Parmi les productions les plus récentes sur
l'épidémie du cholera dans l'Extrême-Nord, figure l'article
du Dr Pierre Fadibo intitulé « le choléra dans
l'Extrême-Nord, une épidémie rebelle ? ». Il
y démontre justement que le choléra serait une
épidémie éternelle si les mêmes méthodes de
lutte sont maintenues. Il y présente également les
problèmes de la lutte contre ce fléau dans cette région
aux caractéristiques naturelles et humaines très favorables
à cette maladie.
Allant dans le sens de la réaction des pouvoirs publics
et de la communauté internationale, SAIBOU ISSA traite du cas de la
ville de Kousseri victime d'une épidémie de rougeole en 1980.
Dans une analyse succincte, il met en exergue la réaction de la
communauté internationale face à l'épidémie. Il
aborde un problème très pertinent dans la propagation des
épidémies. C'est celui de la porosité des
frontières avec les pays voisins. Ce qui fait intervenir les
interrelations entre la violence et les épidémies. D'autres
éléments liés aux causes d'épidémies qu'il
évoque sont la promiscuité et les matières fécales
disséminées. Cet article évoquant d'une manière
rapide l'intervention de la communauté internationale intéresse
notre travail en ce qu'il apporte des informations appréciables. Il
permet aussi une ouverture vers d'autres problèmes relatifs aux causes
des épidémies.
Tous les ouvrages et articles ci-dessus évoqués
ont traité une partie de notre travail. Certains sont plus
spécifiques et plus importants, d'autres sont moins
spécialisés mais fournissent des informations utiles. Ils
permettent de comprendre chacun à sa manière, le problème
sanitaire au Cameroun et particulièrement dans l'Extrême-Nord
pendant une époque précise. Cette documentation publiée
non exhaustive est appuyée par les travaux académiques, notamment
les thèses et les mémoires. Ces derniers sont aussi riches que
les ouvrages et articles, même s'ils ne traitent pas de notre
thème selon nos orientations.
En somme, les travaux sur le choléra sont nombreux et
parfois très techniques. Ils permettent de comprendre l'enracinement du
choléra dans la cuvette du Tchad et surtout le caractère explosif
de l'épidémie. En plus de cette raison, ils invitent les lecteurs
et chercheurs à saisir la frayeur et la panique créées par
le choléra parmi les populations et les autorités
médicales. Abba Liman Adjimi étudie l'épidémie de
choléra de 1974 dans la cuvette du Tchad (ABBA LIMAN ADJIMI :1975).
Dans sa thèse de doctorat de 3ème cycle en
médecine, l'auteur brosse l'historique de la maladie à travers
les sept pandémies avant de présenter l'épidémie de
1971 dans la sous-région du bassin du lac Tchad. Il procède
ensuite à une description de l'épidémie de 1974 en
étudiant tous les foyers dans les plus petits détails. L'auteur
aborde également les réactions des pouvoirs publics modernes
notamment les considérations prophylactiques. Il met l'accent sur
l'isolement et le traitement des malades, l'éducation sanitaire et
l'assainissement, la vaccination et la chimioprophylaxie. Il n'aborde cependant
ni la question des conséquences ni les perceptions de
l'épidémie.
Amadou Louac (1998), L'épidémie de
choléra de 1997 dans le district de santé de Kousseri,
Université de Yaoundé I, Thèse de Doctorat de
médecine) fait également une étude descriptive de
l'épidémie de choléra de 1997 dans le district de
santé de Kousseri1. Ce travail présente les conditions dans
lesquelles cette épidémie partie de Ndjamena est parvenue
à Kousseri. Il présente également les
caractéristiques épidémiologiques dans une perspective
descriptive et analytique de l'épidémie dans les
différents foyers du district de santé. Après avoir mis en
exergue les conditions d'hygiène des quartiers touchés par
l'épidémie, l'auteur aborde la question de prise en charge des
malades. Ce travail important ne traite cependant pas les origines, les
conséquences sociales et culturelles de l'épidémie.
En somme, toutes ces thèses abordent d'une
manière ou d'une autre la situation sanitaire d'une région
faisant partie intégrante de notre terrain d'étude. Outre cet
aspect non négligeable, elles étudient certaines phases
épidémiques des maladies cibles de notre travail dans
l'Extrême-Nord-Cameroun. Elles procèdent souvent à des
descriptions analytiques des conditions favorables à l'éclosion
épidémique, des caractéristiques
épidémiologiques et des méthodes prophylactiques.
Malgré le fait qu'elles soient parcellaires, elles fournissent une somme
considérable de données.
Les rapports de stage qui traitent de la situation sanitaire
de l'Extrême nord du Cameroun sont ceux d'Abia Mlom et d'Etaba Tang. Ces
deux auteurs exposent les problèmes sanitaires du département du
Margui-Wandala devenu le Mayo-Tsanaga et le Mayo-Sava depuis août 1983.
Ils présentent également les infrastructures
médico-sanitaires et les activités médicales mises en
place pour enrayer les endémo-épidémies en 1969 et 1970.
Ces deux travaux permettent de compléter les données relatives
aux efforts déployés par les pouvoirs publics dans
l'équipement des départements en infrastructures sanitaires en
vue d'une meilleure couverture sanitaire. (ABIA MLOM, R., 1967 et ETABA TANG,
L, 1969)
En somme, la situation sanitaire et plus
précisément les épidémies dans l'Extrême-Nord
du Cameroun ont attiré l'attention des hommes de science. Les travaux
énumérés dans le cadre de cette revue de
littérature sont d'un apport considérable dans la
compréhension du sujet. Ils fournissent des données qui
permettent une bonne orientation du thème vers les sujets plus
novateurs. De tous ces travaux, il ressort que la question de couverture
sanitaire et de situation épidémiologique a mobilisé
beaucoup de chercheurs. Cependant, ces thèmes ont été
abordés selon l'intérêt que chacun porte à la
situation sanitaire, aux perceptions des maladies, aux caractéristiques
épidémiologiques, et aux mesures prophylactiques. Seul Alain
Beauvilain a abordé le problème sous l'angle des
calamités, en mettant en exergue les causes, les manifestations, les
conséquences et quelques mesures d'intervention. C'est parce que tous
les thèmes sont abordés de manière allusive, qu'ils
doivent être étudiés profondément. C'est dans ce
sens que nous nous proposons de conduire une étude qui prend en compte
les facteurs épidémiologiques, les perceptions des
épidémies au sein des sociétés dites
traditionnelles de l'Extrême-Nord camerounais, la prise en charge
traditionnelle des épidémies et les réactions des pouvoirs
publics modernes.
2-3-TRAVAUX SUR LA PREVENTION ET LA GESTION DES
CATASTROPHES
Tahie Ben Tchinda Ngoumela (2010) s'interroge à travers
son mémoire de Master en Droit
international de l'Environnement
intitulé : Le système de
prévention et de gestion des catastrophes environnementales au Cameroun
et le droit international de l'environnement sur la question de
savoir si tel qu'élaboré aujourd'hui, le système de
prévention et de gestion des catastrophes environnementales en vigueur
au Cameroun est apte à répondre aux défis du droit
international de l'environnement notamment en ce qui concerne les catastrophes
environnementales. A travers ses travaux, il a cherché à savoir
si les exigences du droit international de l'environnement se rencontrent dans
le système de prévention et de gestion des catastrophes
environnementales dans ce pays. Il arrive à la conclusion que
malgré cette volonté politique d'en découdre avec les
catastrophes environnementales, le Cameroun doit lutter contre des
éléments naturels à savoir sa position géographique
qui favorise les catastrophes mais également doit conjuguer avec un
manque criard de financement et de personnel. L'auteur souligne que l''un des
défis du Droit international de l'Environnement aujourd'hui se trouve
être les changements climatiques mais les actions menées ne sont
pas toujours à la hauteur des attentes. Les autorités bien
qu'intervenant en amont de ce processus par l'élaboration des textes, ne
sont pas toujours au fait des réalités quotidiennes des
populations vivant dans des zones à risque. En plus, le pays, à
l'instar des autres pays en voie de développement, ne
bénéficie pas d'une expertise technologique en matière
environnementale.
Pour prévenir et gérer efficacement les
catastrophes naturelles, l'auteur décline les recommandations
suivantes :
-L'aide de la communauté internationale s'avère
indispensable si le Cameroun veut espérer un système qui soit
qualifié d'efficace et servir d'exemple aux autres pays de la
sous-région. Cependant son application n'est pas très
aisée tout comme la mise en oeuvre du DIE. En effet, le DIE,
qualifié de droit mou ou « Soft Law », ne dispose
pas de mesures contraignantes pour pousser la communauté internationale
à mener des actions fortes au service de l'environnement. Cette
insuffisance se répercute au Cameroun dans son système de
prévention et de gestion des catastrophes environnementales qui,
malgré des problèmes propres à sa situation n'en demeure
pas moins à la traine. Cependant le système de prévention
et de gestion au Cameroun semble encore à la traine du DIE car l'on
relève encore les difficultés d'ordre économique,
structurelle. Le Cameroun gagnerait par conséquent à mieux
s'outiller et tenir compte de ses réalités pour éviter des
hécatombes dues aux catastrophes. Il s'avère donc urgent de
multiplier les actions fortes pour réduire les catastrophes. Les
politiques, les discours et les bonnes intentions des gouvernants ne suffisent
plus.
-L'anticipation étant au coeur de toute politique
préventive, la lutte à mener passe donc par la prévention
que ce soit au niveau international ou au niveau national. Il faut donc agir en
amont, la catastrophe étant génératrice de souffrances
tant physiques que matérielles et même environnementales.
-La sensibilisation des populations passe par des publications
accessibles à tous, des formations accessibles à une large frange
des habitants surtout ceux qui vivent dans des zones à risque. Ces
actions sont certaines des actions concrètes qu'il faut accroitre pour
rendre le système de prévention et de gestion des catastrophes au
Cameroun.
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