3.1.2 Caractéristiques des
différents acteurs
Les caractéristiques générales des
différents acteurs sont résumées dans le tableau 9
ci-après Tableau 9:
Caractéristiques générales des acteurs
|
Sexe
|
Ethnie
|
Instruction
|
|
M
|
F
|
Tcha
|
Mahi
|
Ifè
|
autres
|
aucun
|
Iaire
|
IIaire
|
Sup
|
autres
|
Pourcentage (%)
|
61,1
|
38,9
|
51,4
|
32,4
|
5,4
|
10,8
|
29,7
|
24.3
|
35,4
|
2,7
|
8,1
|
Iaire : primaire ;
IIaire : secondaire ; Sup :
supérieur
Source : Nos enquêtes,
2004.
L'analyse de ce tableau montre que la présence des
femmes est effective dans le système (39%). Ce sont elles qui sont en
effet prédominantes au niveau de l'activité la plus importante de
la commercialisation des noix de cajou : la collecte primaire.
Deux ethnies prédominent dans la commercialisation des
noix de cajou. Les Mahi (32%) et les Tcha (51%). On pourrait à priori
dire que ce dualisme linguistique a un effet très perceptible sur le
système de commercialisation. Mais le fait que les Tcha sont plus
présents dans leur propre zone de production et les Mahi
également dans la leur suppose qu'au niveau de chaque zone de
production, les interactions ethniques sont quasi absentes dans le
système de commercialisation des noix de cajou.
Par ailleurs, le caractère oligopsone du marché
d'une part, et d'autre part le fait que les grands acheteurs des noix de cajou
soient pour la plupart (dans 83% des cas) de l'ethnie Mahi limitent la
concurrence inter- ethnique. Ces grands acheteurs agissent plutôt sur
l'homogénéité ethnique dans chaque zone de production pour
pouvoir acheter leurs noix de cajou. Des résultats similaires ont
été obtenus par Lutz (1994) qui remarque que les acheteurs
opèrent souvent dans des réseaux d'informations personnels sur le
marché ; et le fonctionnement de ces réseaux est souvent
fondé sur la solidarité et l'homogénéité
ethnique. Le même auteur justifie cette situation par le fait que les
traditions culturelles et le partage d'une même langue maternelle
facilitent l'établissement des contacts entre les membres d'un
même groupe ethnique.
Nonobstant ces remarques, certains acheteurs des noix d'ethnie
Mahi, présents dans la zone des Tcha, parviennent à obtenir la
confiance et l'amitié des autochtones.
L'analyse du tableau 9 montre également que près
du tiers (30%) des acheteurs sont analphabètes et que la durée
moyenne des expériences dans le domaine est de 7 ans. Cette situation
engendre une maîtrise imparfaite du marché, un déficit
d'informations et par conséquent une grande dépendance à
l'égard des personnes pour lesquelles ils opèrent. Ceci ne
favorise guère la mise en place d'organisations professionnelles
d'acheteurs qui investissent leur propre capital dans l'activité. Ce qui
limite la liberté d'action des acheteurs et leur liberté de
décision vis-à-vis, non seulement des grands acheteurs, mais
aussi vis-à-vis des exportateurs qui constituent la principale source de
financement de l'activité.
De tout point de vue, se limiter aux seules commissions comme
rémunération de l'activité est certes rentable ; mais
cette situation ne favorise guère le développement du
marché local et par conséquent la création réelle
de richesse ainsi que la professionnalisation de l'activité.
Dans un tel contexte, l'émergence des groupes
d'acheteurs autonomes et efficaces pourrait donner une nouvelle dynamique et
orientation au processus de commercialisation des noix de cajou dans les
communes de Bantè et de Savalou.
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