2-4-TRAVAUX SUR LA COMMUNICATION DE CRISE ET LES
MEDIAS
L'économiste belge Thierry Libaert apparaît comme
le chercheur le plus prolixe dans le domaine de la communication de crise. Son
dernier ouvrage de 60 pages intitulé : Crises de 1 à
150 présente les principes et références
essentiels de toute gestion et communication de crise. Dans ce livre, il met
l'accent sur le type de communication à adopter en période de
crise, les aspects de la crise, les composantes d'une cellule de crise, les
incontournables en salle de crise ainsi que les principes pour préparer
un exercice de crise.
Le deuxième livre de cet enseignant en sciences de
l'information et de la communication, La Communication de crise
souligne que les phénomènes de crise semblent aujourd'hui
s'accélérer et s'amplifier dans un contexte économique
très concurrentiel et une forte médiatisation des
événements. Selon l'auteur, la crise représente alors un
réel danger et peut conduire à la disparition de l'organisation
ou de l'entreprise concernée. C'est pourquoi estime-t-il, la
communication est un enjeu majeur. Résolument orientée dans une
perspective pragmatique, cette deuxième édition mise à
jour et enrichie de nombreux exemples, présente les
caractéristiques principales de toute crise, l'organisation de la
gestion des crises, la typologie des messages et le rôle particulier des
médias. Elle met aussi l'accent sur les tendances et enjeux actuels
à travers le rôle d'Internet, la place des rumeurs et la
réaction du consommateur ou du citoyen.
Dans un article intitulé
« Communication de crise et modélisation de diffusion de
l'information dans les médias » et publié dans la
Revue Le Magazine de la Communication de crise et sensible,
Hervé RENAUDIN (2003 : p 47) s'interroge sur la manière
dont l'information de crise se propage, questionne les paramètres les
plus influents et leur liens d'interdépendance. Dans sa progression, il
met l'accent sur la communication de crise et sa diffusion, son
développement. Même si son exemple s'appuie sur une situation de
crise dans une entreprise, la conclusion de son étude s'applique
à tout exemple de crise. Dans son modèle d'analyse, l'auteur
distingue deux catégories de médias : Les médias «
chauds » (MC) qui ont un délai de publication de l'ordre de la
journée et qui sont à destination du grand public. Selon lui, ces
médias sont réactifs et collent leur ligne éditoriale de
façon quasi-instantanée à l'actualité. Parmi les
médias chauds, les quotidiens sont les plus lents à prendre en
compte de nouvelles informations. Les médias « froids » (MF)
quant à eux vont traiter les informations sur un rythme plus lent, avec
des parutions hebdomadaires voire mensuelles. H. RENAUDIN établit donc
une hypothèse selon laquelle les MC, au coeur de l'actualité,
influent ensuite les MF, et non l'inverse. L'auteur intègre deux
variables qu'il juge importantes : l'émotion de l'information et la
charge de l'actualité. L'émotion de « l'information de crise
» diffusée (cette information de crise pouvant être une
rumeur) est traitée comme une variable accumulative avec au cours du
temps des flux entrants (nouveaux éléments augmentant
l'émotion de l'information, désinformation au cours du temps,
irrationalité accrue, etc.) et sortants (action de transparence de
l'entreprise tentant de rationaliser, etc.). Selon lui, la charge de
l'actualité est modélisée de manière exogène
à l'aide d'une courbe en fonction du temps permettant de simuler des
creux ou des pics d'actualité. Il a schématisé ce
modèle d'analyse à travers le diagramme d'influence des
différents liens de cause à effet.
Dans la même veine, Didier Heiderich, souligne dans un
article « l'incertaine équation médiatique en
situation de crise » publié en même temps dans
Le Magazine de la Communication de crise et sensible traite de la
difficulté de communiquer en situation de crise face aux médias.
Il met en perspective les contingences de la presse et la prégnance des
images, l'imagination des crises, les attentes du public, ceci afin de donner
les limites des méthodes utilisées pour préparer les
organisations à l'exercice médiatique.
Selon l'auteur la plupart des crises actuelles restent
gravées dans nos mémoires individuelles et collectives. La
société de l'image ne se limite pas à banaliser les
crises. Parce qu'elle est ritualisée, entre rendez-vous
médiatiques, flashs, information continue, mais aussi parce que les
crises créent des images en rafales, nous assistons à un mode de
consommation de la catastrophe qui transcende l'espace de nos vies, modifie la
nature même du temps pour le contraindre au rythme d'une actualité
sans cesse en mouvement, stimule l'imaginaire. La communication
médiatique de crise consiste à répondre à ces
instances, à apporter des réponses à l'inexpliqué
et parfois l'inexplicable, de participer à une lutte sans merci, image
contre image, paradigme contre exemple, peurs contre actions, victimes contre
coupables. Cette contribution traite de cette intrusion prégnante d'un
réel sublimé par l'image qui oblige les acteurs de la crise
à s'emparer de cette réalité exaltée qui agit sur
l'action jusqu'à parfois la piloter. De l'avis de ce chercheur, en
situation de crise, la pression médiatique s'exerce dans un champ qui
demande aux protagonistes de participer au processus qui transcende la
réalité. Ainsi, il ne s'agit plus de répondre uniquement
aux questions légitimes qui se posent, d'effectuer pour cela du
média training - nécessaire mais insuffisant - mais de construire
le réel dans et au-delà du cadre imposé par les
médias et leurs rites pour atteindre ceux à qui les messages sont
destinés. Il estime qu'en situation de crise, l'on assiste à la
dictature du temps, avec l'enchevêtrement de plusieurs
temporalités, entre le temps de la gestion de la crise, le temps de la
communication vers les différents publics, le temps politique et la
tyrannie du temps médiatique. Polymorphe, le temps est contraint,
raccourci, rare, insaisissable et donc précieux en situation de crise.
Communiquer rapidement, le plus souvent sur un plan technique, vers de
multiples acteurs, de façon cohérente est un impératif,
car il s'agit d'abord de gérer la crise. Mais pour le public, la
première phase d'une crise est émotionnelle, ce dont s'emparent
en premier lieu les médias. En corolaire de l'émotion, l'attente
à la réponse de la question légitime « que s'est-il
passé ? ». Ainsi, entre gestion et émotion, tout se joue.
Car la presse s'empare de l'émotion, la ritualise et lui donne corps.
Ainsi, entre émotion et questionnement, les médias effrayent,
à juste titre ceux à qui revient le difficile exercice de la
prise de parole.
Didier Heiderich estime qu'en période de crise, le
silence est un aveu de culpabilité, une chaise vide le signe de
l'impuissance. Il faut donc répondre et répondre juste dans les
temps imposés. Car au-delà de l'émotion se pose
immédiatement la question « que s'est-il passé ? » qui
résonne comme une sentence premières attitudes sont
déterminants, il est donc nécessaire de leur donner de la
substance.
Pour être efficace, la préparation de la
communication de crise se doit, selon l'auteur d'être infrastructurelle
et se soustraire au détail pour s'adapter l'instant venu. Elle
définit les règles d'organisation - simples - d'alerte et de
mobilisation, les lieux et les moyens techniques nécessaires à la
communication. Il s'agit selon lui d'élaborer très rapidement un
discours cohérent fondé sur les objectifs de communication :
alerter, protéger, contingenter l'espace de la crise pour en limiter les
effets, puis reconstruire.
L'auteur conclut que la communication de crise a
évolué ces dernières années pour
pénétrer le champ normatif avec son cortège de
méthodes, de stratégies et d'exercices. Elle fait face au
spectacle audiovisuel, à ses rites et rendez-vous, à une
réalité transcendée par les écrans, à
l'infernale vitesse de l'information dans une société en demande
d'images suffisamment fortes pour imprimer les vies, d'une incandescence qui
tranche avec l'aseptisation croissante de l'occident, d'une
vérité acceptable pour le corps social. L'exercice normé
de la communication de crise trouve ses limites face à l'effroyable
imagination des crises, à la tentative de renouer avec une
réalité qui pourtant a déjà fait place à une
autre. De ce point de vue, la communication de crise telle que les consultants
la conçoivent procède en partie d'illusions managériales.
Autrement dit, la communication de crise devra encore évoluer pour
admettre qu'elle doit se conformer, non pas uniquement à des
règles prédéfinies, mais accepter, avec une consciente
modestie et intégrité, qu'à chaque fois, tout est à
inventer car aucune crise ne ressemble à une autre. Ou alors, ce n'est
pas une crise, mais un épisode tragique. Une organisation en crise ne
devient pas ce qu'elle est, elle est ce qu'elle devient, ainsi.
Parmi les auteurs qui ont récemment
élaboré sur l'influence des médias sur les
événements socio-politiques, nous pouvons convoquer Brigitte L.
NACOS, à travers l'ouvrage : Médias et
terrorisme : du rôle central des médias dans le terrorisme et
le contre-terrorisme. L'auteur pense que les médias sont
l'oxygène du terrorisme, car ce que les terroristes recherchent avant
tout, c'est la publicité. Il poursuit que plus l'acte est violent, plus
la couverture médiatique sera forte. Au travers d'exemples connus,
l'attentat du 11 septembre 2001, la crise des otages européens aux
Philippines, les attentats éco-terroristes et les manifestations de
violence lors des sommets mondiaux, l'ouvrage montre comment les médias
jouent, sans le vouloir, un rôle central dans la stratégie
terroriste. L'auteur souligne en effet la tendance des médias à
accorder une attention extrême à tout acte de violence politique,
même mineur, et à passer sous silence l'information moins
spectaculaire, comme l'action de manifestants pacifique ou la lutte
antiterroriste. Une tendance qui déséquilibre l'information et
fait le jeu des plus violents. Elle met également en lumière le
parti que les terroristes savent tirer des nouvelles technologies de
l'information, courrier électronique et réseau internet, pour
transmettre leurs messages de manière extraordinairement efficace et
à moindre frais et pour recruter des adeptes.
Sur un double plan déontologique et éthique,
l'ouvrage : Principes du journalisme, oeuvre commune des auteurs
Bill Kovach et Tom Rosenstiel scelle en quelque sorte le contrat entre les
journalistes et le public. Le livre constate la crise de confiance du public
à l'égard des journalistes et décrit parfaitement les
manquements de la profession qui expliquent cette attitude. La confusion des
genres qui brouillent la frontière entre journaliste et animateur, le
souci de faire de l'audience et l'impératif de rentabilité, le
manque de rigueur, sont autant des récriminations des deux auteurs
contre les acteurs médiatiques. Le livre tente ainsi de redéfinir
le rôle premier du journalisme et les principes fondamentaux qui
l'animent. Les deux auteurs estiment par exemple que la première
obligation du journaliste est la vérité. Selon eux, le
journaliste doit servir en priorité les intérêts du citoyen
et doit vérifier ses informations. Cette posture rejoint en quelque
sorte notre préoccupation que nous avons exprimée sur la
couverture médiatique de l'épidémie du cholera où
la logique émotionnelle a pris le dessus sur la logique rationnelle.
Dans le domaine de la communication sociale, l'ouvrage de
Chindji Kouleu Ferdinand intitulé Communication et
mobilisation sociales au Cameroun est une contribution significative
dans les politiques de mobilisation sociale au Cameroun. L'auteur qui s'est
abondamment inspiré de l'Ecole de Palo Alto souligne que l'homme et la
société ne peuvent pas se passer de la communication (on ne peut
pas ne pas communiquer). Pour étayer son argument, il affirme que
même la société animale se sert de la communication. Mais
pour que cette communication serve efficacement les intérêts de la
population, cet enseignant en sciences de l'information et de la communication
recommande qu'on prenne en compte les logiques locales. En matière de
santé maternelle et infantile par exemple, il préconise une
communication fondée sur les valeurs locales des populations tout en
tenant compte de leur vision du monde. Il n'est pas bon, avertit-il,
« de les arracher brutalement à leurs traditions
millénaires, mais plutôt d'essayer de les comprendre et de
concilier les deux mondes ». Ce sociologue met ainsi l'accent
sur l'ethnométhodologie qui permet d'aborder les
phénomènes sociaux selon les logiques locales. Pour que les
messages soient efficaces et atteignent leurs cibles, il faut, conclut-il,
« les formuler en fonction des croyances de la population et des
systèmes de valeurs traditionnelles plutôt qu'en termes
techniques ». L'ouvrage de Chindji Kouleu accorde à la
communication un rôle central dans les politiques de mobilisation sociale
avec un accent sur la prise en compte des réalités in situ.
Dans une contribution au débat sur le statut de
journaliste au Cameroun, Chindji Kouleu évoque, à travers
Journaliste sans journal, l'intrusion dans le métier de
journaliste des personnes sans qualité. Au Cameroun, remarque-t-il,
« chacun pense qu'il suffit de savoir former une phrase correcte
pour devenir journaliste, plein de gens deviennent journalistes par accident et
non par vocation ». L'auteur compare le journalisme camerounais
au domaine politique où « chaque retraité s'imagine
qu'il ne lui reste plus qu'à se lancer dans la
politique ». Pourtant, s'indigne-t-il, les métiers du
monde nécessitent un apprentissage. Il estime que le diplôme
professionnel à lui tout seul ne suffit pas pour être un bon
journaliste mais s'interroge : est-ce pour autant qu'on peut être
journaliste sans journal fixe ? Cette lancinante question de l'auteur
rejoint l'une de nos questions de recherche relative au profil des acteurs
médiatiques dans la gestion de l'épidémie de cholera.
Dans un excellent article publié dans Le Monde
Diplomatique (octobre 2003), Ignacio Ramonet considère les
médias comme des instruments de domination culturelle. Selon lui,
Médias et programmes sont contrôlés par quelques
«multinationales de la communication» qui diffusent ainsi normes et
modèles culturels à l'échelle planétaire. Cet
article dénonce les «archipouvoirs des mégagroupes
médiatiques de notre temps» et suggère la création
d'un «cinquième pouvoir» pour que soit garanti le droit
à une «information non contaminée».
L'auteur souligne que contre les abus des trois pouvoirs
traditionnels, la presse et les médias ont été, pendant de
longues décennies, dans le cadre démocratique, un recours des
citoyens. Selon l'auteur les trois pouvoirs traditionnels - législatif,
exécutif et judiciaire - peuvent faillir, se méprendre et
commettre des erreurs. Depuis une quinzaine d'années, remarque-t-il,
à mesure que s'accélérait la mondialisation
libérale, le « quatrième pouvoir » a
été vidé de son sens, il a perdu peu à peu sa
fonction essentielle de contre-pouvoir. Le pouvoir véritable est
désormais détenu écrit-il, par un faisceau de groupes
économiques planétaires et d'entreprises globales dont le poids
dans les affaires du monde apparaît parfois plus important que celui des
gouvernements et des Etats. Ce sont eux les « nouveaux maîtres
du monde » qui se rassemblent chaque année à Davos,
dans le cadre du Forum économique mondial, et qui inspirent les
politiques de la grande Trinité globalisatrice : Fonds
monétaire international, Banque mondiale et Organisation mondiale du
Commerce.
La mondialisation selon Ignacio Ramonet, c'est donc aussi la
mondialisation des médias de masse, de la communication et de
l'information. Préoccupés surtout par la poursuite de leur
gigantisme, qui les contraint à courtiser les autres pouvoirs, ces
grands groupes ne se proposent plus, comme objectif civique, d'être un
« quatrième pouvoir » ni de dénoncer les abus
contre le droit, ni de corriger les dysfonctionnements de la démocratie
pour polir et perfectionner le système politique. Ils ne souhaitent
même plus s'ériger en « quatrième
pouvoir », et encore moins agir comme un contre-pouvoir.
Il faut, préconise Ignacio Ramonet, tout simplement, la
création d'un « cinquième pouvoir » qui nous
permette d'opposer une force civique citoyenne à la nouvelle coalition
des dominants et dont la fonction serait de dénoncer le superpouvoir
des médias, des grands groupes médiatiques, complices et
diffuseurs de la globalisation libérale.
L'auteur trouve que médias de masse et mondialisation
libérale sont intimement liés. C'est pourquoi il semble urgent de
développer une réflexion sur la manière dont les citoyens
peuvent exiger des grands médias davantage d'éthique, de
vérité, de respect d'une déontologie qui permette aux
journalistes d'agir en fonction de leur conscience, et non en fonction des
intérêts des groupes, des entreprises et des patrons qui les
emploient. Dans la nouvelle guerre idéologique qu'impose la
mondialisation, les médias sont utilisés comme une arme de
combat. L'information, en raison de son explosion, de sa multiplication, de sa
surabondance, se trouve littéralement contaminée,
empoisonnée par toute sorte de mensonges, polluée par les
rumeurs, par les déformations, les distorsions, les manipulations.
En dernière analyse, l'éditorialiste du
Monde Diplomatique estime que comme la nourriture, l'information est
contaminée. « Elle nous empoisonne l'esprit, nous pollue
le cerveau, nous manipule, nous intoxique, elle tente d'instiller dans notre
inconscient des idées qui ne sont pas les nôtres ».
Il faut décontaminer préconise-t-il, l'information. C'est
pourquoi, il propose que les citoyens doivent se mobiliser pour exiger que les
médias appartenant aux grands groupes globaux respectent la
vérité, parce que seule la recherche de la vérité
constitue en définitive la légitimité de l'information.
L'auteur propose ainsi la création de l'Observatoire
international des médias (en anglais : Media Watch
Global). Pour disposer enfin d'une arme civique, pacifique, dont pourront
se servir les citoyens afin de s'opposer au nouveau superpouvoir des grands
médias de masse. Cet observatoire argumente-t-il, est une expression du
mouvement social planétaire rassemblé à Porto Alegre
(Brésil). En pleine offensive de la globalisation libérale, il
exprime la préoccupation de tous les citoyens devant la nouvelle
arrogance des industries géantes de la communication. Selon lui, la
force de cette association est avant tout morale car explique-t-il
« elle réprimande en se fondant sur l'éthique et
sanctionne les fautes d'honnêteté médiatique au moyen de
rapports et d'études qu'elle élabore, publie et
diffuse ». L'Observatoire international des médias constitue
ainsi un indispensable contrepoids à l'excès de pouvoir des
grands groupes médiatiques qui imposent, en matière
d'information, une seule logique - celle du marché - et une unique
idéologie - la pensée néolibérale. Elle se propose
également de prévenir la société contre les
manipulations médiatiques qui, comme des épidémies, se
sont multipliées ces dernières années.
Après la lecture de tous ces travaux, une constance se
dégage : ici et ailleurs, aucune recherche ne s'est
véritablement intéressée à la dimension
communicationnelle dans la gestion des crises, notamment des
épidémies. Tous les chercheurs dont les travaux viennent
d'être parcourus se sont beaucoup plus attardés soit à la
description des situations des crises ou alors à l'analyse des
influences des médias. Notre travail vient ainsi combler ce vide en
mettant en relief la place de la communication dans la gestion des
épidémies, notamment l'épidémie du cholera dans la
région de l'Extrême-Nord Cameroun.
La deuxième partie de cette étude est
consacrée à la méthodologie utilisée pour
éprouver nos hypothèses de notre travail. Le chapitre
troisième traite du cadre opératoire, de
l'échantillonnage et des instruments statistiques. A travers des
enquêtes, des entretiens et la recherche documentaire, nous avons obtenu
des données qui vont servir à la vérification et à
la validation de nos hypothèses. La présentation de la
Région de l'Extrême-Nord et du département du Mayo-Tsanaga,
notre zone étude donnera une indication sur les conditions qui
favorisent les crises en général et l'épidémie de
cholera en particulier dans cette partie du pays. Le chapitre quatrième
s'attèle à la présentation, à
l'interprétation et à la discussion des résultats obtenus.
C'est ici que nous procédons véritablement à la
vérification de nos hypothèses de départ en rapport avec
les orientations fixées à la première partie de notre
travail.
Ce chapitre nous permet de décliner la
méthodologie qui aura permis de cerner le problème central et
d'éprouver nos hypothèses de recherche. Il s'agit ici de
l'ensemble des démarches que nous avons entreprises afin de recueillir
des informations et de les traiter. Pour ce faire, notre travail dans ce
chapitre consiste à présenter :
-la population de l'étude
-l'échantillon et la technique
d'échantillonnage
-les techniques de collecte des données
-la méthode d'analyse des données
-le déroulement de l'enquête.
Mais avant de dérouler toute cette progression, il
importe pour nous de présenter la zone d'étude, le
département du Mayo-Tsanaga
3-1-1-PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
Avant de présenter notre zone d'étude, il est
utile de présenter brièvement la Région de
l'Extrême-Nord dont dépend le département du
Mayo-Tsanaga.
3-1-1-1- L'EXTREME-NORD : UNE ZONE CRISOGENE
Avec une population de 3 480 414 habitants, la région
de l'Extrême-nord est la région la plus au Nord du Cameroun. Elle
est constituée de six départements que sont le Diamaré,
le Mayo-Danay, le Mayo-Kani, le Mayo-Sava, le Logone et Chari et le Mayo-
Tsanaga.
Sur le plan géographique, l'Extrême-Nord est
situé entre le 10° N et le 13° N en plein coeur de la zone
tropicale au climat soudano-sahélien. Il partage des frontières
communes et poreuses avec le Tchad, le Nigeria et le Niger. La situation
géographique de la région, le brassage et la grande
mobilité des peuples situés de part et d'autre de ces
frontières sont propices aux épidémies.
Sur le plan physique cette région est divisée en
trois sous-régions naturelles que sont les Monts Mandara, la plaine du
Diamaré et les zones inondables du Logone et Chari. Chaque
sous-région a des caractéristiques naturelles qui jouent un
rôle important dans les phénomènes pathologiques.
Les Monts Mandara sont une région constituée des
hauts massifs aux pentes brutales dont l'altitude varie entre 500 et 1500
mètres et qui sont multipliés et isolés les uns des autres
par un compartimentage et un cloisonnement dus à la tectonique. Ils
constituent également une partie aux précipitations relativement
abondantes par rapport aux autres zones de l'Extrême-Nord. Les moyennes
annuelles varient entre 600 et 1100 mm.
La plaine du Diamaré et de Kaélé est une
zone marquée par une série d'inselbergs notamment les massifs de
Moutourwa, Moumour, Mindjiving, Boboyo, Lara, Tchéodé et de Gadas
au sud et la « dent de Mindif », le massif de Bogo et les
chaînes montagneuses longeant la ligne Maroua-Mora. C'est une
région caractérisée par l'extension des
dépôts argileux localement appelés karal favorables
à la culture au mil repiqué (mouskouari). Ces vertisols
côtoient souvent des sols érodés riches en sodium impropres
aux cultures localement appelés harde. A l'est de Mindif, les milieux
naturels sont très variés. Les bandes sableuses sèches
propices aux cultures sous pluies alternent avec des sols argileux favorables
aux cultures désaisonnées. Cette région est moins
arrosée que les Monts Mandara, car les valeurs annuelles de
précipitations sont comprises entre 600 et 800 mm. En raison de la
faiblesse des précipitations, cette région dispose d'une
végétation pauvre constituée des essences telles que le
Ziziphus mauritania, l'Acacia seyal, le Balanites aegyptiaca, le Tamarindus
indica, le Khaya senegalensis et l'Anogeissus leiocarpus dont certaines
espèces sont utilisées comme remèdes traditionnels (ATLAS
de la province de l'Extrême-Nord : 2005).
Au nord de la plaine du Diamaré s'étend une
large région inondable appelée la dépression tchadienne.
Cette région plane appelée yaere est constituée de sols
homogènes, hydromorphes et argileux. Les yaere portent des savanes
herbeuses à graminées vivaces composées d'Hyparrhenia
rufa, d'Eragrostis atrovirens, de Panicum anabaptitum, d'Eriochloa nubica, et
d'Oryza barthii. Les arbustes dominants sont le Balanites aegyptiaca
et le Ziziphus mauritania. (ATLAS, op.cit)
L'Extrême-Nord du Cameroun est peuplé de
plusieurs groupes humains divisés en trois groupes selon les convictions
religieuses à savoir les musulmans, les convertis au christianisme et
les adeptes des religions traditionnelles. Le groupe musulman est
constitué des ethnies suivantes : les Foulbé, les Arabes Choa,
les Kanouri, les Kotoko, les Mandara, les Damergou et les Haoussa. Les peuples
des religions traditionnelles sont divisés en deux grands groupes en
fonction de leur milieu de vie : il y a ceux de la plaine et ceux des
montagnes. Les populations de plaine sont les Massa, les Moundang, les Guiziga,
les Toupouri, les Guidar, les Mousgoum, les Moussey et les Guissey. Les
populations de montagne sont les Mafa, les Kapsiki, les Hidé, les Mofou,
les Mouyengué, les Minéo, les Hina, les Mbokou, les Mada, les
Maba, Podoko, les Ouldémé, les Mouktélé, les
Zoulgo.
Sur le plan sanitaire, la région compte 28 districts de
santé, 269 aires de santé et 238 centres de santé
intégrés.
3-1-1-1-2 : LE MAYO-TSANAGA : L'HOSTILITE DE
LA NATURE
Le département du Mayo-Tsanaga est situé dans la
Région de l'Extrême-Nord avec une superficie d'environ 4 527
km2 et une population de 699 971 habitants selon les
résultats du 3ème Recensement général de
la Population et de l'Habitat. Il est limité au Nord par le Mayo-Sava,
au Sud par la Bénoué, à l'Est par le Diamaré et
à l'Ouest par la République fédérale du Nigeria
avec laquelle il partage environ 132 km de frontières terrestres.
Le département du Mayo-Tsanaga compte sept
arrondissements: Mokolo, Bourha, Koza, Mayo-Moskota (Mozogo), Mogodé,
Hina, Soulede-Roua (Roua).
a-Le relief
Sur le plan physique, le relief du Mayo-Tsanaga est
très accidenté s'élevant à plus de 1000m d'altitude
à certains endroits (1492 m pour le Mont Oupay, 1421 m pour Ziver, et
certains pics, 1302 m et 1728 m pour Kapsiki). (BONIFICA 1992).
b-Le climat
Le département est sous l'influence de la zone
éco-climatique soudanienne et sahélienne. Par conséquent,
le climat est du type soudano sahélien de montagne. L'alternance des
régimes de la mousson et de l'harmattan caractérise deux
saisons.
c-La pluviométrie
La hauteur pluviométrique et la répartition des
précipitations sont influencées par le système de pression
atmosphérique. La circulation saisonnière en altitude des masses
d'air est influencée par le Front Intertropical (FIT) qui constitue la
zone de contact de l'air continental sec avec l'air maritime de la mousson du
Sud Ouest ce qui entraîne les précipitations en
« hivernage » (de mai jusqu'à septembre). Les
premières pluies interviennent à partir d'avril jusqu'en
octobre. Mais les pluies sont beaucoup plus concentrées pendant les mois
de juillet, août et septembre. Une petite saison de pluies se situe
pendant la « saison sèche » d'octobre à
avril. La moyenne pluviométrique annuelle est autour de 1000 mm.
d- Répartition de la population
Selon le 3ème RGPH, la population totale du
Mayo-Tsanaga est estimée à 699 971 habitants repartie comme
suit : Population Urbaine : 70 864 habitants, Population
rurale : 629 107 habitants. Cette population est répartie par
arrondissement selon le tableau suivant :
Tableau n°2 : Estimation de la
population du Mayo-Tsanaga par arrondissement
N°
|
Arrondissements
|
Population urbaine 2010
|
Population rurale 2010
|
Observations
|
01
|
MOKOLO
|
33 335
|
208 939
|
|
02
|
BOURHA
|
8542
|
80 043
|
|
03
|
KOZA
|
9723
|
71 353
|
|
04
|
MOGODE
|
7201
|
105 704
|
|
05
|
MAYO-MOSKOTA
|
6281
|
67 435
|
|
06
|
HINA
|
3901
|
39 854
|
|
07
|
SOULEDE-ROUA
|
1881
|
55 779
|
|
11
|
DENSITE
|
154, 62 hbts/km2
|
|
Source: DD/MINEPAT MAYO-TSANAGA, juin 2011
La population du Mayo-Tsanaga a une densité
élevée, les mosaïques d'ethnies ont diverses
croyances : chrétiens, adeptes des religions traditionnelles et
musulmans. C'est une population essentiellement constituée
d'agriculteurs et d'éleveurs commerçants et artisans. Selon le
3ème RGPH, le nombre d'enfants de 0 à 5 ans est
estimé à environ 20%.
e-les mouvements démographiques
Les mouvements migratoires dans le département du
Mayo-Tsanaga sont de moins en moins importants ces dernières
années. Dans les années antérieures, les populations
migraient vers le projet de colonisation de la province du Nord (NEB et SEB).
Actuellement, les jeunes en quête d'emploi vont dans les grandes villes
(Douala, Yaoundé, Garoua...). Les jeunes filles également migrent
vers les grandes villes où elles se livrent à des
activités indécentes. Pendant la période de fête de
fin d'année, ces jeunes reviennent fêter en famille. Le mouvement
des immigrants nigérians est saisonnier en saison de pluies. Le long de
la frontière avec le Nigeria à partir d'Assighassia jusqu'au
secteur de Djibrili, Tourou et Boukoula, les Nigérians viennent louer
les champs pendant la saison de pluies pour la culture. Après les
récoltes, ils rentrent chez eux. Les cantons où les mouvements
migratoires vers les grandes villes camerounaises sont perceptibles sont :
Moufou Sud, Mokong, Boula, Tourou (dans Matakam Sud). Ce sont ceux-là
qui reviennent en fin d'année fêter avec leur famille.
f-la santé :
Dans le domaine de la santé, six services de
santé de district encadrent le département : les
districts de santé de Mokolo, de Bourha, de Hina, de Mogodé, de
Soulédé-Roua et de Koza-Mozogo. Les infrastructures sanitaires du
Mayo-Tsanaga classées par catégorie se présentent comme
suit :
Tableau n°3 : classement des
formations sanitaires du Mayo-Tsanaga
N°
|
Arrondissements (Service de Santé de District)
|
Hôpital de District
|
CSI Public
|
Hôpital Privé
|
CSI Privé
|
Observations
|
01
|
Mokolo
|
01
|
09
|
00
|
05
|
Créé non fonctionnelle ancienne
léproserie
|
02
|
Mogodé
|
01
|
04
|
|
03
|
Privé confessionnel
|
03
|
Soulédé-Roua
|
01
|
02
|
03
|
02
|
Privé confessionnel
|
04
|
Koza et Mozogo
|
0
|
10
|
01
|
02
|
Privé confessionnel
|
05
|
Bourha
|
01
|
04
|
01
|
|
|
06
|
Hina
|
01
|
04
|
01
|
|
|
TOTAL du Département
|
05
|
29
|
06
|
12
|
|
Source : District de Santé de
Mokolo, juin 2011
g- Eau et Energie
La Camerounaise des Eaux(CDE) ravitaille dans la mesure du
possible la ville de Mokolo alors que Koza et Mayo-Moskota sont
approvisionnés par quelque bornes- fontaines. En milieu rural, les 454
villages que compte le département s'alimentent à partir de 1 320
points d'eau (forage et puits confondus). Le constat qui se dégage est
que le nombre de la population par point d'eau avoisine 576 habitants. Un ratio
très supérieur à l'objectif des pouvoirs publics qui est
celui de 250 à 300 habitants par point d'eau.
Tableau n°4 : Inventaire des points
d'eau dans le Mayo-Tsanaga
N°
|
Arrondissement
|
Nombre de Points
|
Populations 2010
|
Observations
|
01
|
Mokolo
|
424
|
242274
|
1 point pour 702 personnes
|
02
|
Soulédé-Roua
|
78
|
57660
|
1 point d'eau pour 884 personnes
|
03
|
Mayo-Moskota
|
187
|
73716
|
1 point d'eau pour 507 personnes
|
04
|
Mogodé
|
174
|
112905
|
1 point d'eau pour 464 personnes
|
05
|
Bourha
|
154
|
88585
|
1 point d'eau pour 454 personnes
|
06
|
Koza
|
147
|
81076
|
1 point d'eau pour 692 personnes
|
07
|
Hina
|
156
|
43755
|
1 point d'eau pour 296 personnes
|
Source : DD/MINEPAT MAYO-TSANAGA, juin
2011
NB : Un point d'eau
désigne un puits à ciel ouvert ou un forage équipé
Nombre de points d'eau estimé à 1 320.
- Nombre d'habitants par rapport au point d'eau : 699
971 / 1320 = 606 habitants par point d'eau.
En conclusion, il y a un déficit énorme en
nombre de points d'eau dans le Mayo-Tsanaga. Ce déficit est
répertorié dans le tableau ci-dessous.
Tableau n°5 : Présentation
du déficit en points d'eau dans le Mayo-Tsanaga
N°
|
Arrondissements
|
Population en 2010
|
Nombre de forages creusés
|
Population
Ratio = ----------
Point d'eau
|
Déficit en forages
|
01
|
Hina
|
43 755
|
158
|
1 point d'eau pour 277 personnes
|
0 point d'eau
|
02
|
Mogodé
|
112 905
|
176
|
1 point d'eau pour 642personnes
|
200 points d'eau
|
03
|
Koza
|
81 076
|
147
|
1 point d'eau pour 551personnes
|
123 points d'eau
|
04
|
Mayo-Moskota
|
73716
|
187
|
1 point d'eau pour 394 personnes
|
59 points d'eau
|
05
|
Bourha
|
88 585
|
155
|
1 point d'eau pour 572 personnes
|
140 points d'eau
|
06
|
Mokolo
|
242 274
|
437
|
1 point d'eau pour 554personnes
|
370 points d'eau
|
07
|
Soulede-Roua
|
57 660
|
79
|
1 point d'eau pour 730personnes
|
113 points d'eau
|
Total Mayo-Tsanaga
|
699971
|
1339
|
1 point d'eau pour 523personnes
|
994 points d'eau
|
Source: DD/MINEE/MAYO-TSANAGA, juin 2011
A partir de ce tableau, il ressort que la norme OMS de 300
personnes par point d'eau est largement dépassée. En
résumé, à peine 32% de la population du Mayo-Tsanaga a
accès à l'eau potable. Le déficit en points d'eau auquel
vient se greffer l'hostilité de la nature pose un réel
problème de santé des populations du département du
Mayo-Tsanaga. La récurrence et l'ampleur des maladies
diarrhéiques ont pour causes le manque d'eau qui est devenue une
caractéristique majeure de cette unité administrative. Ce n'est
pas donc surprenant si l'épidémie de cholera trouve un terrain de
prédilection dans cette unité administrative.
La principale source d'énergie reste Aes-Sonel. Sur les
sept arrondissements, cinq sont électrifiés. Il s'agit des
arrondissements de Mokolo, de Koza, de Bourha, de Mogodé et de
Mayo-Moskota. L'arrondissement de Hina et celui de Soulede-Roua attendent le
programme d'électrification rurale que réalise le projet PERPEN.
En zone rurale, sur 454 villages que compte le département, seuls neuf
sont connectés au réseau Aes-Sonel, soit un pourcentage de moins
de 5%. Il s'agit de Zamay, Mokong, Rhoumzou, Rhumsiki, Guili,
Tchévi, Djingliya, Kossehone et Moskota. Les travaux
d'électrification sont partiellement réalisés puis
abandonnés dans quatre localités, à savoir : Gaboua,
Soulédé-Roua, Tourou et Hina.
h-Les langues nationales couramment
parlées.
De manière générale, les langues les plus
parlées dans le département sont les suivantes : le mafa, le
foufoulde, le hina, le kapsiki, le tourou, le daba et le djimi.
i-Agriculture
Le département du Mayo-Tsanaga a un climat de type
soudano-sahélien de montagne. La moyenne pluviométrique annuelle
qui est d'environ 1000 mm/an favorise la culture du coton comme l'unique
culture de rente du département. Les principales cultures
vivrières que sont le maïs, le sorgho, les arachides etc donnent de
bons rendements malgré la pauvreté des sols qui
nécessitent des amendements en engrais chimique ou organique.
j- Communication
La communication est assurée par l'antenne CRTV et la
Radio communautaire de Mokolo. L'antenne CRTV utilise un émetteur de
puissance 400W et de 30 kilomètres de rayon. La radio de l'antenne CRTV
a une puissance de 30W et son champ va à un km de rayon. Il est à
signaler que le besoin en renouvellement des équipements (1 feeder de
70m pour le signal radio) de CRTV de Mokolo s'impose à cause de la
vétusté des appareils. A cela, s'ajoute le besoin en personnel
pour compléter les quatre existants. Les travaux de finition du
bâtiment, installation des appareils et meubles de la Radio Communautaire
de Mokolo ont pris fin en 2007. Après l'installation des appareils
d'émission, des essais concluants ont été
réalisés. Ces essais ont permis de déterminer les zones
ci-dessous couvertes par la Radio Communautaire de Mokolo. Il s'agit
de :
- arrondissement de Soulede-Roua
- arrondissement de Mayo-Moskota
- arrondissement de Hina
- arrondissement de Mogodé
- arrondissement de Bourha
- arrondissement de Mokolo (Mokolo centre et plaine)
- Une partie de l'arrondissement de Koza.
Cette Radio Communautaire qui emploie neuf personnes rencontre
des difficultés liées à la contribution financière
des communes. D'où un appel lancé aux forces vives du
Mayo-Tsanaga, pour les contributions des communes et l'achat d'un groupe
électrogène de 20 KVA pour relayer la SONEL.
3-1-1-1-3-SITUATION EPIDEMIOLOGIQUE DU CHOLERA DANS LA
REGION DE L'EXTREME-NORD DEPUIS 1996
Le choléra constitue un problème majeur de
santé publique dans la Région de l'Extrême-Nord.
Après quelques années d'accalmie dans les années 1990, de
nouveaux épisodes d'épidémie ont ressurgi dans la
Région depuis 2009. Entre 1996 et 2010, la région de
l'Extrême-Nord a connu des épidémies en saison pluvieuse
comme en saison sèche. Parmi toutes les épidémies, celles
du choléra ont attaqué le plus de population avec une
létalité très élevée. L'évolution de
l'épidémie est résumée à travers ce tableau
suivi de la figure ci-dessous.
Tableau n°6 : évolution des
épidémies du choléra dans la région de
l'Extrême-Nord
Cas
|
2703
|
1725
|
3469
|
227
|
0
|
266
|
0
|
0
|
Année
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Décès
|
284
|
182
|
270
|
31
|
0
|
7
|
0
|
0
|
Cas
|
746
|
694
|
804
|
0
|
0
|
333
|
9404
|
|
Année
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
|
Décès
|
-
|
-
|
-
|
0
|
0
|
-
|
601
|
|
Source : enquête de terrain, mai
2011
Figure n°1 : Evolution de
cas et décès du cholera de 1996-2010
Source :
Délégation régionale de la Santé
Publique Extrême-Nord, mai 2011
Depuis le 06 mai 2010, une nouvelle épidémie
s'est déclenchée dans le district de santé de Makary.
Elle s'est de façon progressive répandue dans tous les districts
de santé de la Région. Au total, les statistiques font
état de 9 426 cas avec 601 décès dans la région. La
majorité des décès surviennent en famille dans la
communauté, c'est-à-dire sans que les malades n'atteignent les
centres de prise en charge pourtant gratuite.
3-1-1-1-4-BILAN DE L'EPIDEMIE DU CHOLERA EN
2010
Le premier cas de la maladie a été
notifié le 06 mai 2010 dans le district de santé de Makary, plus
précisément au Centre de santé intégré de
Ngouma. Selon le chef de service de district de Makary, il s'agit d'un jeune
homme de 25 ans venant du district de santé de Mada et qui avait
séjourné dans un village frontalier du Nigéria,
appelée Kirta Farança où sévissait
l'épidémie. Cette épidémie s'est ensuite
propagée de proche en proche, à cause de la saison des pluies et
de la grande mobilité des populations le long de cette frontière.
Tous les 28 districts de santé de la région ont progressivement
été atteints.
Les figures ci-dessous illustrent l'ampleur de
l'épidémie dans les différents districts de santé
ainsi que la répartition des cas et décès par tranches
d'âge et par sexe.
Cas = 9 373; Etrangers= 168;
Décès = 601; En communauté= 302; Hospitalisé=
14.
Figure n°2 : Description de
l'épidémie et répartition des cas et décès
par district de santé
Source :
Délégation régionale de la Santé Publique
Extrême-Nord, mai 2011
|