La "vie de nuit " dans la ville de Ngaoundéré au Cameroun de 1952 à 2009( Télécharger le fichier original )par Nicolas OWONA NDOUNDA Université de Ngaoundéré Cameroun - Master en histoire 2009 |
La nuit est ici un moment de choix parce que c'est l'instant par excellence du dialogue entre l'humain et le divin. Il faut noter que les Fraternels Luthériens prient les yeux fermés, l'explication étant qu'il faut se concentrer et éviter de voir tout ce qui serait susceptible de perturber le dialogue avec Dieu81(*). La nuit est donc plus importante car le calme règne dans la ville, les prières sont donc moins perturbées par des éléments extérieurs. À cela, il faut ajouter la dimension proprement mystique de la nuit qui veut que ce soit un moment de tous les dangers auxquels la prière seule peut nous aider à nous prémunir.- Les veilléesLes veillées diffèrent des soirées de prière en ceci qu'il s'agit de la célébration d'un culte ordinaire comme cela se fait de manière classique le dimanche. Ces célébrations ont lieu lors des fêtes religieuses de Pâques et de Noël ; ainsi que lors des deuils. Comme leurs noms l'indiquent, les veillées se déroulent dans la nuit. Elles peuvent aussi être organisées dans le cadre d'un mariage. Dans ce cas, elle est essentiellement festive et mis en place par les jeunes de la paroisse. Elle est agrémentée de chants et de danses des différentes chorales.Pour les Fraternels Luthériens, la nuit est donc le moment choisi pour la méditation tel que nous l'observions déjà avec les musulmans. C'est aussi le cas avec les catholiques.
Même si ce sont les luthériens qui furent les premiers à s'installer à Ngaoundéré, les missionnaires catholiques n'étaient pas en reste. En juin 1914, le vicaire apostolique pour l'Afrique Centrale, Mgr Geyer reçut la première autorisation de faire un passage à Ngaoundéré, sous la condition de cacher le motif de son voyage qui était de considérer les possibilités de commencer une oeuvre missionnaire dans l'Adamaoua. Mais, cette autorisation n'eut pas de suite à cause de la guerre82(*).Il faut signaler qu'avec les fonctionnaires et travailleurs indigènes sous l'administration coloniale, les catholiques s'installaient peu à peu dans la ville malgré les problèmes qu'ils rencontraient. Pierre Mëbë, diplômé de l'École Normale (École Supérieur des pères Pallotins Einsielden, de Buea, pour la formation des catéchistes), fut moniteur-catéchiste dans la ville de Ngaoundéré en 1923. Il fait état de ces problèmes dans un cahier de souvenirs à l'intention d'Yves Plumey, écrit le 9 avril 1961 :Je trouvais à Ngaoundéré des moniteurs et leurs femmes catholiques, des soldats Yaoundé, Wouté, Sanaga, baptisés à Fernando Poo avec leurs enfants. Je commençais à les réunir le dimanche pour réciter le chapelet. Je traduisais les épîtres et les explications des évangiles dans le livre Goffiné que Monseigneur Vogt m'avait envoyé. Mais tout cela, je le faisais en privé. Heureusement, le Révérend Père Pédron vint de Berbérati pour acheter des boeufs. Je lui avais soumis cette question qu'il nous est défendu de pratiquer publiquement notre religion catholique.83(*)* 81 Entretien avec Daba Daniel, le 29 septembre 2009 à Ngaoundéré. * 82Løde, K., 1990, p.10 * 83Plumey, Y., 1990, pp.74-75 |
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