1-3-2. Naissance et évolution du royaume
On ne peut véritablement parler du royaume tem du
Tchaoudjo qu'à partir du moment où les autres villages (Tchavadi,
Kadambara, Birini, Komah, Yélivo et Kparatao) se sont réunis
à l'initiative de Tchavadi pour combattre Kpangalam qui avait
monopolisé le pouvoir. D'une part, selon Gayibor1, «
Kpangalam est la première à assumer le pouvoir à la
tête du royaume pendant deux règnes ». D'autre part, il
semble d'après Ouro-Agoro Bodjo2 que Kpangalam aurait fait
plus de deux règnes successifs. Quand Tchavadi fit appel aux autres
villages pour l'aider à reprendre le pouvoir chez leur grand
frère de Kpangalam, les cinq villages se seraient engagés de
participer à ce combat mais à condition qu'ils règnent
à leur tour. Ce qui fut conclu. De ce fait, après la
défaite de Kpangalam, Tchavadi prit le pouvoir. C'est ici que la loi de
la rotation du pouvoir suprême du Tchaoudjo trouve son origine.
Cependant seul Yélivo n'avait pas pu siéger au
poste de souverain du Tchaoudjo pour des raisons que nous
évoquerons dans la deuxième partie sur le conflit Kparatao
-Yélivo3.
Comme nous l'avons évoqué
précédemment, le royaume connut son apogée sous Ouro-Djobo
Boukari de Kparatao. Celui-ci étend son hégémonie sur
toute la région.
A propos de l'extension du royaume, Gayibor4 citant
von Zech rapporte : « Je crois qu'on peut considérer cette
grande région comme une entité, étant donné qu'elle
constitue un même édifice, non seulement sur le plan linguistique,
mais aussi au niveau politique. Le très célèbre Uro Dyabo,
c'est-à-dire le Seigneur ou Roi Dyabo, domine tout le pays temu,
laissant plus ou moins de liberté aux chefs des diverses parties du
pays.
1 - Gayibor NL (ss la dir), 1997, p346.
2 -Entretien avec Ouro-Agoro Bodjo, chef du canton de
Kpangalam, du 18-08-06.
3 -Après Ouro- Koura de Birini, le pouvoir
devait revenir à Yélivo selon la règle de
dévolution du pouvoir royal. Mais Kparatao ravi le pouvoir après
un dur combat contre Yélivo qui dut céder.
4 - Gayibor NL (ss la dir), 1997, p 350
29
Le pouvoir de Dyabo dépasse même le pays temu
et s'étend sur des territoires comme Tchamba, Alibi, une partie du pays
anyanga, où la langue temu n'est pas parlée en tant que langue
maternelle »
L'étendue du royaume dont parle von Zech est
discutable. Comme nous le verrons plus tard, Adam Méatchi a combattu du
côté du royaume mais pas contre celui-ci. Si le Tchaoudjo
englobait Tchamba et Alibi, comment Méatchi pouvait-il combattre Tchamba
au profit de Kri-Kri qui lui fit appel ? Ce qui signifierait que le pouvoir de
Djobo ne s'est, en outre, jamais exercé sur tout le pays tem.
Certes, compte tenu de l'évolution fulgurante que ce royaume connut
à partir de l'accession au trône de Djobo Boukari, on peut penser
raisonnablement que son hégémonie aurait pu s'exercer par la
suite sur l'ensemble du centre du Togo actuel.
C'est sous son règne que le royaume connut
véritablement son apogée.
La migration des Mola donna naissance à deux types de
pouvoirs en pays tem : Le pouvoir suprême du Tchaoudjo et le
pouvoir des villages.
|