La "vie de nuit " dans la ville de Ngaoundéré au Cameroun de 1952 à 2009( Télécharger le fichier original )par Nicolas OWONA NDOUNDA Université de Ngaoundéré Cameroun - Master en histoire 2009 |
IV. LES ACTIONS MENÉES PAR LES AUTORITÉSAvec la destruction de la prison du Lamido et la mise sur pied d'un État Camerounais indépendant, la responsabilité de la sécurité et de la régulation des comportements dans la ville de Ngaoundéré échoient désormais à l'administration. Malgré tout, le Lamido fait de temps en temps recours aux marabouts de sa cour pour retrouver un bandit, ou stopper un comportement déviant (le cas des vols de sexe dans la ville en 2007). Il peut aussi oeuvrer par les conseils qu'il prodigue aux jeunes générations. Mais, pour véritablement mettre fin, sinon freiner les problèmes de la vie de nuit, il faut des actions fortes que seul l'État possède.1. Les autorités traditionnellesIl faut rappeler que sous l'administration coloniale, les pouvoirs des chefs traditionnels ont été considérablement amenuisés. Au cours de la période allant de 1884 à 1959 au Cameroun en général, ils n'étaient devenus que de simples subalternes de l'administration coloniale. Certes, «entre 1916 et 1919, période transitoire au cours de laquelle les troupes franco-anglaises étaient encore engagées dans la première guerre mondiale, leur autorité s'est renforcée davantage »294(*). Mais, « à partir de 1977, l'autorité traditionnelle semble avoir perdu l'essentiel de ses prérogatives à prendre des initiatives et à régler les problèmes cruciaux. À partir de 1990, les populations elles-mêmes, naguère muselées, se sont défoulées, désignant certains laamiibe à la vindicte populaire. »295(*)Ainsi, il apparaît que les autorités traditionnelles ont vu leur pouvoir diminuer avec la colonisation et par la suite, la mise en place de nouvelles structures administratives après l'indépendance après 1960. Mais, dans un contexte social où ils sont encore des leaders d'opinions, il importe de noter que leur action est, selon certains cas, plus énergétique que celle de la police ou des unités administratives. Le Lamido maitrise mieux le terrain et son action n'en est que plus efficace. En 2007, lorsque le Lamido Mohamadou Hayatou (1997- ), fils de Issa Yaya Maïgari, fêtait la 10e année de son accession au trône, un problème se posa dans la ville, celui des ``vol de sexes''. Face à l'incapacité des autorités administratives à mettre fin au phénomène, il a fallu faire recours au lamido qui a plus facilement pu identifier les auteurs de ces délits et y mettre un terme.Des actions similaires sont souvent menées pour retrouver un bandit ou un voleur. Mais, l'action des autorités traditionnelles est aujourd'hui subordonnée à celle des autorités administratives. La prison du lamido ayant été détruite, il n'a plus de pouvoir de coercition sur les populations. Le décret n°77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des chefferies traditionnelles, modifié et complété par le décret n° 82/241 du 24 juin 1982, faisant de l'ensemble des chefs traditionnels des auxiliaires de l'administration centrale, rendent l'action des chefs traditionnels plus limitée. Les populations se tournent donc de plus en plus vers l'administration et la police.* 294 Tassou, A, "Autorité traditionnelles et urbanisation au Nord-Cameroun : Cas de la ville de Mokolo", article en ligne : www.apsatnet.org/africaworkshops/media/tassou20%andré.PDF consulté le 8 novembre 2009. * 295 Ibid. |
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