3ème PARTIE
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DISCUSSION ET SUGGESTIONS
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Chapitre 6 : Discussion et suggestions.
6.1. Pression démographique autour de la zone
d'étude
Notre zone d'étude est située dans le district
de Zanaga, frontalier avec les districts de Lékana et Bambama. La
population de ces trois districts réunis est de 36805 habitants
(recensements administratifs de 2003 et 2004). Si la totalité de cette
population n'exerce pas directement ses activités dans la zone du futur
parc, il est certain qu'il y a une pression indirecte sur celle-ci. On estime
néanmoins à plus de 7000 personnes habitant les villages
environnants ayant une influence directe sur la zone à protéger.
Mais comme le démontrent les résultats, la viande prend plusieurs
destinations qui dépassent les limites de ces trois districts.
6.2. Espèces animales prélevées et
leur contribution dans la biomasse totale
Les artiodactyles et, en particulier les céphalophes
ont fourni en biomasse comme en effectifs la majorité de la viande de
chasse prélevée. Leur contribution dans la biomasse totale
prélevée est de 77,5%. La contribution des artiodactyles dans la
biomasse totale prélevée a souvent été jugé
remarquable (Malonga, 1996 ; Moukassa, 2004 ; Fargeot, 2005). Le tableau 10
compare les résultats obtenus dans sept sites d'études
situés dans trois pays d'Afrique centrale. Sur l'ensemble de ces
résultats, la contribution des artiodactyles (ou ongulés) dans la
biomasse totale se situe au-delà de 60%. Les proportions en effectif et
en biomasse à Campo, au Cameroun et celles de la présente
étude sont presque les mêmes.
Tableau 10 : Comparaison des effectifs et de
la biomasse dans différents sites d'étude
Ongulés Primates Rongeurs
% % % % % %
Localités Auteurs*
effectif biomasse effectif biomasse effectif biomasse
Makokou (Gabon)
|
57
|
67
|
18
|
18
|
14
|
4
|
Lahm (1996)
|
Campo (Cameroun)
|
57
|
76
|
8
|
11
|
18
|
5
|
Dounias (1999)
|
Dja, Kompia (Cameroun)
|
41
|
60
|
15
|
16
|
33
|
18
|
Delvingt et al. (2001)
|
Lobeké(Cameroun)
|
68
|
71
|
7
|
19
|
11
|
3
|
Fimbel et al.( 2000)
|
Nganzicolo (Congo)
|
20
|
79
|
6
|
15
|
3
|
2
|
Auzel et Wilkie (2000)
|
Ndoki (Congo)
|
87
|
93
|
11
|
6
|
1
|
e
|
Auzel et Wilkie (2000)
|
Ogooué (Congo)
|
|
|
|
|
|
|
|
Présente étude
|
55
|
78
|
11
|
6
|
28
|
13
|
WCS-Batéké (2007)
|
*Source tableau 10 (Fargeot, 2005).
Les rongeurs constituent le deuxième groupe
concerné, contribuant à 28% en effectif et à 13% en
biomasse totale (Tableau 10). C'est la famille des Hystricidae qui est
la plus concernée par les prélèvements. L'Athérure
est la principale espèce chassée. L'Aulacode et le Rat de Gambie
sont moins prélevés. Comparés avec les résultats
obtenus dans d'autres pays du bassin du Congo, nos résultats se
rapprochent de ceux obtenus dans les sites du Dja et de Kompia, au Cameroun
(Tableau 10). Mais ces résultats restent largement au-dessus de ceux
obtenus dans deux autres sites du Nord-Congo (Ngandzikolo et Ndoki) (tableau
10). Ce qui pourrait laisser comprendre
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que notre zone d'étude semble être plus giboyeuse
que celles des deux autres sites étudiés au Congo. Mais
contrairement à notre zone d'étude, Ngandzikolo et Ndoki ont subi
récemment une exploitation forestière. Par conséquent, ces
zones ont peut-être été surchassées. Il a
été démontré que l'ouverture des routes à
travers l'exploitation forestière favorise les activités de
braconnage (Auzel, 1995 ; Auzel et Wilkie, 2000).
Le troisième groupe concerné est celui des
primates, avec une contribution à 11% du nombre des prises, soit 6% de
la biomasse totale (Tableau 10). L'unique famille représentée est
celle des Cercopithecidae et, le Moustac (Cercopithecus
cephus) est la principale espèce chassée. Le
Chimpanzé (Pan troglodytes) est aussi chassée, mais
à des rares cas. Son statut d'espèce intégralement
protégée est connu des chasseurs qui par conséquent
craignent des répressions éventuelles.
Soulignons aussi que le Chimpanzé n'est pas
communément consommé par les autochtones, et une fois tué,
sa valeur marchande est très faible ; ce qui traduit le manque
d'intérêt non seulement pour les chasseurs, mais aussi pour la
population qui se montre indifférente vis à vis de la chair de ce
grand primate.
Les carnivores, les Pholidotes et les Tubilidentes sont
faiblement représentés, avec pour les carnivores, la famille des
Viverridae, représentée principalement par la Nandinie
(Nandinia binotata) et pour les Pholidotes, la famille des
Manidae, représentée surtout par le petit Pangolin
(Manis tricuspis). La taille et la valeur marchande de la Nandinie
et celles du petit Pangolin peuvent être les raisons majeures qui
expliquent le désintéressement des chasseurs qui trouvent moins
de profits après la vente de ces gibiers.
Les reptiles et les oiseaux, bien que comptabilisés
parmi les gibiers prélevés, n'apportent pas une contribution
significative. Seulement 13 individus chez les reptiles, avec une biomasse de
28 kg et 10 individus chez les oiseaux, avec une biomasse de 13,5 kg ont
été prélevés. Les individus chassés sont
surtout les tortues chez les reptiles et les pintades chez les oiseaux. Ces
prélèvements ont été le plus souvent occasionnels,
individus ramassés pour le cas des tortues. La presque totalité
de ces prélèvements sont destinés à la vente.
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