VII. PROBLÉMATIQUE
Notre problème naît donc de la contradiction qui
existe dans le rapport entre vie et nuit. Si la nuit est un
moment de quiétude, qu'est-ce qui explique les activités humaines
qui fleurissent au moment même où les hommes sont censés
dormir ? Quel est l'impact économique de ces activités sur
la ville ? Ont-elles un rapport avec les flux migratoires qui ont
marqué l'histoire de Ngaoundéré ? Il est
indéniable qu'elles font partie de notre environnement et font
naître l'idée d'un prolongement de la journée de travail.
De fait, quels types de mouvements pouvons-nous observer de nuit ? Comment
se comportent les populations, avec leurs spécificités
culturelles, dans la nuit et quelle évolution peut-on relever dans ces
activités et dans la conception de la nuit depuis 1952.
VIII. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Notre travail porte sur la vie de nuit dans la ville de
Ngaoundéré depuis 1952. Pour cela, nous étudions d'abord
la représentation que les populations locales se font de la nuit. Il
s'agit des Mboum, des Peuls, et des Gbaya principalement. Cependant, il faut
dire que cette conception varie aussi avec les considérations
religieuses. Avec l'arrivée des Occidentaux, l'idée que ces
peuples ont de la nuit a aussi évolué, passant ainsi d'un
caractère traditionnel à un caractère dit moderne. La
différence entre ces deux aspects est notable dans les activités
qui meublent la nuit. Nous examinons donc le passage de la vie de nuit
vécue traditionnellement à la nuit moderne, transition qui ne
s'est pas effectuée sans heurts.
Dès lors, il nous sera plus aisé de jeter un
regard sur les travailleurs de nuit. On peut les distinguer en deux secteurs
d'activités : le secteur formel et le secteur informel. Dans une
ville comme Ngaoundéré où la situation économique
laisse la place à la débrouillardise, il apparaît que
chaque activité du secteur formel semble avoir son clone dans le secteur
informel, mais avec la même finalité (restaurant dans le secteur
formel, points de vente des beignets et de poissons cuits à la braise
dans le secteur informel par exemple). Notre objectif est donc, à
travers cette recherche, de montrer leur évolution dans la ville de
Ngaoundéré, et comment ils sont vécus aujourd'hui.
Mais, ces activités, expression de la pauvreté
économique qui s'est accentuée dans le pays en
général et dans la ville de Ngaoundéré en
particulier depuis les années 1990, transportent avec elles un ensemble
de problèmes : criminalité, drogue, dépravation des
moeurs entre autres. D'où la nécessité de faire un bilan
de la vie de nuit, en abordant ce qui fait son lien avec la vie de jour et les
perspectives d'avenir, c'est-à-dire voir ce qu'il est indispensable de
faire dans le sens de l'amélioration des conditions de vie dans la
ville.
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