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Problématique du crédit au secteur privé face au défis de la croissance économique en Centrafrique

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par André BONDA
Université de Bangui - Maitrise en science économique 2009
  

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2.2.2 Une Revue des travaux appliqué sur le lien entre développement et

Croissance

Les études empiriques du lien entre développement financier et croissance économique, à partir de données transversales ou en panel sont maintenant nombreuses. Leurs conclusions sont relativement concordantes quand à l'impact positif du développement financier sur les taux d'investissement et sur la productivité du capital et partant sur la croissance.

Cependant, certains auteurs ont commencé à émettre certains doutes quant à la solidité du lien empirique entre le développement financier et la croissance. Ram (1999)36 montre que lorsqu'on utilises des données annuelles dans une majorité des pays en développement, il n'existe pas de relation positive entre l'indicateur du développement financier (actif liquide du PIB) et le taux de croissance du produit par tête mise en lumière ne se vérifie plus lorsque l'on restreint leur échantillon aux seuls pays d'Afrique du Sud du Sahara et d'Amérique latine. Enfin comme le soulignent encore Andresen et Tarp (2003) les études sur les données temporelles pour un pays donné ne mettent pas clairement en lumière une causalité allant du développement financier à la croissance. Il est possible que dans les études sur les données temporelles l'effet négatif de l'instabilité financière cadre avec l'effet positif du développement financier à long terme.

2.2.2.1 Les Indicateurs du niveau de développement financier

Plusieurs indicateurs sont utilisés pour capter le niveau du développement financier. On distingue 2 catégories : d'une part les indicateurs relatifs à la taille et à l'efficacité de l'activité de l'intermédiaire financier, d'autre part, les indicateurs de fonctionnement des marchés boursiers. La 1ere catégorie d'indicateurs est plus pertinente pour les économies en développement (ou les économies d'endettement en général) où les banques commerciales assurent une grande partie de financement externe. Par ailleurs les indicateurs de taille sont les plus « populaires » dans des études empiriques car ils ont l'avantage d'être disponibles pour un large échantillon de pays et sur une longue période contrairement aux indicateurs d'efficacité.

En résumé, on dispose de 3 indicateurs de mesure de taille de l'activité des intermédiaires financiers37 :

- M3/PIB ou actifs liquides/PIB ;

- actifs des banques commerciales/(actifs des banques commerciales + actifs de la Banque Centrale) ou actifs des banques commerciales/ PIB ;

- crédits au secteur privé / PIB.

36 Wajih Khollouli et Slim Tounsi «libéralisation des services financiers et croissance économique : évidence empirique».p.15.

37 Voir Ramona Jimborean « La croissance économique et le développement financier : cas des pays d'Europe orientale ».p.87.

1-

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Les actifs liquides du système financier (monnaie fiduciaire + dette financière des banques et autres institutions financières) en proportion du PIB (mesure par le ratio M3/PIB), il s'agit d'une mesure de la taille globale du secteur financier.

2- le rapport des actifs des banques commerciales sur la somme de leurs actifs et de ceux de la banque centrale indique la part relative des banques commerciales dans l'allocation de l'épargne (ou le ratio des actifs des banques commerciales sur le PIB).

3- les crédits au secteur privé (par les banques et institutions non bancaires) par rapport au PIB mesurent l'activité des intermédiaires financiers sous l'aspect de l'une de leurs principales fonctions : canaliser l'épargne vers les investisseurs.

2.2.2.2 Les études ayant trouvé une relation positive entre le développement financier et la croissance économique

On constate historiquement une relation entre le développement des actifs financiers et le développement de l'économie. L'un des travaux précurseurs est celui de Goldsmith (1969)38 qui a étudié l'évolution financière en longue période (18611963) de 35 économies principalement industrialisées. L'auteur a montré que le développement de ces économies s'est accompagné d'une hausse tendancielle du rapport des actifs financiers au capital réel et en termes de flux, du rapport des émissions d'actifs financiers au PIB. King et Levine (1993) ont surmonté certaines des limites de l'étude de Goldsmith (1969). Les 2 auteurs examinent en coupe transversale le lien entre le développement financier et la croissance sur un échantillon de 77 pays en développement sur la période 1960-1989, en mettant en lumière les canaux de l'accumulation du capital et la productivité des facteurs. Quatre indicateurs de développement financier ont été utilises : l'agrégat monétaire M2 rapporté au PIB, les actifs des banques commerciales divisés par le total des actifs des banques commerciales et de la Banque Centrale, la part des crédits au secteur privé dans le total des crédits intérieurs et la part des crédits au secteur privé dans le PIB. L'hypothèse sous-jacente à ces différents indicateurs est que la taille du système financier est corrélée positivement à la fourniture et à la qualité des services financiers. Les auteurs utilisent également 4 indicateurs de performance économique : le taux de croissance du PIB par tête réel, le taux de croissance du stock de capital, le taux de croissance de la productivité globale des facteurs (calculé en supposant l'élasticité du capital par rapport au produit égal à 0,3) et le taux d'investissement. King et Levine montre que chaque indicateur de développement financier est corrélé positivement à chacun des indicateurs de performance économique à un seuil de significativité de 1 %.

2.2.2.3 La Controverse du sens de la causalité de la relation entre développement financier et croissance

Sur le plan théorique, il existe une controverse dans la littérature économique dans le sens de la causalité de la relation entre le développement financier et la croissance. S'il est admis que le développement financier stimule la croissance (c'est le point de vue de Schumpeter 1912), la croissance économique peut également

38 Citer par Duc Khuang Nguyen : « Libération financière et marchés émergents».

provoquer le développement financier. En effet, les marchés financier et les institutions adéquats peuvent apparaître lorsque le processus de croissance, une demande croissance des services financiers qui induit l'expansion du secteur financier. Patrick (1966)39 propose une autre position selon laquelle la causalité dépendrait du niveau de développement. Selon cette hypothèse, le développement cause la croissance économique dans les 1ers stades de développement, mais cet effet diminue graduellement au cours du processus de développement jusqu'à s'inverser. Dès lors, c'est la demande des services financiers de la part du secteur réel qui provoque le développement financier. Il existe cependant des modèles théoriques qui offrent le compromis de la causalité à double sens de la relation entre le développement financier et la croissance.

2.2.2.4 Le Développement du système bancaire et la croissance économique

Du point de vue empirique, Goldsmith (1969) est l'un des premiers économistes à montrer l'interrelation entre le développement financier et la croissance économique en utilisant les données de 35 pays (développés ou en développement) pour la période de 1960-1963. En mesurant le développement financier par le ratio actif financier total/PIB, il a montré que ce ratio est positivement corrélé avec la croissance économique. Cependant, l'étude n'a pas tenu compte des autres facteurs pouvant affecter la croissance économique. De plus l'étude de King et Levine (1993) portant sur un échantillon de 80 pays (développés et en développement) pour la période 1960-1989 a montré que l'analyse bivariée révèle une forte corrélation positive entre le développement financier et la croissance.

Dans ce chapitre, nous avons tenté de dégager les points pouvant nous permettre de comprendre notre sujet d'une part et de passer en revue théorique et empirique la relation entre le système financier et la croissance économique d'autre part.

Dans notre analyse, nous avons précisé que l'intermédiation financière assure la mobilisation de l'épargne et son affectation aux projets les plus productifs, favorise la gestion des risques et la diversification des actifs, et aussi encourage l'innovation technologique. Ce faisant leur activité stimule la croissance économique à travers l'accumulation de capital, l'augmentation de la productivité global des facteurs et l'intensification des échanges. Cependant le sens de la causalité de la relation demeure incertaine aussi bien sur le plan théorique qu'empirique.

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39 Bertrand Jacquellat «Innovation financière et croissance économique ».p.26.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius