de court terme qui a
été détectée par le modèle à
correction d'erreurs, celui-ci a confirmé qu'il existe une relation
dynamique ou de court terme entre la variable dépendante et les
variables explicatives telles que précitées.
84
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