c) Recherche bibliographique
Pour cette étude, je me suis tout d'abord
intéressée à un contexte précis, le « retour
forcé » des Roumains, en Roumanie. C'est en fonction de ce contexte
que j'ai pu définir le cadre conceptuel dans lequel je me suis
située.
Au fil des entretiens que j'ai eu l'occasion de
réaliser, de nouvelles thématiques sont apparues. Pour les
analyser, je n'ai cessé d'enrichir le cadre conceptuel. À cet
égard, Dan Oprescu Zenda m'a beaucoup apporté : il m'a
communiqué divers documents bibliographiques, ainsi que le fruit de ses
propres recherches. L'article : « Another decade, another inclusion...
(A few words on the decade of Roma's inclusion; a personal perspective from
Rumania). »48 s'est révélé
particulièrement pertinent, au regard des informations que j'ai
collectées. Dans cet article, l'auteur démontre que dans le
domaine de l'action sociale, destinée aux Roms, deux théories
dominent : « the social inclusion theory (SIT) » et « the racial
discrimination theory (RDT) ».
Les théories de l'inclusion sociale (SIT) remontent au
XVIIIe siècle. Selon elles, les Roms sont des être humains «
incivilisés », qui peuvent être « domestiqués
» et transformés en « êtres-humains à part
entière », au moyen de différentes techniques. Il est
possible de « capturer » les nomades et de les forcer à se
sédentariser. Il est ainsi nécessaire de leur fournir des
logements, de nouveaux vêtements, des papiers d'identité, parfois
même des noms. D'une manière générale,
l'éducation est considérée comme un élément
clé des théories de l'inclusion sociale. Pour qu'elles
48 Oprescu Zenda D., « Another decade, another inclusion...
(A few words on the decade of Roma's inclusion; a personal perspective from
Rumania) », Studia Univertatis Barbes-Bolyai, Bucarest, 2007, p.
79-90.
22
aient un impact, il est nécessaire que les
organisations porteuses de ces projets coopèrent avec les
autorités, qu'elles soient locales ou centrales. L'auteur explique que
trop souvent, les ONG roumaines partisanes des SIT ne sont que des compagnies
commerciales, à peine déguisées en ONG. Parfois, ces
structures peuvent se retrouver en opposition avec des ONG plus critiques
vis-à-vis des autorités.
Les ONG plus critiques se sont souvent
spécialisées dans la publication de rapports,
dénonçant les discriminations raciales. Romani Criss en est un
exemple intéressant. Lors de la création de cette ONG Rom, son
but était « l'intervention sociale et le développement
communautaire ». Cette organisation s'est récemment
spécialisée dans la lutte contre les discriminations, sous
l'influence du European Roma Rights Center (ERRC). Les
militants pour les droits des Roms les plus radicaux sont des partisans des
théories de la discrimination raciale (RDT). L'origine de ces
théories vient du Bon sauvage, de Jean-Jacques Rousseau. Selon
cette conception les Roms ne sont pas corrompus pas notre civilisation
décadente. Ainsi, s'ils ne sont pas pleinement intégrés,
dans nos sociétés occidentales, la faute en revient aux
discriminations qu'ils subissent, et non à leur mode de vie.
|