CHAP. II : LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET LE PROCESSUS
INFLATIONNISTE AU BURUNDI : UNE APPROCHE
DESCRIPTIVE
Les problèmes des économies de bon nombre de
pays du monde entier en général et des pays en voie de
développement en particulier ne sont pas à rechercher dans un
passé récent. La majorité des puissances actuelles ont
connu dans le passé des difficultés de tous ordres :
difficultés politiques, économiques et sociaux. Alors que ces
difficultés ont laissé des effets didactiques pour certains pays
actuellement développés, certains dirigeants, en Afrique surtout,
voyaient dans ces troubles la « très bonne occasion de
renchérir leurs agendas privés ».
Ayant constaté au début des années 80 que
le phénomène d'inflation prenait une allure sans
précédente dans plusieurs pays du tiers monde, le FMI initia des
programmes de stabilisation afin de promouvoir le développement
socioéconomique ; cela à travers les programmes d'ajustement
structurels (PAS). Entre autres recommandations, assainir les finances
publiques, promouvoir le secteur privé, contrôler rigoureusement
la masse monétaire, pour ne citer que ceux-là étaient
considérés comme obligatoires aux Etats africains accusés
de mauvais gestionnaires des affaires publiques.
Le Burundi ne peut pas s'écarter de cette
réalité qui prévalait dans bon nombre de pays en voie de
développement. Des taux d'inflation inconnus jusqu'alors ont
été observés vers la fin des années 1990 avec les
sanctions que les pays partenaires économiques ont affligées au
Burundi.
Dans le présent chapitre, il est question de mettre
à jour l'évolution du PIB et de l'inflation le long de notre
période d'étude en s'appuyant sur une analyse descriptive. Une
évolution de la production par secteur et par branche d'activité
économique sera aussi présentée.
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Les données présentées dans ce chapitre
ont été tirées des différentes publications
périodiques de la BRB et dans le document « Economie burundaise
» publié annuellement par le Ministère de la Planification,
du Développement et de la Reconstruction Nationale.
II.1. Le secteur réel
L'économie réelle est définie comme
l'ensemble des mécanismes de production, de distribution et de
consommation de biens et services.
Par opposition, les moyens servant à financer ces
activités relèvent de la sphère financière. La
comptabilité nationale est une représentation schématique
et quantifiée de l'activité économique d'un pays. Elle
prend en compte de nombreux indicateurs macroéconomiques dont le plus
important est le PIB (Produit Intérieur Brut) qui est un indicateur qui
mesure la production de l'activité économique nationale au cours
d'une période donnée, généralement une
année.
Il correspond à la somme des valeurs ajoutées
des différents agents économiques regroupés par secteur et
par branche. C'est le PIB au coût des facteurs auquel on ajoute les taxes
indirectes sur la consommation des biens et services produits diminuées
des subventions octroyées pour avoir le PIB au prix du marché.
L'économie est subdivisée en trois secteurs
à savoir le secteur primaire, le secteur secondaire et le secteur
tertiaire.
Le secteur primaire concerne l'exploitation directe des
ressources naturelles. Il est subdivisé en trois branches :
l'agriculture de rente, l'agriculture vivrière et les autres produits
primaires à savoir l'élevage, la pêche et la
sylviculture.
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Même si les chiffres peuvent avoir changé, la
conviction est que les variations sont dans des proportions faibles. Le
recensement général de la population en 1990 estimait la
population rurale et agricole à 93.7% de la population totale. Cette
agriculture est dominée par les cultures des produits dits non
échangeables.
Le secteur secondaire concerne les industries de
transformation des matières premières issues du secteur primaire.
Il comprend la branche industries, énergie, mines auxquelles sont
ajoutées les activités artisanales de transformation y compris la
forge et la vannerie et la branche constructions.
Le secteur tertiaire regroupe les services aussi bien
parapublics que privés et administratifs. Il s'agit donc de tous les
services que l'on peut subdiviser en deux branches qui sont les services
marchands et les services non marchands. Les services non marchands sont
représentés par l'administration publique tandis que les services
marchands sont constitués par le commerce, les transports,
télécommunications et les autres services privés.
Les ressources de l'économie sont constituées du
PIB et des importations.
Les emplois de l'économie regroupent la consommation
finale, l'investissement et les exportations.
Pour étayer l'idée de la subsistance de
l'économie burundaise, il convient d'analyser la part de chaque secteur
à la formation du PIB au coût des facteurs. La part du secteur
primaire dans le PIB est la plus élevée comme le témoigne
le graphique n°1 :
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Graphique n°1 : Evolution du PIB par chaque secteur
de 1980 à 2008 en M BIF (prix courants)
1400000
1200000
1000000
400000
800000
600000
200000
0
Années
Source : Nous-mêmes à
partir des données du tableau n°1 repris en annexes
Secteur primaire Secteur secondaire
Secteur tertiaire PIB au coût des facteurs en
MBIF
A travers ce graphique, il ressort clairement que la formation
du PIB au coût des facteurs est marquée par une
prépondérance du secteur primaire suivi par le secteur tertiaire
; le secteur secondaire venant en troisième lieu tout au long de notre
période d'analyse. Cependant, à partir de l'année 1999, la
part du secteur tertiaire commence à augmenter dans des proportions
remarquables par rapport aux années antérieures jusqu'à
même dépasser celle du secteur primaire respectivement en 2000,
2001, 2003 et 2004.
De par ce constat, la confiance des opérateurs
économiques, le progrès des télécommunications et
des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), le
transport ainsi que la reprise du tourisme sont des raisons probables pour
caractériser cette situation.
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II.1.1. Le secteur primaire
La population burundaise est essentiellement agricole et plus
de 90% de la population vivent des produits vivriers et de l'élevage
[MPDRN (2004)].
Le secteur primaire est plus important au Burundi si l'ont
tient compte de son apport dans le PIB. Ce secteur comprend l'agriculture
vivrière, l'agriculture de rente ou d'exportation, l'élevage, la
pêche et la sylviculture.
II.1.1.1. L'agriculture vivrière
L'agriculture vivrière constitue l'activité
économique la plus importante au Burundi si on tient compte de la
population active qu'elle occupe et de sa place dans l'économie
nationale. Cependant, ce secteur est soumis à plusieurs contraintes qui
réduisent significativement ses performances entre autres une
atomisation progressive des exploitations agricoles résultant de
l'accroissement démographique et la faible disponibilité
d'emplois non agricoles en milieu rural. La production vivrière est
composée en grande partie par 4 types principaux de cultures à
savoir les céréales, les légumineuses, les racines et
tubercules ainsi que les bananes. Cette agriculture occupe une place de choix
dans l'économie dans la mesure où elle contribue à elle
seule à 25% du PIB [MPDRN (2006)].
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