I.1.2.3. L'inflation monétaire
Pour les auteurs néoclassiques et monétaristes,
l'inflation résulte d'une émission monétaire trop
importante : c'est en effet l'excès de la croissance de la masse
monétaire sur celle de la production qui provoque l'augmentation du
niveau général des prix.
I.1.2.3.1. Définition de la monnaie
Plusieurs auteurs ont tenté de définir le
concept de monnaie dans l'histoire de la pensée économique.
Cependant, il n'existe pas une définition qui est
considérée comme la meilleure d'autant plus qu'il existe
plusieurs conceptions de la monnaie. Malgré cette diversité, il y
a lieu de retenir que la monnaie est l'intermédiaire moderne des
échanges et l'unité de compte en laquelle sont exprimés
les prix et les dettes. En contrôlant l'évolution de la monnaie et
du crédit, l'Etat, avec le concours de la banque d'émission, peut
nourrir l'espoir de favoriser l'équilibre des épargnes et des
dépenses d'investissement, le niveau du PNB réel et
monétaire et donc influer sur le taux d'inflation et le niveau des prix
[Samuelson (1982)].
23
Partant de cette définition, il transparaît
clairement les différentes fonctions de la monnaie ainsi que le
rôle de l'Etat dans la mise en oeuvre de la politique monétaire
à travers sa banque d'émission. Par ailleurs, la plupart des
économistes se contentent de la définition fonctionnelle de la
monnaie. Selon cette définition, la monnaie est définie non pas
par rapport à ce qu'elle est mais par rapport au service qu'elle rend.
Ainsi, la monnaie remplit traditionnellement trois fonctions :
i) La monnaie comme unité de compte
La monnaie permet d'évaluer chaque bien par rapport
aux autres. L'expression de cette valeur, c'est le prix de chaque bien. C'est
donc au moyen de la monnaie que nous exprimons les prix en ce qui concerne tant
les transactions immédiates que les transactions futures ou
différées. Cette définition de la monnaie en tant qu'une
unité de compte nous amène à faire des constatations
suivantes :
- Le prix relatif donne la possibilité aux agents
économiques de faire des choix ;
- La valeur d'un même bien sur deux marchés
différents permettent de procéder à des arbitrages ;
- La monnaie en tant qu'unité de compte sert à
effectuer des comparaisons dans le temps ; c'est-à-dire à
anticiper les prix.
ii) La monnaie comme intermédiaire des
échanges
Dans une économie d'échange non basée sur
le troc, la monnaie permet d'effectuer des transactions portant sur le revenu
dont disposent les agents économiques. La monnaie est donc un moyen de
paiement accepté par tout le monde, directement utilisable pour
effectuer les règlements sur le marché des biens et services ou
pour régler définitivement toutes les dettes dans un espace de
souveraineté monétaire défini.
24
Si la monnaie est acceptée par tous, elle est un
phénomène social qui doit faire l'objet d'un consensus
conforté par l'Etat qui lui donne un cours légal et un pouvoir
libératoire. Ainsi, la monnaie repose sur la confiance qui signifie que
chacun accepte la monnaie parce qu'il s'attend à ce que n'importe quel
autre l'accepte et l'acceptera dans un futur indéterminé. La
confiance est donc la disposition d'esprit individuel qui appréhende la
communauté de paiements comme une réalité qui
dépasse l'horizon économique de chaque individu [Aglietta
(1988)].
iii) La monnaie comme réserve de
valeur
A partir du moment où la monnaie est un moyen
d'échange, il est possible de la conserver. De ce fait, la monnaie est
une réserve de pouvoir d'achat en ce sens que l'exercice de ce pouvoir
est simplement reporté dans le temps.
La monnaie fournit un moyen sûr de conserver tout au
moins une partie d'une fortune sûre en ce sens qu'elle protège le
possesseur contre les fluctuations en hausse et en baisse inhérents aux
stocks, aux terrains, aux maisons ou aux obligations.... [Samuelson (1982)].
I.1.2.3.2. Les agrégats
monétaires
Dans tous les pays, la connaissance des instruments de
paiement à la disposition du public, des instruments de réserve
et de la monnaie à la disposition tant du public que des institutions
financières s'acquiert ou se conçoit à travers des
agrégats monétaires.
L'objet d'une telle démarche est d'essayer de
déterminer la capacité potentielle de dépenses des agents
économiques dont l'activité principale est d'intervenir sur le
marché des biens et services, de produire, acheter, de vendre et
d'épargner.
25
La mesure de la monnaie est d'autant plus complexe dans la
mesure où elle est devenue un phénomène social à la
fois institutionnel et conventionnel dans une économie moderne. C'est
pour cette raison que la classification des actifs monétaires sous forme
d'agrégats diffère d'un pays à l'autre. La
définition théorique des agrégats constitue un effort de
classification permettant de distinguer différents avoirs
monétaires de façon logique.
a) L'agrégat M1
C'est un instrument de paiement à la disposition du
public sans formalités et sans coûts. Cette monnaie est
constituée par les billets et pièces en circulation ainsi que des
dépôts à vue non rémunérés dans les
banques ou organismes assimilés. Elle est utilisée directement
comme moyen de paiement et c'est aussi la monnaie au sens strict du terme.
b) L'agrégat M2
En plus de l'agrégat M1 qui est sa composante,
l'agrégat M2 renferme aussi la quasi -monnaie ; c'est-à-dire les
dépôts ou placements liquides à court terme. C'est la
monnaie au sens large de même que l'agrégat M3.
c) L'agrégat M3
Cet agrégat est constitué par M2 auquel
s'ajoutent les placements liquides à moyen et long terme.
26
I.1.2.3.3. Les causes et les mécanismes à
la base de la création monétaire
Plusieurs facteurs sont reconnus comme pouvant être
à l'origine de l'augmentation de la quantité de la monnaie en
circulation et par conséquent de l'inflation. Il s'agit notamment de
l'excès de crédit, de l'excédent de la balance commerciale
et du financement du déficit budgétaire.
a) L'excès de crédit
Les mécanismes d'octroi de crédits peuvent
aboutir à une véritable création monétaire.
En effet, les banques utilisent normalement leurs
dépôts pour accorder des crédits. Cependant lorsque les
dépôts sont insuffisants (notamment en cas d'excès de
crédits) les banques s'adressent à la banque centrale pour
réescompter les effets de commerce qu'elles détiennent : ce qui
occasionne une augmentation de la quantité de monnaie en circulation.
b) Le financement du déficit
budgétaire
Contrairement à ce qui est couramment répandu,
le financement budgétaire n'entraîne pas, dans tous les cas, une
création de monnaie excédentaire. C'est le cas lorsque
l'épargne publique et les dépôts en banques ou chez les
correspondants du trésor sont assez abondants pour couvrir, sans trop de
peine, l'excédent des dépenses sur les recettes de l'Etat.
Par contre, la dette extérieure publique ainsi que les
avances de la banque d'émission au trésor conduisent à une
augmentation de la quantité de monnaie en circulation. S'agissant de
cette dernière forme de financement du déficit budgétaire,
il faut noter que le problème réside dans le fait que, dans
beaucoup de cas, la banque centrale fait imprimer des billets qu'elle remet au
trésor moyennant une simple reconnaissance de dette.
27
Bien plus, les avances sont en théories remboursables,
mais ce n'est pas encore le cas dans les pays en voie de développement
où ce mode de création monétaire ex-nihilo fait l'objet de
vives critiques en raison de son caractère inflationniste.
c) L'excédent de la balance
commerciale
Il importe également de signaler que l'excédent
de la balance commerciale entraîne une augmentation de la masse
monétaire et comporte par conséquent un risque inflationniste
dans la mesure où le paiement se fait en monnaie étrangère
qui, en se transformant en monnaie nationale, accroît la masse
monétaire sur le marché. Si cet excédent commercial est
à la fois permanent et important, il peut créer un
déséquilibre entre les disponibilités monétaires et
la masse des biens et services offerts sur le marché local ; ce qui
occasionne un phénomène inflationniste.
I.1.2.3.4. L'action des taux d'intérêt
dans l'accroissement du niveau de la demande agrégée
L'action du taux d'intérêt dans l'accroissement
du niveau de la demande globale diffère selon que l'on se déplace
dans la logique de Keynes ou Wicksell.
a) L'approche de Keynes
Contrairement à la théorie quantitative de la
monnaie qui reconnaît l'existence d'une relation directe entre la
quantité de monnaie et le niveau des prix, Keynes considère que
la relation entre les deux est indirecte.
La divergence entre ces deux taux d'intérêt
explique la variation du nouveau général des prix.
28
En effet, une augmentation de la quantité de monnaie
entraîne une baisse du taux d'intérêt (monétaire)
lequel provoquera, à son tour, un accroissement de la demande
d'investissement et, par la suite, une élévation de la
demande.
En situation de sous-emploi, cette hausse de la demande
globale suscitera une augmentation de la production. Par contre, la monnaie
sera neutre dans deux cas suivants :
- situation de plein-emploi dans la mesure où
l'accroissement de la demande globale (due à l'augmentation de la masse
monétaire) déclenche une hausse des prix du fait qu'il n'existe
pas de ressources inemployées ;
- Situation de trappe à liquidité dans laquelle
le taux d'intérêt ne peut pas descendre en dessous d'un certain
seuil. Selon Keynes, cette situation est générée par
l'indifférence des agents entre des titres rapportant un taux
d'intérêt très petit ou des encaisses ne rapportant
rien.
b) L'approche de Wicksell
Le modèle de Wicksell, tout comme celui de Keynes,
introduit l'existence d'un mécanisme indirect entre la monnaie et les
prix mais, cette fois-ci, par l'intermédiaire de deux types de taux
d'intérêt :
- Le taux d'intérêt naturel ou réel qui
correspond au rendement monétaire que les entrepreneurs espèrent
tirer de l'investissement productif des capitaux empruntés sur le
marché monétaire ;
- Le taux d'intérêt monétaire qui
apparaît sur le marché monétaire lors des prêts
d'argent.
29
Pour l'expliquer, partons d'une situation d'équilibre
avec coïncidence du taux d'intérêt naturel tno et du taux
monétaire tmo. Supposons que suite à une modification
de l'innovation technologique, par exemple, entraînant un accroissement
de la productivité, le taux naturel augmente passant de
tno à tn1. Si le secteur bancaire ne
parvient pas à accroître le taux monétaire, un excès
de demande sera créé sur le marché des biens à
cause de l'accroissement de la demande d'investissements consécutifs
à ce déséquilibre entre les deux sortes de taux
d'intérêt. Cette situation provoquera une élévation
du niveau général des prix toujours dans l'hypothèse d'une
économie se trouvant dans un état de plein-emploi de ses facteurs
de production. Remarquons également que le cas contraire,
c'est-à-dire une baisse du prix peut se produire en cas de maintien, par
les banques, d'un taux monétaire supérieur au taux naturel.
I.1.2.3.5. La théorie quantitative de la
monnaie
Un théoricien quantitativiste est quelqu'un qui partage
l'idée que les changements séculaires dans le niveau des prix
sont dus surtout aux changements du stock de monnaie ou que toute
instabilité des prix provient fondamentalement des causes
monétaires plutôt que non monétaires [Blaug (1996)].
L'idée d'une relation entre la quantité de
monnaie et le niveau général des prix est ancienne. En effet, les
penseurs grecs comme ARISTOTE et XENOPHON avaient constaté que l'afflux
des métaux précieux dû à l'exploitation des mines et
aux conquêtes coïncidait avec la hausse des prix. En
considérant les deux conceptions ci-avant, la connaissance des variables
qu'il faut retenir dans l'expression de la relation quantitative d'une part, de
la forme qu'il faut lui donner d'autre part et en fin de son pouvoir explicatif
sont les principales interrogations des économistes dans le temps.
30
A cet effet, les premiers auteurs quantitativistes identifient
la relation entre la monnaie et les prix sans lui donner la forme
algébrique parfaitement satisfaisante. C'est Irving FISHER qui ouvrira
la voie à de substantiels progrès dans la formulation des
équations quantitatives de la monnaie.
I.1.2.3.5.1. Les premières conceptions de la
relation quantitative
Dans ce paragraphe, nous cherchons à confronter les
auteurs préclassiques d'un côté et les classiques de
l'autre.
a) Les auteurs préclassiques
J.BODIN est souvent considéré comme le
précurseur de ces auteurs. En réfléchissant avec
MALESTROIT à la hausse des prix en Espagne et en France au
XVIème siècle, J.BODIN attribuait cette hausse
à l'afflux d'or et d'argent en provenance du nouveau monde. Mais,
puisqu'il établissait le rapport entre l'afflux des métaux
précieux et la hausse des prix, cet auteur n'a pas
généralisé ses conclusions pour en faire une
véritable théorie, il n'apparaissait pas l'idée d'une
proportionnalité entre les variations de la quantité de monnaie
et celles des prix.
C'est cependant avec apparition de J. LOCKE au XVI
siècle que cette idée de proportion qui est à la base de
la théorie dans la période fut perçue. En effet, pour J.
LOCKE, les prix varient en proportion directe avec la quantité de
monnaie en circulation. Le philosophe et banquier du nom de HUME (1752) discute
l'idée que le pouvoir d'achat de la monnaie est inversement
proportionnel à sa quantité. L'apport propre de cet auteur est la
distinction claire entre le court terme et le long terme. Ainsi, dans le long
terme, une stricte proportionnalité entre le niveau des prix et la
quantité de monnaie doit être vérifiée mais dans le
court terme les variations de la quantité de monnaie produisent des
variations dans le volume des transactions.
31
b) Les auteurs classiques
Si nous admettons que les auteurs classiques du
XIXème siècle ont inscrit leur analyse de la monnaie
dans le cadre de la théorie quantitative, nous porterons une plus grande
attention à D. RICARDO considéré comme le père de
cette théorie et à J.S. MILL qui l'a reformulée.
D'un coté, la vision ricardienne de la théorie
quantitative comparée aux intuitions, aux nuances des auteurs qui en
avaient posé les prémices, peut sembler simplificatrice en ce
sens que la vitesse de circulation de la monnaie n'est pas prise en compte
d'une part et que la monnaie n'exerce aucune influence sur la production et les
échanges d'autre part. La quantité de monnaie en circulation
dépend, selon RICARDO, des variations du stock d'or dues aux
découvertes de nouvelles mines. Cela signifie donc que l'offre de
monnaie est définie de manière exogène.
RICARDO adopte une conception stricte de la théorie
quantitative : les besoins de la circulation monétaire étant
fixés par le niveau de la production et des échanges, les
variations de la quantité de la monnaie conduisent à une
variation proportionnelle du niveau général des prix.
D'un autre coté, J.S. MILL reformule à son tour
la théorie quantitative à laquelle il apporte plusieurs
perfectionnements par rapport à celle de RICARDO. Quant à lui,
MILL prend en compte la vitesse de circulation la monnaie. Pour lui, la monnaie
thésaurisée, donc retirée provisoirement de la circulation
n'exerce aucun effet sur les prix.
32
I.1.2.3.5.2. La théorie quantitative
traditionnelle
La formulation la plus courante de la théorie
quantitative de la monnaie est celle d'Irving FISHER : M*V =P*T où M est
la masse monétaire en circulation, V la vitesse de circulation de la
monnaie, P le niveau général des prix et T le volume des
transactions à assurer.
Une définition la plus large de la masse
monétaire déboucha sur l'expression : M*V+M'*V' = P*T, qui
distingue les espèces en circulation (M) des dépôts (M'),
chaque composante de la masse monétaire globale ayant une vitesse de
circulation propre (respectivement V et V'). La signification la plus simple
consiste à dire que tout accroissement de la masse monétaire
supérieur à celui de la production réelle se traduira par
un ajustement à la hausse de l'ensemble des prix tel que la valeur
globale des échanges soit égale à celle de la nouvelle
quantité de la monnaie en circulation. En d'autres termes, la relation
entre la quantité de monnaie et le niveau général des prix
est directe.
A court terme ou dans le cas d'un appareil de production ne
pouvant pas répondre à l'augmentation de la demande, la variation
des prix serait proportionnelle à celle de la masse monétaire.
Dans cette approche, l'offre et la demande de monnaie dépendent de
facteurs distincts voire qu'il n'existe pas de véritable demande de
monnaie pour elle-même, celle-ci n'étant demandée que pour
être immédiatement transformée en demande de biens et
services «réels» s'il en était autrement en effet, la
création monétaire pourrait n'être que la
conséquence du besoin en moyens de paiement de la communauté et
les facteurs monétaires perdraient leur pouvoir explicatif du mouvement
des prix, en devenant au contraire une conséquence de ceux- ci.
33
Pour donner à la monnaie un rôle propre et
déterminant dans la formation des prix nominaux, force est donc de
considérer qu'il existe une offre de monnaie, fonction soit
d'événements aléatoires, soit de la politique suivie
arbitrairement par les autorités monétaires contrôlant le
système bancaire.
I.1.2.3.5.3. L'équation de Cambridge
Développée par Alfred MARSHALL et Arthur Cecil
PIGOU, cette équation consiste à tenir en compte les encaisses
monétaires que les individus souhaitent détenir sous forme de
revenu réel en monnaie. Cette encaisse réelle sera
déterminée par application d'un coefficient k au revenu
réel.
On aura : M/P = k Y (1)
Avec :
M : masse monétaire
P : niveau général des prix
Y : le revenu réel
De l'équation (1), il est possible de déduire
l'encaisse nominale de la forme suivante :
M = k PY (2)
L'équation (2) signifie que l'accroissement de la masse
monétaire conduit les agents à recevoir de la monnaie pour un
montant supérieur à celui qu'ils souhaitaient détenir. Ils
augmentent donc leurs dépenses. Cela provoque une hausse des prix tant
que l'encaisse réelle n'a pas encore retrouvé la même
proportion avec le revenu réel qu'avant l'augmentation de la masse
monétaire.
34
I.1.2.3.5.4. Une nouvelle interprétation de la
théorie quantitative de la monnaie
Dans cette section, il sera question d'analyser la
théorie quantitative de la monnaie telle qu'interprétée
par Milton FRIEDMAN, Don PATINKIN et Richard CANTILLON.
a) Analyse de M. FRIEDMAN
L'inflation est toujours et partout un phénomène
dont la responsabilité repose sur la politique de l'Etat [Friedman
(1990)]. Pour lui, la création monétaire relève d'une
décision ou d'un contrôle des gouvernements.
Soumis à des permanentes pressions des
différents agents ou du système bancaire, l'Etat doit
dépenser davantage sans pour autant augmenter la pression fiscale ou
valider les créances privées afin de soutenir l'activité
économique et d'aider telle ou telle catégorie sociale. La
création monétaire permet ainsi de créer un
«impôt d'inflation», les recettes de l'Etat augmentant dans la
mesure où les tranches d'impôts sur le revenu ne s'ajustent pas
mécaniquement à l'inflation et/ou les bilans des entreprises ne
sont pas réévalués.
Dans le même temps, la dette de l'Etat se trouve
allégée .Ainsi, conclut cet auteur, le gouvernement doit donc
partout être rendu responsable de l'inflation.
Pour Milton FRIEDMAN, si le rythme de la croissance
monétaire n'est pas le même que celui de la croissance de la
production réelle observée dans le long terme, donc la
création monétaire (excessive), les agents qui désirent
détenir une encaisse monétaire déterminée par son
pouvoir d'achat (encaisse réelle : M/P est fonction de variables de
comportement stables) convertiront une partie de cette encaisse en demande de
biens et services afin de conserver la même structure de leur
patrimoine.
35
Cet «effet d'encaisse réelle» provoquera un
excès de demande qui entraînera une hausse des prix. Celle-ci peut
entraîner, selon FRIEDMAN, une relance ponctuelle de l'activité,
mais à très court terme seulement car l'inflation réduira
bien vite le pouvoir d'achat des revenus et de la monnaie. Cela
découragera tout nouveau développement de l'activité.
Ainsi, dans le long terme, la masse monétaire n'exercerait un effet que
sur les prix et non sur le produit réel.
b) Analyse de DON PATINKIN
Il revient sur l'effet d'encaisse réelle ou effet
Pigou et insiste sur son double avantage :
- Elle permet de comprendre comment la monnaie agit sur les prix
:
Soit M1/P1, l'encaisse réelle de la période 1
Si M1 augmente jusqu'à M2, les agents
détiennent une encaisse M2/P1 supérieure, ce qui entraîne
un accroissement des dépenses, donc de la demande provoquant, à
son tour, une hausse des prix en cas de plein-emploi des facteurs de
production. Cette analyse rejoint donc la précédente.
- Elle permet également de montrer que le niveau
général des prix n'est pas indéterminé car une
hausse des prix entraîne normalement une dévaluation des encaisses
réelles qui passent de M1/P1 à
M1/P2 avec P2>P1.
Cette situation fait que les agents reconstituent leurs
encaisses et la diminution de la demande qui en découle conduit à
une réduction des prix.
c) Richard CANTILLON
Richard CANTILLON est considéré comme
étant l'auteur à avoir donné l'approche quantitativiste la
plus convaincante. Il rend hommage à ceux qui ont relevé le
rôle de l'abondance de l'argent sur la hausse du prix des biens et
services mais se distingue en quelque sorte d'eux.
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Pour Richard CANTILLON, la hausse des prix s'explique non pas
par le simple accroissement de la quantité de la monnaie mais par
l'augmentation de la demande que celle-ci permet. Or, cet effet sur les prix
s'effectuera à travers une succession de dépenses et ne sera donc
pas immédiat surtout si ceux dont le revenu augmente ont une propension
à épargner élevée et différente de
l'accroissement de leur consommation. De surcroît, il estime qu'une
partie de ces revenus peut être utilisée à l'achat de
produits importés, ce qui réduit la circulation monétaire
et l'effet de la demande sur les prix intérieurs. D'autre part,
l'augmentation de la circulation monétaire se traduit par une
entrée dans l'économie monétaire, de transactions prenant
jusqu'alors la forme du troc ; ce qui accroît l'offre globale. Ce dernier
argument apparaît évoquer une organisation économique
dépassée mais ceux qui le soutiennent affirment qu'il peut
être transposé dans les économies développées
où la création monétaire a attiré vers le monde de
la production marchande des catégories sociales qui lui étaient
extérieures.
L'analyse de Richard CANTILLON reconnaît donc que la
monnaie exerce une action sur l'économie réelle et
n'établit la responsabilité de la création
monétaire dans la hausse des prix que dans certaines conditions.
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