2.1.2.6
Commercialisation et système de commercialisation
Ø
Commercialisation
La commercialisation des produits agricoles peut se
définir comme l'accomplissement de toutes les activités
commerciales s'exerçant dans le mouvement des biens et la prestation des
services depuis le point initial de la production agricole jusqu'au stade
ultime où les produits arrivent entre les mains du consommateur (Kohls,
1961).
Fanou Kloubou (1994), en reprenant Sherman et al.
(1987), définit la commercialisation comme l'ensemble des
activités économiques permettant de transférer un bien ou
un service des producteurs aux consommateurs.
Dans notre cas, nous entendons par commercialisation,
l'ensemble des activités commerciales qui s'exercent dans le transfert
des produits agricoles bruts depuis les producteurs jusqu'aux exportateurs ou
aux unités locales de transformation, qu'elles soient artisanales ou
industrielles.
Ø Système de
commercialisation
Le système peut être défini comme un
appareil ou dispositif formé d'éléments agencés de
façon cohérente pour assurer une fonction bien définie. Le
système de commercialisation comprend non seulement les flux des
produits, la gamme des agents, mais aussi les différentes fonctions de
chaque agent pour assurer le transfert du produit. Ce transfert qui n'est pas
automatique exige la mise en oeuvre des moyens de transport et
d'infrastructures de stockage. Dans ce sens, le système de
commercialisation recouvre tous les aspects de la distribution et de la
redistribution des produits.
On définit comme fonctions de commercialisation, les
différentes opérations qui permettent de fournir en des lieux et
des temps requis, aux demandeurs, les produits dont ils ont besoin. On
distingue préférentiellement trois catégories de
fonctions :
- les fonctions d'échange : Elle regroupent la
collecte et la distribution du produit. La collecte concerne l'acquisition des
produits auprès des producteurs ainsi que leur emballage. La
distribution a rapport à l'acheminement des produits rassemblés
vers de nouveaux acquéreurs ;
- les fonctions de facilité : Elles concernent la
normalisation, la provision de l'information et la prise de risque. La
normalisation est la définition d'un système de classification
des produits suivant certains critères de qualité, de forme et de
quantité afin de faciliter leur commercialisation ;
- les fonctions physiques: Il s'agit des fonctions de
transport, de stockage et de transformation.
L'accomplissement de ces différentes fonctions engendre
des sacrifices, des efforts et donc des coûts à la fois
quantitatifs et qualitatifs. Mais il peut également fournir à
d'autres acteurs, des devises et générer ainsi des revenus
substantiels.
Ø Importance de la
commercialisation des produits agricoles
La commercialisation est une activité dont l'importance
a été reconnue par plusieurs auteurs. En général,
à mesure qu'un pays se développe, le « secteur des
services » de son économie s'étend par rapport au
« secteur de la production primaire ». Les ressources
totales consacrées à la commercialisation des produits agricoles
tendent à augmenter plus rapidement que les ressources allouées
à la production de ces produits. Cette tendance s'affirme quand un pays
commence à passer de l'économie de subsistance à
l'économie de marché ou économie monétaire (Abott,
1987).
Or, le développement agricole, comme celui de
l'économie en général, doit être fondé sur
une division du travail en fonctions spécialisées, et la
croissance de l'économie reflète cette spécialisation.
Cette spécialisation doit être progressivement associée
à l'expansion du système de commercialisation et de son aptitude
à transmettre les denrées d'une région et d'une
collectivité à l'autre.
Le développement économique élève
les revenus et permet donc de diversifier le régime alimentaire. Dans ce
contexte, le système de commercialisation doit s'élargir de
façon à fournir une plus grande variété
d'aliments.
Un système efficace de commercialisation ne sert pas
seulement de lien entre le producteur et le consommateur, il apporte aussi une
contribution active et positive au développement. Les entreprises
commerciales s'emploient à accroître leur chiffre d'affaires et
leurs ventes, et les efforts qu'ils déploient en ce sens stimulent
l'activité économique dans le secteur de la production comme dans
celui des services. C'est ainsi qu'en épousant l'idée de Stiglitz
(1989), Loy et Wichern (2000) affirment que la croissance économique des
pays les moins avancés n'est pas principalement liée au manque du
capital physique ou humain, mais plutôt à un manque
d'efficacité du fonctionnement de leur marché.
Un bon réseau commercial stimule la consommation,
contribue aussi à accroître la production en cherchant des
disponibilités supplémentaires.
Si le système de prix fonctionne convenablement, il
incite à satisfaire de plus en plus la demande (des consommateurs) en ce
qui concerne le type, la qualité et le délai de livraison. Ainsi,
la production s'adapte à la demande en réagissant
« aux signaux de prix » émis par le système
de commercialisation.
Akinwumi (1986) avance que la commercialisation des produits
agricoles génère trois utilités principales :
- l'utilité du lieu (Place utility) : Elle est
créée lorsque les produits sont déplacés du lieu de
production vers les lieux où ils sont recherchés. Elle inclut
donc le transport et la distribution spatiale du produit ;
- l'utilité du temps (Time utility) : Les produits
sont stockés pendant une période et rendus disponibles pendant
plusieurs semaines ou mois ;
- l'utilité de la forme (Form utility) : Les
produits sont traités ou transformés en de nouveaux produits pour
tenir compte des goûts et des préférences des
consommateurs.
Selon Singbo (2000), mis à part le fait que la
commercialisation permet de stimuler la recherche sur les techniques de
conservation et de préparation de divers types d'aliments pour
satisfaire aux différents goûts des consommateurs, elle a un
impact sur l'économie nationale : elle stimule le
développement des industries agroalimentaires, crée de nouvelles
opportunités de génération de revenus.
Il paraît donc indispensable de multiplier les
recherches sur le système de commercialisation des produits agricoles
afin d'identifier les moyens et les éléments d'une politique
agricole adéquate étant donné que les connaissances sur
les logiques, les spécificités de chaque zone et les dynamiques
actuelles de ce système demeurent encore très limitées
(Adégbidi, 1996).
Ø Effectivité et
efficacité du système de commercialisation
L'effectivité de la commercialisation examine surtout
la manière dont les fonctions d'échange, de facilité et
les fonctions physiques sont assurées dans la chaîne de
commercialisation (Adégbidi, 1996).
Un marché est efficace si les prix pratiqués
reflètent fidèlement toutes les informations disponibles. Dans ce
cas, tout changement de prix sera perçu comme la conséquence de
nouvelles informations. Singbo (2000) attire notre attention sur Kohls et Uhl
(1985) pour qui l'efficacité de la commercialisation est définie
comme la maximisation du ratio input/output. Les outputs se
réfèrent aux satisfactions procurées par les services
rendus par le système de commercialisation. Les inputs ont plutôt
rapport aux différentes ressources (capital, travail, gestion)
utilisées pour faire fonctionner le système de commercialisation.
De ce fait, un système de commercialisation est
efficace si le total des coûts d'opération est minimisé. On
peut donc dire qu'un système de commercialisation entièrement
efficace est celui qui conduit les biens des producteurs aux consommateurs aux
plus bas prix possibles et en concordance avec la fourniture des services
désirés par les producteurs et les consommateurs (Abbot,
1985).
On distingue deux types d'efficacité :
l'efficacité technique et l'efficacité
économique :
L'efficacité technique concerne la compétence
avec laquelle les opérations sont réalisées sur le
marché. Pour être donc techniquement efficace, un système
de commercialisation devrait utiliser au maximum la meilleure technologie pour
chaque opération commerciale (stockage, emballage, transport, etc.) et
ceci, à des coûts réduits.
L'efficacité économique vise l'obtention du
maximum de résultats donnés avec le minimum de ressources. Et
pour être économiquement efficace, un système de
commercialisation devrait utiliser des méthodes performantes afin de
rendre les opérations plus profitables à moindre coût.
En se fondant sur Von Oppen et Raju (1982), Singbo (2000)
avance que l'efficacité de la commercialisation peut se mesurer de deux
manières :
- l'efficacité des prix : Elle est mesurée
en terme de corrélation des changements de prix du même produit
sur différents marchés. Ces corrélations constituent des
puissants indicateurs du degré d'intégration entre les
marchés dans le temps et dans l'espace. La mesure de corrélation
permet donc de déterminer le degré avec lequel deux ou plusieurs
marchés sont conjointement influencés par les
phénomènes affectant l'offre et la demande ;
- l'efficacité opérationnelle : Elle est
évaluée en terme de coûts et marges de commercialisation.
Selon le même auteur, les travaux de Langyintno (1999)
amènent à dire que la mesure des coûts et des marges de
commercialisation permet d'évaluer le degré d'efficacité
du système commercial. C'est cette dernière mesure que nous avons
utilisée dans cette étude.
Selon Fenn (1979), lorsque le système de
commercialisation est efficace, non seulement il permet aux demandeurs des
produits de les obtenir, mais aussi il apporte une contribution active au
développement.
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