CONCLUSION GENERALE
En entreprenant ce travail libellé « Le
processus inflationniste face aux défis de la croissance
économique au Burundi : Une vérification empirique à
l'aide du modèle à correction d'erreurs (1980-2008) »,
notre préoccupation ultime était d'expliquer l'importance
relative du processus inflationniste dans la détermination de la
croissance économique burundaise et de proposer les lignes majeures de
stimuler la croissance économique au Burundi.
Au cours de la réalisation de notre travail nous avons
procédé par une analyse documentaire dans les
bibliothèques de l'université du Burundi, de L'IDEC et de la BRB.
La consultation d'ouvrages généraux, les revues et
mémoires nous a permis de dresser le plan de notre travail et
également nous a servi dans le développement des théories
et autres traits marquant de notre travail.
Pour arriver à notre objectif, notre travail est
articulé en trois chapitres. Nous avons d'abord jugé important
d'interroger la littérature tout au long du premier chapitre afin de
mieux comprendre la notion d'inflation ainsi que ses liaisons
éventuelles avec le niveau d'activité économique et
d'analyser de manière critique les travaux empiriques similaires
menés par les autres chercheurs. Dans ce chapitre, plusieurs conceptions
théoriques des différents courants de pensées
économiques ont été confrontées.
Dans le deuxième chapitre dont le Burundi constitue le
cadre d'analyse, le point saillant était la présentation
détaillée, analyse descriptive et commentaires à l'appui,
de l'évolution de la croissance économique par secteur
d'activité et par branche ainsi que celle du taux d'inflation. Dans la
répartition du PIB par secteur d'activité économique, les
données ont révélé que pour la
quasi-totalité de notre période d'étude, c'est le secteur
primaire qui prend le devant suivi du
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secteur tertiaire et le secteur secondaire vient en
dernière position. Nous avons par la suite procédé
à une analyse de l'évolution de l'inflation et force est de
constater que le deuxième versant de la décennie 90 a
été marqué par une forte perte du pouvoir d'achat de la
population et cela est en grande partie lié à la guerre civile et
au blocus économique intervenu en 1996 et levé en janvier 1999.
C'est au cours de ce même chapitre que les questions posées au
départ ont trouvé en partie des réponses dont l'analyse
empirique a étayé le reste au troisième chapitre. Nous
avons en effet constaté que l'inflation se cache derrière une
mauvaise conjoncture de l'activité économique. En effet,
l'accroissement de la production, et donc de l'offre des biens et services
participe à l'amortissement du phénomène
inflationniste,
Le troisième chapitre quant à lui était
centré sur une vérification empirique des hypothèses de
recherche afin de les confirmer ou de les infirmer. Au premier abord, il a
été question de présenter les variables du modèle.
Ensuite, nous sommes passés à l'estimation de l'équation
liant les variables exogènes à la variable endogène ainsi
qu'à l'interprétation économique des résultats nous
fournis par le logiciel Eviews 3.1.
Les résultats issus des différentes
itérations et ceux découlant des tests usuels appliqués
sur les séries des variables considérées ont appuyé
les conclusions tirées du second chapitre, nous permettant ainsi de
confirmer toutes les trois hypothèses retenues pour notre travail. La
première disant que le problème de la hausse chronique des prix
est une entrave importante à la croissance économique au Burundi,
la seconde stipulant que l'augmentation du taux de change effectif réel
due à la perte du pouvoir d'achat de la monnaie inhibe la croissance
économique au Burundi et la dernière disant qu'au Burundi, la
croissance de la masse monétaire s'accompagne d'une croissance de
moindre ampleur de l'économie. L'analyse économétrique a
montré qu'il existe une relation de long terme entre les variables et
que, par la suite, les variables sont
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cointégrées. Par la suite, les résultats
du MCE ont révélé qu'il existe une relation de court terme
entre les mêmes variables.
En définitive, à la lumière des constats
faits le long de notre travail, nous ne manquerions pas de formuler quelques
suggestions :
? Au niveau monétaire, une politique de financement de
l'économie par le revenu de la création monétaire devrait
être remise en cause pour maîtriser les tensions inflationnistes et
les autres perturbations macroéconomiques observées ces
dernières années.
? Etant donné que l'accroissement de la production, et
donc de l'offre des biens et services participe à l'amortissement du
phénomène inflationniste, les autorités monétaires
devraient contrôler la croissance monétaire en la programmant au
rythme de la croissance de la production.
? Au niveau structurel, le gouvernement devrait envisager des
réformes visant à transformer l'appareil productif national et
à l'adapter aux besoins contemporains en production et en consommation.
Dans ce but, il mettrait en place la politique de gros investissements
directement productifs au travers des entreprises productrices de biens
marchands ou indirectement productifs en l'occurrence les infrastructures
publiques comme les routes, les écoles et les dispensaires. Dans cette
même logique, le gouvernement devrait investir davantage en capital
humain, en défense nationale et en sécurité publique
surtout compte tenu de la guerre sociopolitique qui a perturbé le
système productif burundais.
? Aux autorités monétaires burundaises, il est
recommandé de se rallier à la politique de ciblage de l'inflation
en fixant un niveau d'inflation cible à l'instar des autres pays de
l'EAC.
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A la fin de ce travail, nous ne prétendons pas avoir
épuisé tous les contours d'un sujet aussi vaste et pertinent qui
s'étend sur une très longue période. Les recherches
ultérieures devraient tenir compte des éventuelles lacunes, en
élargissant le champ d'étude et en touchant les aspects du sujet
dont nous n'aurions pas pu faire une ascèse dans le présent
travail. Ces recherches peuvent, par exemple, s'attarder à rechercher
les liens de causalité qui existeraient entre le processus
inflationniste et la croissance économique dans les pays de l'EAC en
appliquant les différentes méthodologies
économétriques alternatives dont l'approche VAR peut être
une bonne illustration.
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