Il s'agit dans cette partie d'approfondir la
réflexion à partir des résultats que nous venons de
présenter, d'analyser et d'interpréter. Pour ce faire, nous
allons organiser la discussion autour de nos trois hypothèses de
recherche.
Le profil des acteurs médiatiques :
Nous avons décliné le profil des
acteurs médiatiques en quatre variables : la formation
professionnelle, l'expérience professionnelle, le niveau d'instruction
et les diplômes obtenus. Les différentes distributions obtenues
mettent en évidence le déficit en formation professionnelle du
personnel des médias dans la Région de l'Extrême-Nord. En
dehors de la CRTV, Cameroon Tribune et du quotidien Mutations, les autres
médias exerçant dans l'Extrême-Nord ne disposent pas de
journalistes professionnels pour la couverture des événements
dans cette région. Les correspondants des médias privés
électroniques n'ont pas de qualification précise ni pour le
métier de reporter, ni pour celui de cameraman. Certains ont à
peine achevé leurs études au niveau secondaire, d'autres sont
sans niveau précis.
Pour la presse écrite, les correspondants sont
en majorité des désoeuvrés, venus se chercher dans le
monde du journalisme. Le diplôme le plus élevé est
généralement le baccalauréat de l'enseignement secondaire.
Cette situation remet au goût du jour la problématique de la
définition du statut du journaliste au Cameroun. La loi du 19
décembre 1990 ayant quelque peu « prostitué »
le métier, il est difficile de dire aujourd'hui qui est journaliste et
qui ne l'est pas. Des imposteurs ont investi la profession qui perd en
crédibilité auprès du public. Dans le Grand Nord en
général, la situation est un peu plus préoccupante.
Beaucoup de rédactions basées dans la partie méridionale
du pays ne mettent pas un point d'honneur sur la qualité des
correspondants qui officient dans le septentrion. Les événements
de cette zone sont peints sous un prisme déformant. Parfois un seul
correspondant est chargé de la couverture de toutes les trois
régions septentrionales. Ces journalistes ou assimilés sont
beaucoup plus animés par une logique sensationnelle. Pour ce qui est par
exemple de la récente épidémie de cholera, on a
noté que la plupart des médias et particulièrement ceux
à capitaux privés privilégiaient la compilation des faits
macabres. Ils accordaient trop peu ou pas d'importance à la
sensibilisation des populations pour le respect des règles
d'hygiène. Comme nous l'avons démontré à travers la
vérification de l'hypothèse de recherche1, il existe un lien
significatif entre le profil des acteurs médiatiques et la gestion d'une
épidémie de cholera. Nous confirmons donc que le profil des
acteurs médiatiques influence significativement la gestion d'une
épidémie de cholera.
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