IX. 2. Méthodes de collecte
des données
IX.2.1. L'observation
participante
Quand on
fait référence à l'École de Chicago, on pense tout
de suite à son innovation méthodologique qui s'approche un peu
plus de la sociologie qualitative : l'observation participante. Il n'est
pas étonnant qu'on retrouve chez les sociologues de Chicago la posture
méthodologique d'obédience interactionniste qui prend en effet
toujours appui sur diverses formes d'observation participante. Patricia et
Peter Adler distinguent 3 grandes catégories de positions de recherche
sur le terrain :
· rôle
« périphérique » : le chercheur est en
contact étroit et prolongé avec les membres du groupe mais ne
participe pas (soit en raison de croyances épistémologiques, soit
parce que moralement il s'interdit de participer aux actions
délinquantes, ou parce que ses propres caractéristiques
démographiques ou socioculturelles l'en empêchent).
· rôle « actif » : le
chercheur prend un rôle plus central dans l'activité
étudiée. Participation active, prend des responsabilités,
se conduit avec les membres du groupe comme un collègue.
· rôle de membre complètement
« immergé » : le chercheur a le même
statut, partage les mêmes vues et les mêmes sentiments, poursuit
les mêmes buts. Fait l'expérience des émotions...
Dans le cadre de notre recherche, nous avons utilisé la
première méthode. En effet, nous nous sommes limité au
seul cas de l'observation sans prendre de part active et ce, à temps
partiel.
Il est abusif d'employer l'expression observation
participante pour le simple fait d'aller sur le terrain. Park insistait
pour que le scientifique observe mais ne participe pas, il recommandait une
attitude détachée. Position qui peut paraître surprenante
si on considère que l'École de Chicago a été le
modèle théorique et méthodologique de l'observation
participante. Park pensait ainsi en réaction au courant dominant
précédent dans la sociologie naissante d'alors :
l'enquête sociale.
L'observation participante est un dispositif particulier de
recherche au sein de l'ethnographie, mais elle implique que le chercheur joue
un rôle pour comprendre de l'intérieur la vision du monde et la
rationalité des actions des êtres qui constituent la
société.
IX.2.2.
Les entretiens et les interviews
Nous avons eu recours aux entretiens semi directifs, qui sont
une des techniques qualitatives les plus fréquemment utilisées.
Ils permettent de centrer le discours des personnes interrogées autour
de différents thèmes définis au préalable par les
enquêteurs et consignés dans un guide d'entretien. Ils peuvent
venir compléter et approfondir des domaines de connaissance
spécifiques liés à l'entretien non directif, que nous
utilisons aussi selon les contextes, et qui se déroule très
librement à partir d'une question. Ainsi, nous avons fait appel aux
services d'un interprète. En effet, le chercheur ne s'exprimant pas en
fulfulde, la communication aurait été impossible. Ce
type d'entretien (semi directif) apporte une richesse et une précision
plus grandes dans les informations recueillies, grâce notamment à
la puissance évocatrice des citations et aux possibilités de
relance et d'interaction dans la communication entre interviewé et
interviewer. Malheureusement, nous avons été confronté aux
réticences des personnes interviewées à donner leurs noms.
Certains, pour préserver leur vie privée, ont
préféré donner uniquement un prénom, dont nous ne
pouvons garantir la fiabilité. Dans l'imagerie populaire, vivre de nuit
c'est faire preuve d'immoralité, nous comprenons donc pourquoi les noms
ne sont pas divulgués. Plusieurs de nos informateurs ont aussi
évoqué le fait qu'ils ne savent pas qui est susceptible de lire
le travail, donc leur vie pourrait être dévoilée.
Nous avons aussi fait usage d'entretiens directifs, avec un
protocole de questions préétablies. Sans pouvoir chiffrer
précisément dans quelles proportions tel jugement ou telle
manière de vivre et de s'approprier quelque chose peut influencer les
projections sociales, l'avantage principal de l'entretien par rapport au
questionnaire, est qu'il révèle souvent l'existence de discours
et de représentations profondément inscrits dans l'esprit des
personnes interrogées et qui ne peuvent que rarement s'exprimer à
travers un questionnaire.
|